Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pologne (suite)

Il en résulte, plus qu’ailleurs, un pourcentage important de formes d’agriculture partielle, un nombre croissant d’ouvriers-paysans, surtout dans les régions industrielles qui ne laissent pas, comme dans l’Europe occidentale, leurs lopins en jachère : il y a très peu de friches sociales dans le pays. Il reste aussi que certains districts, d’ancien assolement triennal ou de finage de colonisation (Białystok), gardent une productivité insuffisante, tandis qu’en Silésie les types d’agriculture sont plus évolués. L’égalisation d’une organisation régionale est à l’ordre du jour et pourra être résolue par l’emploi intensif d’engrais chimiques. De toute façon, l’attachement du paysan polonais à ses traditions interdit des mesures brutales et trop contraignantes.


L’industrie

La Pologne est par excellence le pays des industries extractives. Avec une production de 172 Mt de houille (quatrième rang dans le monde), le charbon constitue d’ailleurs un facteur de déséquilibre, puisque plus de 95 p. 100 de l’énergie électrique sont fournis par les centrales thermiques (les usines hydrauliques de la haute Vistule et des affluents des Carpates et des Sudètes n’ayant qu’une importance réduite). En revanche, il est le moteur de l’industrie : 75 p. 100 de l’acier polonais sont produits par le district houiller de Katowice. La Pologne est le premier exportateur européen de houille de haute qualité. Ses réserves sont très importantes : plus de 85 milliards de tonnes.

La production de la houille est relayée par celle du lignite, alimentant sur place des centrales thermiques géantes (Turoszów) notamment à Konin, où il affleure dans les bassins tertiaires voilés par les dépôts morainiques : les réserves se monteraient à un milliard de tonnes, et chaque année on découvre de nouveaux gisements. La production de gaz naturel s’est considérablement accrue.

Les autres ressources minérales ont une grande importance. La Pologne est l’un des tout premiers pays européens de production de métaux non ferreux, en premier lieu de plomb et de zinc. Elle recèle du minerai de cuivre dans la région de Lublin (malheureusement ici à faible teneur) et en basse Silésie (près de Głogów et de Legnica). Elle possède du nickel et de l’arsenic. Elle commence à s’équiper en fonderies et elle devient exportatrice de plomb et de zinc raffinés. Elle manque de bauxite, mais en achète en U. R. S. S. et en Hongrie, et la production d’aluminium n’est pas négligeable. Le minerai de fer ne couvre que le tiers des besoins, et il faut faire appel à celui de Krivoï-Rog (U. R. S. S.) et à la Suède pour compléter la satisfaction de ceux-ci.

Il faut ajouter, à cette gamme, des minerais chimiques : le baryum de Boguszów, les phosphates au sud de Radom, le sel gemme du fameux gisement de Wieliczka et de plus en plus le soufre, découvert en grandes quantités dans le triangle Cracovie-Kielce-Sandomierz, à tel point que la Pologne a commandé à l’étranger des cargos pour l’exportation de ce minerai chimique, dont la production sera trop élevée pour elle seule. On comprend ainsi que se soient développés les industries chimiques primaires, le ciment, la verrerie et l’optique, les industries dispersées du grès, du marbre, du kaolin (céramique), du plâtre. On conçoit mieux encore l’importance d’industries plus complexes telles que celles de l’acide sulfurique, des engrais azotés et de l’ammoniac, les industries plastiques et pharmaceutiques.

La sidérurgie représente la deuxième branche de l’industrie (15 p. 100 de la production nationale) : industrie lourde classique et hauts fourneaux de Silésie, aciérie électrique dans la banlieue de Varsovie, combinat de Nowa Huta, qui reçoit son coke de Silésie et son fer de Russie et, avec plus de 5 Mt, assure près de la moitié de la production globale. Les autorités se refusant à surcharger la Silésie, toutes les branches de l’industrie de transformation (tracteurs, matériel roulant, mécanique de précision) ont été décentralisées dans la plupart des grandes villes. C’est ainsi que se sont développés des centres de métallurgie de transformation à l’ouest de Cracovie, au sud-est, dans la région de Bielsko-Biała, dans la ville d’Opole et dans les agglomérations industrielles proches de la R. D. A. Varsovie reste le second centre industriel (320 000 salariés), en grande partie grâce à ses industries métallurgiques ; Łódź emploie 280 000 salariés, Poznań et Wrocław, plus de 100 000. Il faut ajouter le début difficile de l’industrialisation d’Elblag (turbines et chaudières).

La carbochimie a longtemps représenté la troisième branche industrielle. Vingt énormes combinats assurent les deux tiers de la production, en particulier Oświęcim, Janikowo (soude), Tarchomin et Dębica (pneumatiques).

Mais la Pologne manque de pétrole, et c’est là un important problème pour l’avenir. Elle est traversée par l’oléoduc Amitié qui vient du Second-Bakou, alimentant la raffinerie du Płock, sur la Vistule, au nord de Varsovie, d’une capacité actuelle de l’ordre de 5-6 Mt, avant d’être prolongé vers Schwedt an der Oder et sur Leuna (en R. D. A.). Mais les Russes ne sont plus en mesure de fournir la totalité d’une consommation grandissante de pétrole. C’est pourquoi on envisage, avec la collaboration d’une firme anglaise, la construction d’un terminal à Gdańsk, d’où le brut serait acheminé vers Płock, qui deviendrait un grand centre de pétrochimie. On prévoit d’autres créations spectaculaires. En attendant, la production de matières plastiques, de fibres et de caoutchouc synthétiques s’accroît, de même celle des engrais chimiques et des produits pharmaceutiques. On envisage dès à présent la construction d’une raffinerie d’une capacité de 3 Mt près de Częstochowa.

La Pologne est devenue un grand pays maritime, exportant une large partie de sa production, dont 90 p. 100 encore vers l’U. R. S. S. Elle est le sixième exportateur mondial de navires. En vingt ans, elle a construit des bateaux de pêche et des cargos d’une capacité de 4 Mt. Les chantiers les plus actifs se situent à Gdańsk (chantiers « Lénine », « Commune de Paris »), qui doit construire les plus gros cargos, jusqu’à 150 000 tonneaux ; à Szczecin enfin, où sont construits des cargos spécialisés et des bateaux de pêche.