Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pipe-line (suite)

Économie du transport par oléoduc

Si les frais d’exploitation d’un pipe-line à la tonne transportée sont relativement faibles, l’investissement est en revanche très élevé : le Sud-Européen, avec une capacité de 90 Mt/an, représente une dépense en capital de près de 2 000 MF. Néanmoins, le gros pipe-line est de très loin le moyen le plus économique de transporter l’énergie à travers les continents. C’est probablement la raison pour laquelle sont actuellement en service plus de 200 000 km de pipe-lines pour le brut, plus de 150 000 km pour les produits finis et plus de 500 000 km pour le gaz naturel.

A.-H. S.

➙ Gaz / Gisement / Pétrole / Raffinage du pétrole / Stockage du pétrole et du gaz.

 S. Crocker et J. H. Walker, Piping Handbook (Detroit, 1931 ; 5e éd., par R. C. King, New York, 1967). / R. Cabet, l’Économie du transport par conduite (Technip, 1964). / G. Gantier, les Pipelines (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1964). / L. T. Minchin, Famous Pipelines of the World (Londres, 1964). / J. Vincent-Genod, le Transport des hydrocarbures liquides et gazeux par canalisation (Technip, 1967). / Association technique de l’industrie du gaz en France, Manuel pour le transport et la distribution du gaz (Soc. du Journal des usines à gaz, 1968 ; 2 vol.).

Pipérales

Ordre non homogène, rangé autrefois dans le grand groupe des Apétales, car il présente de petites fleurs nues, c’est-à-dire sans pièces périanthaires (sépales et pétales).


La position phylogénétique de cet ordre est encore mal définie. Trois familles y sont réunies, ce sont les Pipéracées, les Saururacées (Asie orientale, Amérique du Nord) et les Chloranthacées (Extrême-Orient, îles du Pacifique, Amérique tropicale et aussi Madagascar). Nous ne traiterons ici que la première.


Pipéracées

Cette famille (environ 20 genres et 1 500 espèces) vit dans les régions tropicales ; ce sont ordinairement des herbes, des lianes ou des arbustes, à feuilles entières. Les fleurs, groupées en épis ou en cymes allongées et denses, sans sépale ni pétale, sont le plus souvent hermaphrodites ; les étamines (théoriquement en deux cycles de trois) sont libres et en nombre variable de une à dix ; l’ovaire, en position supère, uniloculaire, est formé de trois carpelles soudés ; les fruits sont des baies. Certaines caractéristiques de monocotylédones se retrouvent dans le pollen et la germination.

Le genre de beaucoup le plus important, Piper (le poivrier), comprend environ 800 espèces. Le poivre (Piper nigrum), l’épice la plus utilisée en Europe, peut vivre en pleine terre sur la Côte d’Azur ; il est originaire d’Indo-Malaisie, où il est cultivé sous les ombrages de grands arbres, qui lui servent de tuteurs, car c’est une plante grimpante, une liane à tiges flexibles qui possèdent des racines adventives leur permettant de se fixer aux supports. Les feuilles sont alternes, les inflorescences composées de fleurs (de 20 à 40 par épi) sont minuscules, hermaphrodites ou à un seul sexe par avortement. Le fruit, le « grain » de poivre, est une baie rouge sessile, à péricarpe mince ; le poivre noir est le fruit complet cueilli avant la fin de la maturité, puis desséché ; il contient de 2 à 3 p. 100 d’un alcaloïde : la pipérine, alors que le poivre blanc est la graine parfaitement mûre entourée seulement du tégument le plus interne. Le poivre blanc est de saveur moins violente, car la pipérine est surtout localisée dans le péricarpe.

Les Grecs eurent connaissance du poivre à partir de l’expédition d’Alexandre, mais son emploi en Europe occidentale fut très limité jusqu’au Moyen Âge, où il était considéré comme une denrée extrêmement précieuse, que l’on offrait seulement aux grandes fêtes, et encore très parcimonieusement ; son commerce fit la fortune de Venise. Mais c’est aux Portugais, vers le xvie s., que l’on doit son introduction en quantités appréciables ; ils en gardèrent le monopole jusqu’au xviiie s.

Comme autres espèces utiles, il faut citer le poivre long, originaire d’Asie tropicale ; il a le même usage que le poivre noir ; c’est lui que les Romains estimaient le plus. Sont encore employés : le P. guineense, connu sous les noms de Poivre des Achantis ou de Kissi ; les P. officinarum, cubeba et angustifolium, qui servent en médecine populaire ; le P. methysticum des îles du Pacifique, dont les volumineuses racines mises à macérer donnent un breuvage très apprécié à Tahiti (Kawa-Kawa) ; le P. betel, dont les feuilles servent dans la confection du masticatoire (le bétel) si connu de l’Extrême-Orient, dans la composition duquel entrent en outre de la chaux (coquillages calcinés), des fragments de noix Aréquier, de graines de Cardamone et un clou de Girofle.

À côté de ce genre, il y a les Peperomia (500 espèces) vivant dans les régions intertropicales (Amérique), que l’on trouve souvent cultivées dans les serres chaudes : comme espèces les plus connues, on peut citer P. caperata, magnoliæfolia, scandens...

J.-M. T. et F. T.

Pirandello (Luigi)

Écrivain italien (Girgenti [auj. Agrigente] 1867 - Rome 1936).



L’œuvre de Pirandello

Avant la révolution brechtienne, la subversion pirandellienne représente, entre les deux guerres, l’entreprise la plus vaste et la plus systématique de renouvellement de la dramaturgie contemporaine ; non seulement son influence s’étendit bien au-delà des scènes italiennes, mais elle s’exerça plus encore à l’étranger qu’en Italie, notamment à Paris, où Pirandello fut mis en scène dès 1922 par Charles Dullin (la Volupté de l’honneur) et dès 1923 par Georges Pitoëff (Six Personnages en quête d’auteur).

Comme il l’avait été pour ses contemporains, Pirandello est avant tout pour la postérité un dramaturge. Il n’empêche qu’il n’a abordé le théâtre qu’une fois passée la cinquantaine, et toujours sur le mode de la parenthèse ou de la prétérition : « Je ne suis par un dramaturge, mais un narrateur » ; « encore une pièce et je reviendrai à ma véritable nature, le récit », etc. Certes, cette parenthèse nous valut une quarantaine de pièces et une vingtaine d’années d’activité ; mais pour considérable que soit la part du théâtre dans l’œuvre de Pirandello, elle n’en représente que le tiers : le second tiers est composé de nouvelles, et le troisième, d’une part de romans, d’autre part de poèmes et d’essais.