phobie (suite)
• la nosophobie est la peur pathologique et invincible des maladies, des accidents, d’une blessure, d’une lésion quelconque et aussi de la mort (thanatophobie). À vrai dire, peu d’hommes échappent à la peur de la mort. Mais, chez les phobiques, il s’agit d’une angoisse telle qu’elle bloque le sujet dans toute activité à risque nul ou minime et devant tout symptôme physique personnellement ressenti.
Tous ces symptômes phobiques se répartissent très différemment selon les malades : certains sujets n’ont qu’une ou deux phobies bien caractérisées. D’autres en ont davantage. Il y a de multiples formes de passage de transition entre les phobies véritables et l’anxiété pure ou flottante.
De plus, il existe des pseudo-phobies, des phobies instinctives ou des phobies accidentelles, voire conditionnées, qui n’ont pas la signification de vrais symptômes phobiques. À cette énumération il convient d’ajouter les nombreuses phobies infantiles qui ne sont pas pathologiques et qui dépendent des diverses étapes du développement neuropsychique.
La personnalité, ou fond névrotique phobique
Il s’agit d’abord d’un tempérament hyperémotif, probablement en rapport avec un système nerveux prédisposé. Mais il y a aussi une manière d’être et de se comporter typiquement phobique : état d’alerte psychologique permanent plus ou moins extériorisé, tension anxieuse, timidité, inhibitions diverses dans les domaines socio-professionnels, sexuels, sentimentaux. Les phobiques sont des candidats au « trac ». Ils cherchent toujours à fuir. Cependant, certains d’entre eux témoignent d’une assurance excessive, d’une combativité, d’une arrogance qui trompent l’observateur. C’est la « fuite en avant » dans un flot de paroles, dans des actes divers, dans une vie professionnelle excessive.
Causes
Les causes de la névrose phobique ne sont connues que très imparfaitement. Les théories psychanalytiques ont toujours trouvé dans le symptôme phobique et le développement de la personnalité du phobique un domaine idéal pour la psychogenèse. Chaque phobie a pour chaque patient une signification symbolique inconsciente. Ses origines seraient anciennes et dérivées de conflits inconscients du développement infantile avec, comme éléments prédominants, un stade œdipien non résolu et une angoisse de castration. C’est pourquoi la psychothérapie psychanalytique a, depuis longtemps, été considérée comme la seule efficace et logique dans la cure de la névrose phobique.
En fait, la réalité est probablement plus complexe et plus large. Il faudrait définir plus précisément et en termes scientifiques le mode de fonctionnement neurophysiologique du système nerveux dans le mécanisme des phobies. Cela ne suffirait pas, d’ailleurs, à comprendre un symptôme aussi étonnamment psychologique ou mental. De nombreux travaux s’efforcent, en s’appuyant sur les théories du conditionnement*, de montrer comment se constitue, puis se pérennise une phobie. D’où les multiples essais thérapeutiques actuels inspirés du béhaviorisme* et des expériences de Pavlov*, qui obtiennent des succès incontestables. Il y a un rapprochement à faire avec les observations du comportement animal. Il est des phobies instinctives quasi biologiques et d’autres qui ont été conditionnées par la société, le milieu scolaire professionnel ou familial. Dire que ce sont des pseudophobies ne simplifie pas le problème étiologique ou celui de la recherche psychopathologique. Au contraire, ces pseudophobies laissent entrevoir la possibilité d’expliquer les phobies à travers un autre prisme que celui de la symbolique psychanalytique.
Évolution et traitement
L’évolution et le traitement des névroses phobiques sont d’une déroutante diversité, si bien que chaque méthode thérapeutique compte avantageusement ses succès.
La plupart des névroses phobiques évoluent par poussées entrecoupées de rémissions parfois très longues. C’est souvent (pas toujours, il est vrai) que les symptômes phobiques éclatent au moment d’un état dépressif réactionnel ou purement névrotique. Certaines formes sont sévères et durables, et d’autres bénignes.
Dans la pratique médicale quotidienne, la névrose phobique peut se traiter par la chimiothérapie : psychotropes tranquillisants et antidépressifs, neuroleptiques doux, narco-analyses répétées. La psychothérapie est toujours utile, qu’elle soit de soutien, de sécurisation ou psychanalytique au sens strict ; elle met en œuvre des moyens de déconditionnement variés, qui commencent à se développer en France, par les méthodes dites « de relaxation » et par toutes les techniques de maîtrise du corps.
G. R.
➙ Névrose.
A. L. Hesnard, les Phobies et la névrose phobique (Payot, 1961). / L. Michaux, les Phobies (Hachette, 1968).