Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

pied (suite)

Les métatarsalgies (douleurs du métatarse) et les talalgies (douleurs du talon) forment un chapitre important et difficile de la podologie. Ces syndromes sont de causes multiples : hyperlaxité constitutionnelle ou occasionnelle, pressions trop considérables (obésité), chaussures antiphysiologiques (talons trop hauts), anomalies congénitales ou acquises. Elles demandent un bilan complet, local et général pour décider de la thérapeutique : semelles orthopédiques, agents physiques, voire chirurgie.

Les déformations acquises des orteils ne sont pas rares. La forme la plus fréquente est l’hallux valgus, où le gros orteil est dévié en dehors, pouvant même s’insinuer sous le deuxième orteil ; en même temps se constituent une exostose du premier métatarsien et une bursite souvent très douloureuse au bord interne de l’articulation métatarso-phalangienne (oignon). Cet hallux valgus s’observe surtout dans le sexe féminin : la pression de chaussures trop étroites ou pointues, à haut talon, en est la cause favorisante. Lorsque la déformation est invétérée, seul le traitement chirurgical peut corriger la déformation de l’orteil. Les autres orteils peuvent être le siège d’une « griffe » de la deuxième phalange sur la première, un cor se développant au sommet de l’angle ainsi formé : c’est l’orteil en marteau, qui, au stade de déformation fixée, doit être traité chirurgicalement.

L’ongle incarné, ou onyxis latéral, est une lésion fréquente siégeant électivement au gros orteil : le rebord unguéal pénètre dans le sillon périunguéal, entraînant de vives douleurs, puis une suppuration apparaît et la marche devient difficile. La prévention de cet accident consiste en une coupe à ras de l’ongle, en carré, sans entaille sur les bords et en des soins d’hygiène minutieux. En cas d’échec, il faut recourir à l’ablation chirurgicale de la partie latérale de la matrice de l’ongle.

P. D.

 H. L. De Vries (sous la dir. de), Surgery of the Foot (Saint Louis, 1959 ; 2e éd., 1965). / R. Souquet, Fractures du cou-de-pied (Doin, 1965). / J.-P. Dubois et J. H. Levame, Anatomie descriptive du pied humain (Maloine, 1966). / J. Lelièvre, Pathologie du pied. Physiologie clinique (Masson, 1967).

Piémont

En ital. Piemonte, région d’Italie du Nord ; 25 399 km2 ; 4 541 000 hab. Capit. Turin*.


Le Piémont est une région très importante en Italie, sur le plan historique comme sur le plan économique. Situé dans la partie la plus occidentale du pays, limité à l’ouest par la frontière française, au sud par la Ligurie et à l’est par la Lombardie (en suivant les rivières Tessin, Sesia et Pô), il est formé de six provinces : Turin, Verceil (Vercelli), Novare, Coni (Cuneo), Asti, Alexandrie. Le Piémont est un assemblage d’unités physiques complémentaires auquel l’histoire a donné une forte originalité ; son économie très active lui assure plus de 10 p. 100 du revenu national italien.


Le milieu naturel

Le cadre naturel est très varié. Sur trois côtés, la région est ourlée d’un ensemble montagneux (48 p. 100 de la superficie). Au sud, l’Apennin s’élève à des hauteurs de 1 500 m, coupé par des cols permettant le passage vers la Ligurie (cols de Cadibone, du Turchino et surtout des Giovi). Puis viennent les Alpes. Du col de Cadibone au val d’Aoste s’étend une « simple frange » sans épaisseur de hautes cimes (mont Viso à 3 841 m) qui tombe brutalement sur la plaine. On a ainsi les Alpes ligures (jusqu’au col de Tende), les Alpes maritimes (jusqu’au col de la Madeleine), les Alpes cottiennes (jusqu’au col du Mont-Cenis), les Alpes graies (jusqu’au parc national du Grand-Paradis). Au-delà du val d’Aoste se trouvent l’extrémité des Alpes pennines et le début des Alpes lépontiennes avec le très important passage du Simplon (2 005 m). Les collines occupent 32 p. 100 de la superficie. Elles sont de deux types. Au nord des amphithéâtres morainiques (Rivoli, Canavese), au sud, s’avançant depuis l’Apennin jusqu’à Turin, un monde de collines tertiaires formant les Langhe, le Montferrat et les collines du Pô. Les plaines s’interposent entre ces deux unités, parcourues par le Pô. De Cuneo à Turin, la plaine est sud-nord, puis, après Turin, elle s’élargit dans les secteurs de Vercelli et Novare de l’ouest vers l’est ; la plaine d’Alexandrie entre le Montferrat et l’Apennin est un troisième élément, plus isolé. Ces plaines sont le résultat de l’accumulation du matériel arraché à la montagne et aux collines par l’érosion ; on y distingue une haute plaine plus sèche et une basse plaine humide. Le climat qui règne sur la région est de tendance continentale, avec des hivers froids et des étés chauds et humides. Mais l’influence de l’altitude se fait vite sentir, donnant naissance à un climat montagnard ; sur les bords des lacs (Orta, Majeur), une nuance climatique beaucoup plus douce existe. La végétation est le reflet de ces contrastes et présente une disposition étagée. Quant aux cours d’eau, ils sont brefs, avec de fortes dénivellations, un régime pluvio-nival et une grande activité érosive. Le milieu naturel est donc assez hétérogène avec influence prédominante du fait montagneux.


Les hommes et les activités

Ce sont les faits humains et économiques qui donnent son unité et son originalité au Piémont. La conscience régionale est assez tardive. À partir du xive s. débute la construction politique piémontaise, qui se fonde sur l’utilisation des passages alpins et du carrefour turinois. La dynastie piémontaise jouera ensuite un rôle décisif dans la formation de l’unité nationale. Elle s’appuyait sur une population nombreuse, tenace et laborieuse, conservant des traits montagnards accusés. Mais, si la personnalité piémontaise demeure, notamment par le maintien du dialecte, de grands changements sont en cours. Une nouvelle répartition de la population est apparue. L’exode rural a vidé les campagnes au profit des villes (surtout Turin) ; les montagnes ont été désertées par leurs habitants, à l’exception de quelques lieux touristiques. Les tendances démographiques sont caractérisées par un affaissement de la natalité (14,2 p. 1 000 contre 16,5 en Italie) et un accroissement de la mortalité (9,8 p. 1 000 contre 9,5 en Italie). Le fait majeur toutefois est l’ampleur des mouvements migratoires. De 1961 à 1971 (le mouvement avait commencé dès les années 1950), l’accroissement naturel piémontais a été de 116 000 personnes, mais l’accroissement lié à des arrivées de migrants, de 405 000 ! Ces migrants sont de plus en plus des originaires de l’Italie méridionale, venus chercher du travail dans les usines piémontaises.