Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Poitou-Charentes (suite)

Relief et réseau hydrographique s’organisent en fonction du seuil du Poitou. De Saint-Maixent à Ruffec et à Confolens, celui-ci est un large ensellement de plateaux calcaires jurassiques entre les avancées du Massif armoricain (Gâtine vendéenne) au nord et du Massif central (Confolentais) au sud-est. Quelques reliefs ainsi que les cours d’eau s’y disposent selon les directions principales N.-O. - S.-E. (direction armoricaine) : ainsi le cours supérieur du Clain et de la Charente ou les collines de Montalembert au nord de Ruffec. Au nord, la Gartempe, la Vienne et le Clain enfoncent leurs vallées au milieu de plateaux le plus souvent monotones et recouverts de formations siliceuses tertiaires venues du Massif central ; un léger talus curviligne de Châtellerault à Neuville-de-Poitou et à Mirebeau souligne dans le nord de la Vienne l’extrême avancée des plateaux tourangeaux.

Bien plus variés sont les pays charentais. À l’est de la moyenne Charente, l’Angoumois montre des plateaux calcaires dont les rebords abrupts sont limités par des failles (forêt de la Braconne) et dans lesquels la circulation souterraine des eaux est active (karst de La Rochefoucauld avec les pertes du Bandiat et de la Tardoire). En Saintonge s’imbriquent étroitement des dépressions au modelé doux, évidées dans les calcaires (les campagnes) et des fragments de plateaux (les bois). Vers l’ouest, le relief s’adoucit pour former la basse plaine calcaire d’Aunis, qui domine elle-même de quelques mètres les formations alluviales des marais : marais mouillé à l’aspect bocager (à l’ouest de Niort, la « Venise verte »), marais desséché (région de Marans), marais gâts, qui sont d’anciens marais salants. Au nord, le Marais poitevin accompagne la Sèvre Niortaise ; au sud sont les marais de Rochefort (sur la basse Charente) et de la Seudre. Dans le prolongement des grandes directions structurales sont les grandes îles, Ré et Oléron.

La Région s’étend par ailleurs sur l’extrémité occidentale du Limousin et sur le sud-est du Massif armoricain. Traversés par la profonde vallée de la Vienne, les plateaux du Confolentais prolongent vers l’est le pays calcaire de La Rochefoucauld. Au nord, la Gâtine de Parthenay domine de larges plateaux moins élevés, qui s’étendent entre Parthenay, Bressuire et Thouars.


Les hommes et leurs activités

De 1962 à 1968, l’accroissement de population a été proche de 5 000 unités. Le niveau atteint est un peu en retrait de celui du milieu du siècle dernier, mais guère plus qu’au creux de la vague démographique enregistré en 1931. Depuis 1962, le rythme annuel de croissance est inférieur à 8 p. 1 000 par an, c’est-à-dire moins que la moyenne française. Une natalité faible (15 p. 1 000 en 1968) et une mortalité relativement élevée (11,5 p. 1 000 en 1968) ne laissent qu’un excédent annuel de 6 000 unités. Par ailleurs, le bilan migratoire est légèrement négatif : de 1962 à 1968, 133 000 personnes ont quitté la Région et 102 000 y sont arrivées.

Les densités rurales restent fortes dans les Deux-Sèvres, la région de Poitiers, en Aunis, en Saintonge et dans les îles. Aussi, malgré l’exode, plus de la moitié de la population vit-elle dans les campagnes. Les ruraux sont en majorité (58 p. 100) dans les Deux-Sèvres. Leur proportion est moindre ailleurs (55 p. 100 dans la Charente et 51 p. 100 dans la Charente-Maritime). La population urbaine l’emporte dans la Vienne. Assez peu urbanisée, la Région n’a pas de très grandes villes : les principales agglomérations, Poitiers, Angoulême et La Rochelle, ne dépassent guère 100 000 habitants.

Sur une superficie totale de 2 579 000 ha, 1 963 000 sont consacrés à l’agriculture. Sur ce total, 1 290 000 sont en labours (dont 592 000 consacrés aux céréales), 563 000 toujours couchés en herbe et 110 000 plantés en vignes. Enfin, 388 000 ha sont en bois. La transition se fait insensiblement, au point de vue agraire, entre la France du Nord et du Sud. L’herbe règne, dans un paysage de bocage, sur les hauteurs de la Gâtine (bovins) et du Confolentais (bovins et ovins). En haut Poitou, les brandes incultes et hantées autrefois par les loups, qui occupaient 350 000 ha au milieu du xixe s., ne couvrent plus que 10 000 ha aujourd’hui : cultures et prairies y alternent dans la région de Montmorillon, tournée en partie vers l’élevage des chèvres (fabrication de fromage). Céréales, prairies artificielles et herbages se partagent les campagnes entre Niort, La Rochelle et Saint-Jean-d’Angély. Au sud de la Charente, la vigne tient une place de choix ; les bois sont plus étendus sur les confins orientaux (Angoumois) et méridionaux (Double saintongeaise).

Au total, en 1968 ont été produits 9,5 Mq de blé, 5,7 d’orge et 2,5 de maïs. Mais le pays tire une plus grande renommée du vignoble, qui a donné 5 Mhl en 1969. Dans une aire qui s’identifie à peu près avec la Charente et la Charente-Maritime est récolté un vin blanc qui, distillé, donne le cognac, dont le vieillissement est assuré par de puissantes maisons de Cognac et de Jarnac (les deux tiers de la production sont vendus à l’étranger). Fondamental aussi est l’élevage (1 152 000 bovins et 1 040 000 ovins). Celui-ci est tourné essentiellement vers la production de viande dans la Gâtine vendéenne et sur les confins du Limousin, deux régions où les foires restent très actives (Parthenay, Saint-Maixent). Il est orienté vers la production de lait, collecté et transformé par des coopératives (dont les premières sont apparues au lendemain de la guerre de 1870), dans la partie occidentale des Charentes, le sud des Deux-Sèvres et la région de Poitiers.

La Région Poitou-Charentes est faiblement industrialisée. En 1968, on y recensa 167 000 personnes travaillant dans l’industrie, dont 56 000 dans le bâtiment et les travaux publics. Les conditions ne sont guère favorables à l’industrialisation, du fait de la faiblesse des ressources minières et énergétiques. Exception faite des activités liées à l’agriculture (distilleries, laiteries), installées dans les campagnes, l’industrie se répartit à proximité des villes les mieux desservies par les moyens de communication : voies ferrées de Paris à Bordeaux et ports. À l’est, elle anime Angoulême (papeterie), ses faubourgs et sa banlieue (Fonderie nationale de Ruelle, moteurs électriques, cimenterie). Une petite région industrielle aux activités variées (en fait surtout la métallurgie de transformation), avec des usines urbaines et rurales, s’est constituée entre Poitiers et Châtellerault. Chimie et métallurgie sont installées dans les ports.