Ordre non homogène, rangé autrefois dans le grand groupe des Apétales, car il présente de petites fleurs nues, c’est-à-dire sans pièces périanthaires (sépales et pétales).
La position phylogénétique de cet ordre est encore mal définie. Trois familles y sont réunies, ce sont les Pipéracées, les Saururacées (Asie orientale, Amérique du Nord) et les Chloranthacées (Extrême-Orient, îles du Pacifique, Amérique tropicale et aussi Madagascar). Nous ne traiterons ici que la première.
Pipéracées
Cette famille (environ 20 genres et 1 500 espèces) vit dans les régions tropicales ; ce sont ordinairement des herbes, des lianes ou des arbustes, à feuilles entières. Les fleurs, groupées en épis ou en cymes allongées et denses, sans sépale ni pétale, sont le plus souvent hermaphrodites ; les étamines (théoriquement en deux cycles de trois) sont libres et en nombre variable de une à dix ; l’ovaire, en position supère, uniloculaire, est formé de trois carpelles soudés ; les fruits sont des baies. Certaines caractéristiques de monocotylédones se retrouvent dans le pollen et la germination.
Le genre de beaucoup le plus important, Piper (le poivrier), comprend environ 800 espèces. Le poivre (Piper nigrum), l’épice la plus utilisée en Europe, peut vivre en pleine terre sur la Côte d’Azur ; il est originaire d’Indo-Malaisie, où il est cultivé sous les ombrages de grands arbres, qui lui servent de tuteurs, car c’est une plante grimpante, une liane à tiges flexibles qui possèdent des racines adventives leur permettant de se fixer aux supports. Les feuilles sont alternes, les inflorescences composées de fleurs (de 20 à 40 par épi) sont minuscules, hermaphrodites ou à un seul sexe par avortement. Le fruit, le « grain » de poivre, est une baie rouge sessile, à péricarpe mince ; le poivre noir est le fruit complet cueilli avant la fin de la maturité, puis desséché ; il contient de 2 à 3 p. 100 d’un alcaloïde : la pipérine, alors que le poivre blanc est la graine parfaitement mûre entourée seulement du tégument le plus interne. Le poivre blanc est de saveur moins violente, car la pipérine est surtout localisée dans le péricarpe.
Les Grecs eurent connaissance du poivre à partir de l’expédition d’Alexandre, mais son emploi en Europe occidentale fut très limité jusqu’au Moyen Âge, où il était considéré comme une denrée extrêmement précieuse, que l’on offrait seulement aux grandes fêtes, et encore très parcimonieusement ; son commerce fit la fortune de Venise. Mais c’est aux Portugais, vers le xvie s., que l’on doit son introduction en quantités appréciables ; ils en gardèrent le monopole jusqu’au xviiie s.
Comme autres espèces utiles, il faut citer le poivre long, originaire d’Asie tropicale ; il a le même usage que le poivre noir ; c’est lui que les Romains estimaient le plus. Sont encore employés : le P. guineense, connu sous les noms de Poivre des Achantis ou de Kissi ; les P. officinarum, cubeba et angustifolium, qui servent en médecine populaire ; le P. methysticum des îles du Pacifique, dont les volumineuses racines mises à macérer donnent un breuvage très apprécié à Tahiti (Kawa-Kawa) ; le P. betel, dont les feuilles servent dans la confection du masticatoire (le bétel) si connu de l’Extrême-Orient, dans la composition duquel entrent en outre de la chaux (coquillages calcinés), des fragments de noix Aréquier, de graines de Cardamone et un clou de Girofle.
À côté de ce genre, il y a les Peperomia (500 espèces) vivant dans les régions intertropicales (Amérique), que l’on trouve souvent cultivées dans les serres chaudes : comme espèces les plus connues, on peut citer P. caperata, magnoliæfolia, scandens...
J.-M. T. et F. T.