plaie (suite)
Évolution bactériologique
Il n’est point de plaie qui soit rigoureusement aseptique. Dans les six premières heures se produit un afflux leucocytaire au voisinage de la blessure ; le gonflement traduit l’œdème local. À cette période, les microbes présents dans la plaie n’ont pas encore commencé à pulluler activement ; après douze heures, la protéolyse tissulaire s’est accentuée, les microbes trouvent des aliments de choix dans ce milieu et se forment de véritables cultures microbiennes qui de proche en proche gagnent les tissus sains avoisinants et finalement l’organisme entier (septicémie, septico-pyochémie, gangrène gazeuse), les germes aérobies (staphylocoques, streptocoques hémolytiques...) s’associent aux anaérobies (Perfringens, Œdematiens...).
Traitement chirurgical
L’ablation chirurgicale des zones dévitalisées, suspectes de souillures bactériennes et de corps étrangers inclus est l’acte thérapeutique essentiel et indispensable. Si la plaie est observée avant le stade d’infection clinique, le « parage chirurgical » excise méthodiquement, plan par plan, tous les tissus contus : pour ce faire, il est souvent nécessaire de recourir à une voie d’abord large (toute exploration au stylet, à la sonde, doit être rejetée). Les bords d’une plaie contuse sont excisés, les lambeaux étroits machurés sont sacrifiés. Au niveau des masses musculaires, l’épluchage de tout le cône d’attribution se fera avec minutie en enlevant tous les corps étrangers. Une hémostase rigoureuse viendra clore ce temps chirurgical, qui doit laisser une plaie sèche et nette. La réparation des lésions comporte d’abord le traitement des lésions musculo-tendineuses, vasculaires, nerveuses qu’on a pu rencontrer au cours de l’exploration. La suture cutanée primitive présente l’avantage de la rapidité de la cicatrisation*, mais, lorsque le danger d’infection est particulièrement à redouter, il ne faut pas hésiter à laisser la plaie ouverte. Dans ce cas, la surveillance clinique et bactériologique devra être stricte et les modalités du pansement* adaptées à chaque circonstance. Cette méthode doit être la règle devant une plaie datant de plus de douze heures ou lorsque l’état local ou général (choc) interdit une exploration chirurgicale réglée. La thérapeutique anti-infectieuse moderne a amélioré considérablement le pronostic : antibiothérapie, sérothérapie antitétanique.
La cicatrisation d’une plaie cutanée, si ses lèvres sont bien accolées (spontanément ou par suture) et s’il n’y a pas d’infection, survient en 6 à 8 jours : c’est la cicatrisation par première intention. Si les lèvres de la plaie restent éloignées l’une de l’autre et s’il y a perte de substance, la guérison est retardée et ne se produit que lentement, par seconde intention, avec apparition de bourgeons charnus qui vont s’organiser et être peu à peu recouverts d’un épiderme néo-formé. Ce mode de cicatrisation est long, et de résultat esthétique médiocre : aussi est-il souvent possible, lorsque tout danger d’infection locale et générale a disparu, de procéder à une suture secondaire après avulsion des bourgeons charnus et exérèse des bords de la plaie. En cas de perte de substance cutanée importante, il faut recourir à des greffes, libres ou pédiculées.
P. D.