Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pollution (suite)

Les émissions polluantes

Les principales sources de pollution atmosphérique peuvent être regroupées en trois catégories : la pollution due aux procédés industriels ; la pollution due à la combustion ; la pollution due aux véhicules.

Il s’y ajoute une quatrième catégorie regroupant des activités diverses mal définies.

• La pollution due aux procédés industriels. L’activité industrielle crée des polluants très variés : ceux-ci sont constitués, de façon générale, des produits faisant l’objet d’une fabrication, ou des produits primaires ou intermédiaires de cette fabrication, ou encore des produits de décomposition des produits précités. Ces émissions peuvent être continues ou discontinues.

À titre d’exemple, citons :
— les usines sidérurgiques, qui émettent dans la plupart des ateliers des poussières — suivant les cas, de coke, de cendre, d’oxydes de fer (fumées rousses) — et des produits odorants, des vapeurs, etc. ;
— l’électrolyse ignée de l’aluminium, source d’émission de poussières, de goudrons et surtout de fluorures provenant de la décomposition de la cryolithe utilisée comme fondant ;
— l’industrie chimique, qui émet les polluants les plus variés ; ainsi le dioxyde de soufre (SO2) et l’anhydride sulfurique (SO3) dans la fabrication d’acide sulfurique, les oxydes d’azote dans la fabrication d’acide nitrique, les fluorures dans la fabrication de superphosphates, etc. ;
— les cimenteries, qui émettent des poussières à chacun des stades de la fabrication, depuis des poussières crues jusqu’à des poussières de ciment ;
— les raffineries de pétrole, qui émettent surtout du dioxyde de soufre provenant de la combustion et du traitement de certains produits ainsi que des substances malodorantes provenant des stockages et de certains procédés de fabrication ;
— les usines de pâte à papier, principalement connues pour être une cause importante de la pollution des eaux, mais qui sont également la source d’émission dans l’atmosphère de dioxyde de soufre et surtout d’hydrogène sulfuré et de mercaptans, produits malodorants même lorsqu’ils sont à des concentrations infinitésimales ;
— les usines d’incinération d’ordures ménagères, qu’on peut assimiler à des installations industrielles et qui émettent essentiellement des poussières et des polluants gazeux à des teneurs relativement faibles (en particulier dioxyde de soufre et gaz chlorhydrique) ;
— les briqueteries-tuileries, qui sont une source importante de fluorures.

• La pollution due à la combustion. Provoquée par les combustibles solides, liquides ou gazeux, qu’utilisent les foyers domestiques ou industriels, elle est constituée essentiellement d’émissions de dioxyde de soufre, d’oxydes d’azote, de monoxyde de carbone (CO) et de particules.

Le polluant qui caractérise véritablement la combustion est le dioxyde de soufre qui provient de la combustion du soufre contenu dans les combustibles. Comme les techniques de désulfuration commencent seulement à faire l’objet de réalisations, pratiquement tout le soufre contenu dans les combustibles utilisés est actuellement rejeté dans l’atmosphère.

La combustion est également l’origine d’émissions, pour l’instant quantitativement mal connues, d’oxydes d’azote provenant de la réaction de l’oxygène et de l’azote de l’air.

Les combustibles émettent globalement des quantités de monoxyde de carbone qui sont très faibles par rapport à celles qui sont rejetées par les automobiles ; la source principale est constituée par les poêles à charbon.

Les particules émises sont d’une part les cendres volantes provenant de la combustion du charbon, d’autre part des imbrûlés solides. La combustion des produits pétroliers provoque la formation de fines particules d’imbrûlés ; une partie est évacuée dans les gaz de combustion où elle peut s’imprégner d’acide sulfurique et s’agglomérer pour former des fumerons ; le reste se dépose sur les différentes parties de l’installation et est évacué de façon plus ou moins brutale lors des ramonages.

• La pollution due aux véhicules automobiles. Il s’agit principalement d’une pollution par le monoxyde de carbone, mais les oxydes d’azote, les hydrocarbures imbrûlés, les particules, les sels de plomb contenus dans les gaz d’échappement, les hydrocarbures évaporés et les particules d’amiante provenant des dispositifs de freinage y contribuent également.

• Pollutions d’origines diverses. À ces trois catégories s’ajoute la pollution due à des origines diverses plus ou moins définies, plus ou moins inéluctables, et dont les effets sont variés :
— le brûlage de déchets en dehors des installations prévues à cet effet ; il peut s’agir aussi bien d’ordures ménagères en décharge prenant feu spontanément ou mises à feu délibérément que de déchets brûlés volontairement en plein air, faute de solution meilleure, comme c’est le cas pour les déchets de caoutchouc chez les fabricants de pneumatiques ; ce type de combustion particulièrement nocive produit de nombreux polluants et notamment des benzopyrènes ;
— l’envol sous l’effet du vent de produits entreposés sans précaution particulière ou de poussières naturelles ;
— les émissions dues à des phénomènes naturels, tels que le volcanisme, ainsi que les émissions de l’azote, du chlore et du soufre provenant de la mer et de phénomènes atmosphériques.


La pollution dans l’air ambiant

• La dispersion
Les substances polluantes émises dans l’atmosphère s’y dispersent en fonction de divers paramètres caractérisant notamment l’état de l’atmosphère (direction et vitesse du vent, température, etc.) et les conditions d’émission (vitesse, température, concentration, hauteur par rapport au niveau du sol, etc.). Elles peuvent en outre être le siège de transformations chimiques dans l’atmosphère ou par contact avec le sol.

En définitive, elles se traduisent schématiquement par des effets locaux, des effets régionaux et des effets planétaires.

• Les effets de la pollution dans l’air ambiant

A. Effets locaux. Au niveau local, la pollution peut se traduire par des atteintes à la santé ou au confort de la population ou par des dégradations de la végétation et des matériaux.