Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Poitou-Charentes (suite)

Outre l’industrie, les activités humaines sont très variées sur le littoral. La Rochelle est à la fois un des principaux ports de pêche français (18 000 t) et un port de commerce ; Rochefort est, par contre, bien déchu. Les riverains tirent des revenus de l’élevage des moules (baie de l’Aiguillon) et des huîtres (Seudre et Oléron). De grandes stations touristiques se sont développées sur la côte (Royan), et les îles accueillent un nombre croissant d’estivants.

Fortement rurale et faiblement industrialisée, la Région Poitou-Charentes montre aujourd’hui des secteurs dynamiques (vallée du Clain, côte, Niort, Angoulême) et de vastes espaces plus léthargiques. Exception faite de sa partie orientale, traversée par l’axe Paris-Bordeaux, elle n’est pas desservie par des voies de communication d’intérêt national. On comprend l’âpreté de la lutte pour définir le tracé de l’autoroute entre Poitiers et Bordeaux.

S. L.

➙ Angoulême / Charente / Charente-Maritime / Cognac / Niort / Poitiers / Rochelle (La) / Sèvres (Deux-) / Vienne (départ. de la).

 La Région Poitou-Charentes (la Documentation fr., « Notes et études documentaires », 1970). / J. Pinard, les Industries du Poitou et des Charentes (S. F. I. L. et Impr. M. Texier, Poitiers, 1972).

Po Kiu-yi

En pinyin Bo Juyi ou Bai Juyi, poète chinois (Xinzheng [Hsin-tcheng] 772 - Luoyang [Lo-yang] 846). Bai Juyi, également connu sous le nom de Bai Letian (Pai Lo-t’ien), est un des trois grands poètes de la dynastie Tang (T’ang).


Né dans le Henan (Ho-nan) d’une famille de fonctionnaires intègres et pauvres, il monte à dix-sept ans à la capitale passer des examens et présenter ses premiers poèmes. À vingt-huit ans, il est reçu docteur, le plus jeune de sa promotion. Il passe ensuite dix-neuf ans à Chang’an (Tch’ang-ngan), la capitale, dans divers postes de l’Administration centrale. Il se lie d’une solide amitié avec Yuan Zhen (Yuan Tchen), et lutte avec lui pour ses opinions littéraires et politiques de confucianiste convaincu. Alors qu’il occupe la haute charge de censeur, Bai Juyi n’hésite pas à stigmatiser de vive voix et par écrit les abus du pouvoir et des puissants. Son attitude intransigeante lui vaut finalement l’exil à Jiangzhou (Tsiang-tcheou), où il passe trois ans à composer de beaux poèmes. Nommé ensuite préfet au Sichuan (Sseu-tch’ouan), il voyage beaucoup dans le sud de la Chine, et ses écrits suivent alors la tradition poétique des paysagistes et des ermites.

À l’époque où Han Yu (768-824) inaugure le mouvement de la « prose antique », Bai Juyi lance parallèlement une réforme dans le domaine de la poésie. Du point de vue de la forme, il préconise une grande simplicité de structure comme de vocabulaire. Il veut que ses poèmes soient compréhensibles à l’audition et ne soient pas réservés à la lecture des lettrés. On raconte qu’il récitait ses œuvres à une vieille servante. C’est pourquoi son style est si différent de celui de ses contemporains Tang, tout de concision et d’évocation. Pour plus de clarté, Bai Juyi ne craint pas d’insister et de se répéter, quitte à allonger ses poèmes. Si bien que certains iront jusqu’à le traiter de « bavard ». Mais cela explique aussi l’immense succès de ses œuvres dès son vivant. Bai Juyi se plaît à raconter comment, où qu’il allât, les femmes les plus simples étaient capables de chanter la Chanson des regrets sans fin (Changhen ge ou Tch’ang-hen ko) ou la Ballade du luth (Pipa-ji [P’ip’a-ki]). Quant aux thèmes de ses poèmes, c’est le même souci du peuple qui le conduit à faire de la poésie sociale et politique très engagée, et qui lui vaut à l’heure actuelle une grande popularité en Chine. Les cinquante poèmes du recueil intitulé Xin Yuefu (Sin Yue-fou) sont de violentes attaques contre les abus de la Cour : poèmes contre la conscription, contre les impôts, contre les privilèges des riches qui dépensent pour un seul bouquet de pivoines le revenu d’une famille pour une année, contre les exactions des eunuques, qui réquisitionnent la charrette d’un pauvre vieux vendeur de charbon de bois en échange d’un chiffon de soie :
Hélas, il ne porte sur lui qu’une seule épaisseur,
Mais dans son cœur il souffre du prix du charbon
Et souhaite qu’il fasse encore plus froid.

La série de poèmes qui a pour titre Qinzhong yin (Chansons du pays de Qin [Ts’in]) est aussi consacrée aux malheurs des petites gens, à la solitude des femmes, aux misères de la guerre. Voici la jeune femme abandonnée par son mari soldat :
Le matin, elle hait les mille roucoulements des colombes,
Le soir, elle envie les couples d’hirondelles.
Elle ne saurait s’habituer à ce printemps qui les sépare
Et ne sait que gémir et pleurer jusqu’à l’aube.

Pourtant il n’y a que peu de temps qu’on insiste sur cet aspect politique et social de l’œuvre de Bai Juyi. Les siècles précédents avaient surtout retenu de lui ses poèmes d’amour, ses éloges du vin, ses descriptions de paysages. La Chanson des regrets sans fin, qui dépeint longuement la passion de l’empereur des Tang Xuanzong (Hiuan-tsong, 713-756) pour sa concubine Yang Guifei (Yang Kouei-fei), est sans doute le plus célèbre poème de la littérature chinoise. Après sa mort tragique, l’empereur ne peut oublier la belle « aux sourcils en antennes de papillon » :
Vertes sont les rivières de Shu, bleues les montagnes de Shu,
Matin et soir l’empereur rêve à son amour.
De son palais d’exil il regarde la lune et sa beauté lui fend le cœur,
Par les nuits de pluie il écoute les clochettes
et leur voix lui déchire les entrailles.

Dans le poème la Concubine de Lingyan, Bai Juyi déplore l’existence des innombrables beautés qui n’ont pas eu la chance, comme Yang Guifei, d’une vie merveilleuse et tragique prolongée par une étonnante postérité littéraire :
Son visage est celui d’une fleur, son destin celui d’une famille.
Destin léger de la feuille ; que peut-on y faire ?