Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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pollution (suite)

La pollution des eaux


Pollution des lacs et des cours d’eau

Elle est due à des déversements inconsidérés d’eaux résiduaires (eaux d’égout non épurées, eaux industrielles). Les eaux industrielles déversées par les industries agricoles et alimentaires (eaux d’abattoirs, de laiteries, de fromageries, de brasseries, etc.) sont particulièrement polluantes, mais moins que les eaux de certaines usines utilisant des détergents non biodégradables (v. eau). Si la pollution accidentelle est très spectaculaire (la catastrophe du Rhin en 1969 par déversement accidentel d’un pesticide foudroyant, l’Endosulfant, qui a tué les poissons par millions et dont la nocivité s’est propagée en une notable partie de la Hollande, en est un exemple), ce sont les déversements permanents qui constituent un mal endémique.


Pollution des nappes souterraines

Malgré le rôle d’épuration joué par l’infiltration à travers les couches de sol, on doit constater la pollution progressive des eaux de nappes aquifères, sans parler des nappes phréatiques, qui sont toutes en état de pollution intense. Les sources profondes des Pays-Bas, de Belgique et même de la région de Munich, dont la qualité des eaux permettait naguère d’obtenir des bières réputées, sont à présent tellement polluées qu’il devient nécessaire de les traiter avant usage.


Pollution des eaux potables

Le traitement des eaux les rend claires et limpides, absolument exemptes de microbes pathogènes. Cependant, tous les germes ne sont pas tués, et un certain nombre de virus résistent aux traitements par le chlore ou par l’ozone. Le plus grave est l’absence de méthode sûre pour débarrasser des détergents les eaux livrées à la consommation, en particulier des détergents à mousse, non biodégradables. (V. eau.)

M. D.


La pollution atmosphérique par la radioactivité

L’air peut être considéré comme étant pollué « lorsque la présence d’une substance étrangère ou une variation importante dans la proportion de ses constituants est susceptible de provoquer un effet nuisible [...] ou de créer une gêne » (P. Chovin et A. Roussel). Cette définition tient compte, tout à la fois, de la pollution naturelle (radioactivité* naturelle) et des concentrations polluantes émanant de l’activité humaine.


La radioactivité naturelle

Le sol contient du radium, du thorium, de l’actinium, qui sont des matières radioactives. L’émanation du radium, le radon, est un gaz de l’atmosphère qui diffuse partout avec facilité. Le thorium donne le thoron. Or, à côté du radon, du thoron, etc., l’air contient aussi des aérosols radioactifs provenant de la désintégration de ces gaz. Le radon prend naissance en milieu cristallin et se dégage de la surface immédiate de la roche. En montagne, selon les conditions de température, il émane tantôt des sommets, tantôt de la base des massifs. Les régions cristallines, englacées (Groenland) se manifestent par une très faible radioactivité. C’est qu’il y a comblement par les glaces fossiles des fissures du sol facilitant les émanations.

Les effets de la radioactivité naturelle (c’est-à-dire la présence polluante) ne se localisent pas sur les seuls lieux d’émission. L’action des vents, le déplacement des masses d’air peuvent imposer des concentrations en radon hors de ces derniers, qui voient alors leur teneur décroître. En Europe occidentale, cette teneur tombe à de faibles valeurs par prédominance des vents océaniques, tandis qu’elle augmente dès que les flux arrivent de l’intérieur continental, assorti de massifs montagneux cristallins. La concentration radioactive naturelle peut être sévère. En air libre, les teneurs en radon varient de 10–13 à 10–10 curie par litre d’air. Cette dernière valeur est susceptible de provoquer des troubles chez l’homme (modification de la formule sanguine).


La radioactivité artificielle

Elle résulte de la présence dans l’air d’aérosols radioactifs et de produits de fission. Ses deux sources fondamentales sont fournies par les usines nucléaires (centrales nucléaires) et par les explosions de bombes atomiques. Ces dernières ont représenté (et représentent éventuellement encore) les sources majeures de la radioactivité artificielle de l’atmosphère. Les produits résultant des explosions (aériennes) sont émis à de très hautes températures. Il s’ensuit une puissante ascendance qui se manifeste jusqu’à la stratosphère. Celle-ci devient par conséquent un réceptacle de matières radioactives, qui sont ensuite diffusées en fonction du dynamisme des flux stratosphériques. La diffusion peut être très rapide au-dessus du lieu de l’explosion, les vents de l’ordre de 300 à 400 km/h n’étant pas rares dans la stratosphère. Les effets lointains d’une explosion se manifestent cependant, en général, assez longtemps après (voir infra) dans les couches stratosphériques de superficie et au niveau du sol. C’est que les éléments radioactifs sont « piégés » dans la stratosphère, du fait de la présence de la tropopause. Celle-ci rend en effet difficile la retombée des produits de la pollution. Il apparaît donc que la présence des polluants radioactifs artificiels dépend, par-delà leur lieu d’émission, de leur transfert et de leur blocage provisoire en haute atmosphère. Or, niveau de transfert et degré de blocage dépendent des conditions du temps au lieu de l’explosion, de l’évolution du temps dans les jours et les semaines qui suivent, plus ou moins loin de ce lieu, et aussi de la technologie (énergie mobilisée ; type de l’explosion [surface ou altitude]). Les nuages des bombes de petite ou moyenne puissance (kilotonne) ne dépassent pas la tropopause ; ceux des bombes très puissantes (mégatonne) passent rapidement dans la stratosphère. Par ailleurs, si les explosions de surface imposent une importante pollution locale, celles d’altitude minimisent la radioactivité locale, mais polluent la haute troposphère et la stratosphère. C’est alors que se pose le problème des retombées*.

P. P.


La pollution de l’air par les substances chimiques