Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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physiothérapie

Traitement médical par des agents physiques.



L’histoire de la physiothérapie

Les principaux agents utilisés sont l’air et l’eau (indépendamment de leurs propriétés chimiques), la chaleur et le froid, les rayonnements (pour un certain nombre desquels le Soleil est une source naturelle), les actions mécaniques (forces et mouvements).

Les civilisations les plus anciennes (Assyriens, Égyptiens, Incas) rendaient un culte mystique au Soleil. Il est difficile de dire que celui-ci ait alors pu être considéré comme un moyen thérapeutique tel que nous l’entendons actuellement, mais ses vertus comme ses dangers, le plus souvent grossis par l’imagination religieuse, étaient connus. Les Grecs avaient compris les avantages du soleil sur les organismes affaiblis. Les Romains utilisaient des solaria ; ils avaient découvert les vertus des eaux thermales, et Pline l’Ancien avait déjà répertorié quatre-vingts sources thermales en Italie. À la Renaissance, Paracelse employait les eaux à peu près de la même façon qu’on le fait actuellement. Le siècle de Louis XIV vit le début des « villes d’eau », dont le développement allait se poursuivre jusqu’à nos jours.

Après la découverte de l’action de l’électricité sur les muscles de grenouille par le médecin italien Luigi Galvani, qui devait conduire Alessandro Volta à inventer en 1800 la pile électrique, le premier succès thérapeutique est obtenu par Jean Noël Hallé en 1795 sur une paralysie faciale. Au xixe s., une multitude de travaux établissent les règles de l’électrodiagnostic*, et l’électrothérapie* est utilisée pour le traitement de nombreuses affections. En 1895, Arsène d’Arsonval inaugure l’emploi des courants de haute fréquence en thérapeutique. La « d’arsonvalisation » connaît alors une vogue dépassant ses possibilités. En 1906, Fernand Widal, Joseph Babinski et Henri Vaquez critiquent la méthode, indiquant notamment son manque total d’activité dans certaines affections, telle l’hypertension. Devant ces affirmations de médecins éminents, l’électrothérapie a tendance à être injustement abandonnée dans des affections où elle est vraiment efficace. Elle retrouvera sa place après la Première Guerre mondiale avec l’apparition des courants progressifs, des ondes courtes, de l’ionophorèse et surtout avec une meilleure application de ses indications. C’est également à la fin du xixe s., en 1893, que Niels Ryberg Finsen introduit dans le traitement des maladies de la peau les rayons ultraviolets, dont Antonin Marfan indiquera un peu plus tard l’effet remarquable dans le rachitisme.

Dès le début du xxe s., la radiothérapie*, puis la curiethérapie* conquièrent leurs titres de noblesse, tout en faisant payer un lourd tribut aux premiers radiologues.

Entre les deux guerres apparaissent les ultrasons et les rayons infrarouges, et la kinésithérapie* se développe.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, de nouvelles voies s’ouvrent, telles que la stimulation électrique du cœur* par stimulateurs (pacemakers), l’emploi du rayon laser*, celui des caissons de recompression pour le traitement des accidents de plongée et celui d’enceintes hyperbares (où la pression est supérieure à la pression atmosphérique) en réanimation et en chirurgie. Toutes ces applications d’agents physiques nécessitent une technologie avancée et leur emploi ne peut être fait que par des spécialistes de chaque branche de la médecine, travaillant en étroite collaboration avec les ingénieurs.


Les moyens employés et leurs modes d’action

Qu’il s’agisse d’agents naturels ou artificiels, l’opportunité des traitements physiques, comme leur dosage et le rythme de leurs applications, relève d’une décision thérapeutique qui ne peut être prise que par le médecin. Un emploi abusif ou intempestif de moyens aussi « naturels » que le soleil ou l’eau chaude peut avoir des conséquences désastreuses sur certaines maladies et même chez des sujets sains.


L’hydrothérapie

L’emploi des eaux* de source à leur émergence des griffons constitue la crénothérapie (v. thermalisme). Celle-ci peut se faire par bains (balnothérapie) ou par douches, affusions, pulvérisations, applications locales. L’eau agit par la pression qu’elle exerce sur le corps, par la suppression de la pesanteur dans le bain (principe d’Archimède), par la résistance qu’elle oppose aux mouvements et par l’amortissement qu’elle leur impose. Ces actions facilitent la circulation, stimulent les terminaisons nerveuses et libèrent les muscles. La température de l’eau exerce également une action sur le système nerveux par voie réflexe : froide, elle est stimulante et vaso-constrictive ; chaude, elle est sédative et vaso-dilatatrice. (L’eau de source employée en boisson n’entre plus dans le domaine de la physiothérapie, mais constitue un véritable médicament.)

L’hydrothérapie urbaine par bains, douches, etc., faite avec les eaux locales chauffées et éventuellement gazéifiées ou additionnées de sels minéraux, n’apporte pas tous les avantages des sources naturelles (notamment en raison de l’absence de radioactivité), mais elle est d’application facile, sans déplacements longs et onéreux : elle rend de grands services.

La kinébalnéothérapie, qui peut être faite dans les stations thermales comme en ville, consiste à faire faire des mouvements (kinésithérapie) dans l’eau. Elle apporte de grandes facilités dans de nombreuses rééducations. Il en est de même de la fangothérapie (applications de boues végéto-minérales, bains de boue).