Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pologne (suite)

L’industrie légère progresse rapidement. Łódź fournit à peine la moitié de la production (contre 80 p. 100 autrefois) de textiles de coton, et des unités de fibres synthétiques se créent à Wrocław, à Gorzów ; d’autres usines, dans des villes moyennes, traitent le jute du Bangladesh et la laine d’Australie. La Pologne se classe désormais au cinquième rang pour la production de tissus de coton et de laine. Le cuir, avec l’usine géante de Słupsk (3 millions de paires de chaussures par an), permet des exportations à l’Est comme à l’Ouest. L’industrie alimentaire emploie 12 p. 100 de la main-d’œuvre industrielle, mais c’est dans ce domaine que les déficiences restent les plus marquées.

Devenue pays industrialisé, la Pologne doit commencer à réformer un système économique qui était entièrement fondé sur l’industrie lourde. Le mode de formation des prix dans chaque entreprise, une plus grande souplesse à l’égard du plan, les possibilités de croissance de la productivité, l’importance des branches dites « légères », la possibilité de commercer directement à l’étranger, l’appel à des firmes renommées d’Europe occidentale, l’orientation plus marquée vers les pays sous-développés devraient rapprocher l’économie polonaise de celle de la Hongrie. L’appel aux touristes occidentaux, les facilités accordées aux industries de la mode doivent, malgré la position géographique et stratégique très délicate du pays, en faire un grand pays moderne d’Europe.

Les accords commerciaux avec l’Ouest n’ont pas sensiblement progressé, car la Pologne se trouve dans l’orbite de l’U. R. S. S. et du Comecon, mais la valeur de la production industrielle nationale s’est accrue : elle représente plus de la moitié du revenu national. Malgré les troubles et les insatisfactions, elle semble peu à peu trouver une voie internationale qui la rapprochera de l’Europe entière.

A. B.

➙ Cracovie / Gdańsk / Łódź / Poznań / Silésie / Szczecin / Varsovie / Wrocław.

 P. George et J. Tricart, l’Europe centrale (P. U. F., 1954 ; 2 vol.). / La Constitution de la République populaire de Pologne (trad. du pol., Éd. Polonia, Varsovie, 1965). / J. C. Fisher, City and Regional Planning in Poland (Ithaca, N. Y., 1966). / A. Blanc, P. George et H. Smotkine, les Républiques socialistes d’Europe centrale (P. U. F., coll. « Magellan », 1967 ; 2e éd., 1974). / G. Zdziechowski, l’Évolution économique et culturelle des territoires du nord et de l’ouest de la Pologne (la Documentation française, « Notes et études documentaires », 1968). / Pologne. Réalités et problèmes (trad. du pol., Varsovie, 1968). / T. Wyrwa, la Gestion de l’entreprise socialiste. L’expérience polonaise (L. G. D. J., 1970). / L’Économie polonaise (Droz, Genève, 1970). / J. Ostaszewski, Modern Poland between East and West (Londres, 1971). / Pologne. Chiffres, faits (Interpress, Varsovie, 1971). / J. Tepicht, Marxisme et agriculture. Le paysan polonais (A. Colin, 1973). / A. Blanc, l’Europe socialiste (P. U. F., 1974).


La littérature polonaise


Du xiie au xviiie s.

La littérature de l’ancienne Pologne s’incarne, du xiie au xviiie s., dans trois grands moments : le Moyen Âge, la Renaissance et le baroque.

Le Moyen Âge polonais (xiie-xve s.) a plusieurs traits communs avec les tendances qui se manifestent ailleurs en Europe. Le premier texte littéraire, les Chroniques de Gallus l’Anonyme, en latin, date de 1113-1115 ; au xiiie s. paraissent les Chroniques de Wincenty Kadłubek, évêque de Cracovie ; au xive, celles de Janko de Czarnków ; au xve s., les Annales de Jan Długosz, qui, également rédigées en latin, tentent une synthèse de l’histoire de la Pologne. Les débuts de la poésie — chants d’église, poèmes épiques et satires — datent du xiiie s.

Les plus anciens monuments de la littérature proprement polonaise sont, en prose, un recueil de sermons, Kazania Świętokrzyskie (xive s.), et, en poésie, un chant religieux, Hymne à la Mère de Dieu (Bogurodzica, fin du xiiie s.). Le siècle suivant voit l’épanouissement de la culture polonaise : ses origines remontent au règne de Casimir III le Grand, qui, en 1364, fonde l’université de Cracovie.

La Renaissance (1520-1620) se répand en Pologne grâce à la cour des Jagellons et à l’université de Cracovie. Si le latin reste la langue des ouvrages scientifiques (Marcin Kromer, Copernic) et panégyriques (Andrzej Krzycki, Jan Dantyszek), des élégies et des épigrammes (Klemens Janicki), Stanisław Gąsiorek compose des poèmes en polonais. Mais c’est Mikołaj Rej (1505-1569) qui fonde la littérature nationale, par son œuvre didactique, sociale et politique (Court débat entre un seigneur, un maire et un curé, 1543 ; le Miroir de tous les états, 1568). Marcin Bielski rédige le premier essai d’histoire universelle, et Łukasz Górnicki adapte Baldassare Castiglione dans son traité le Courtisan polonais (1566). Les publicistes Andrzej Frycz Modrzewski (1503-1572) et Stanisław Orzechowski (1513-1566) soulèvent les grandes questions sociales, politiques et religieuses. Piotr Skarga (1536-1612), prédicateur à la cour, prêche le pouvoir absolu et la suprématie de l’Église (Vies de saints, 1579 ; Sermons à la diète, 1597).

Jan Kochanowski* (1530-1584), le plus grand poète polonais jusqu’à l’époque romantique, crée une œuvre lyrique d’une rare beauté dont les Thrènes (1580) sont le chef-d’œuvre. Mais si Szymon Szymonowic et Sebastian Fabian Klonowic comptent parmi ses disciples, la poésie de Mikołaj Sęp Szarzyński annonce déjà une nouvelle sensibilité.

La période suivante, celle du baroque (1620-1763), est marquée par les invasions et les guerres menées contre l’Orient musulman, Moscou et la Suède. Les ouvrages historiques et épiques abondent, jusqu’aux célèbres Mémoires de Jan Chryzostom Pasek (1636-1701). La poésie chante les exploits guerriers (Zbigniew Morsztyn, Wespazjan Kochowski et surtout Wacław Potocki [1621-1696], dont la Guerre de Chocim est le plus grand poème épique du siècle) ou peint la vie et les mœurs de la petite noblesse (satires de Krzysztof Opaliński). La poésie de cour, d’origine italienne et espagnole, lyrique, précieuse et raffinée, est alors très à la mode (Szymon Zimorowic, Maciej Kazimierz Sarbiewski, Jan Andrzej Morsztyn) ; à côté d’elle apparaît la veine burlesque : poèmes, contes, satires, tous influencés par le personnage d’Eulenspiegel. Bien moins caractéristiques de la vitalité littéraire de cette époque sont les textes remaniés de la Bible et quelques longs romans fort médiocres.