Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

poinçon (suite)

Une fraude particulière concernant les poinçons a été pratiquée de tout temps : c’est l’enture. Elle consiste à prélever les poinçons d’une pièce légère et de les reporter sur une pièce plus lourde afin de bénéficier de la différence existant sur les frais d’imposition, qui sont fonction du poids des pièces. Ce délit relève de l’article 140 du Code pénal. Les faussaires en objets de collection utilisent ce procédé en reportant sur une pièce de fabrication récente les vrais poinçons d’une pièce ancienne. Ainsi falsifiée, la pièce moderne est choisie en fonction de la rareté et de la valeur considérable que représente la même pièce ancienne.

T. B.

➙ Argenterie / Garantie / Orfèvrerie.

 C. J. Jackson, English Goldsmiths and their Marks (Londres, 1905 ; 3e éd., 1949). / Tardy, les Poinçons de garantie internationaux pour l’or (Annuaire d’horlogerie-bijouterie, 1949) ; les Poinçons de garantie internationaux pour le platine (Annuaire d’horlogerie-bijouterie, 1949) ; les Poinçons de garantie internationaux pour l’argent (Annuaire d’horlogerie-bijouterie, 1952). / J. Thuile, l’Orfèvrerie du Languedoc du xiie au xixe s. (Causse et Castelnau, Montpellier, 1966 et Schmied, 1969 ; 2 vol.). / J. Helft, le Poinçon des provinces françaises (De Nobèle, 1968).

pointes (pouvoir des)

Propriété que possèdent les pointes conductrices d’électricité de laisser s’écouler les charges électriques.


Une pointe conductrice crée à son voisinage immédiat un champ électrique très intense dès que son potentiel dépasse quelques kilovolts. Il s’agit d’un effet géométrique (concentration des lignes de force) qui est donné par toutes les électrodes de forte courbure (fils fins, arêtes). Néanmoins, une pointe très acérée (cône très aigu terminé par une sphère de rayon très petit) est particulièrement efficace, le champ E y étant plus grand à rayon de courbure égal, que pour tout autre profil. Les formules suivantes le soulignent :
— pointe de rayon r à distance d d’un plan perpendiculaire à l’axe de la pointe
E = 2V/r Log (4d/r) ;
— fil de rayon r à distance d d’un plan parallèle
E = V/r Log (2d/r) ;
— demi-plan à bord arrondi de rayon r à distance d d’un plan perpendiculaire

où V désigne la différence de potentiel.

L’intensité du champ au voisinage d’une pointe favorise fortement les effets d’ionisation et de claquage, quel que soit l’état du diélectrique (solide, liquide, gazeux). Nous nous limiterons aux deux derniers.

On distingue alors deux cas très différents.
a) L’ionisation se propage de la pointe à l’électrode opposée en formant un canal conducteur ininterrompu (cas de la foudre sur un paratonnerre). On a une véritable étincelle, avec ses caractéristiques habituelles (courant très intense [milliers d’ampères] à variation temporelle très rapide).
b) L’ionisation reste confinée au voisinage de la pointe, situation favorisée par la décroissance très forte du champ quand on s’en éloigne. On a les phénomènes très différents connus sous le nom d’effluve, d’aigrette, d’effet couronne, caractérisés par des courants très faibles (microampères) plus ou moins stables ou permanents. Ce sont le « feu Saint-Elme » et autres apparitions lumineuses causées par l’influence d’un nuage orageux sur un objet pointu, lorsque la foudre ne tombe pas. Si l’on fait croître régulièrement la tension, on a d’abord b), puis, pour une valeur suffisamment grande, on obtient a). La phase b) correspond généralement à un intervalle de tensions très important (de 1 à 10 et plus), à la différence des électrodes à faible courbure (sphères, plan), qui ne donnent que des étincelles et pas d’effet couronne.

Les mécanismes en jeu sont très différents selon que l’on a un liquide ou un gaz.

Dans un gaz, l’ionisation est négligeable tant qu’il ne se produit pas d’avalanches électroniques auto-entretenues. Celles-ci n’ont lieu que dans des conditions strictes de champ électrique, compte tenu du gaz (nature, pression, température), de la géométrie des électrodes et aussi de leur état de surface. Il existe une tension de seuil Vs très nette, au-delà de laquelle le courant d’ionisation croît rapidement suivant une loi de forme I = A V (V – Vs), A étant une constante. Vs n’est jamais inférieur à une valeur de 1 000 à 2 000 V, même pour les pointes les plus fines, très rapprochées d’une contre-électrode. Elle est toujours nettement plus grande pour la polarité positive, de 10 à 30 p. 100. I atteint facilement quelques dizaines de microampères.

Lorsque la pointe est grossière (rayon de l’ordre du millimètre) et la contre-électrode éloignée (décimètres), Vs est de quelques dizaines de kilovolts. Elle est encore plus grande si la pointe est reliée au sol et est influencée par un conducteur sous tension situé à une distance importante et vu sous un angle solide relativement petit.

On a souvent tendance à croire que Vs correspond, dans un gaz donné, à une valeur définie Ec du champ (champ disruptif). Rien n’est plus faux dans le cas des pointes, car Ec dépend beaucoup de leur géométrie et particulièrement du rayon de courbure, devenant très grand quand ce rayon tend vers zéro. Il y a là un effet qui s’oppose à celui, purement géométrique, de la courbure. Si les dimensions du système sont multipliées par k, en gardant une similitude exacte, Vs est multiplié par un facteur k′ < k si k > 1 et par un facteur k′ > k si k < 1. Les effets de pointe seront donc beaucoup plus importants, relativement parlant, lorsque les dimensions et les tensions sont grandes. Pour se faire une idée approximative de Ec, on peut utiliser les formules empiriques suivantes valables dans l’air à pression atmosphérique (Ec s’exprimant en kV/cm et r en cm) :

Lorsque la tension est continue, la pointe se comporte comme une source d’ions de même signe qu’elle, qui traversent le gaz et vont se neutraliser sur l’électrode opposée. (On disait autrefois qu’une pointe « laisse facilement écouler son électricité ».) La résistance opposée par le gaz aux ions se traduit par une force de réaction qui aboutit à son entraînement partiel ; c’est le « vent électrique », qui souffle toujours de la pointe.