Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Perrin (Jean) (suite)

Francis Perrin

Physicien français (Paris 1901), fils de Jean Perrin. Auteur de travaux sur les solutions de grosses molécules et sur la matérialisation du rayonnement, il a, dès 1939, en collaboration avec F. Joliot-Curie* et son équipe, établi théoriquement la possibilité d’entretenir des réactions nucléaires en chaîne par fission et calculé les dimensions critiques. De 1951 à 1970, il est haut-commissaire à l’énergie atomique. (Acad. des sc., 1953.)

R. T.

 F. Lot, Perrin (Seghers, 1963).

Perronneau (Jean-Baptiste)

Peintre, pastelliste et graveur français (Paris 1715 - Amsterdam 1783).


Perronneau (ou Perroneau) a subi l’inconvénient de vivre en même temps que Quentin de La Tour (v. Saint-Quentin) et n’occupe pas, de ce fait, la place qu’il mérite parmi les maîtres français du xviiie s. S’il possède à un degré moindre que son rival la connaissance intime de ses personnages, de leur psychologie, moins de brio aussi, mais non moins de finesse, il met beaucoup de vivacité dans sa couleur, charmante et vraie. Ses personnages sont bien construits, sa lumière, exacte.

Il commence sa carrière en étudiant la gravure avec Laurent Cars et la peinture avec Charles Joseph Natoire, peut-être aussi avec Hubert Drouais. On connaît de lui, en tant que graveur, des planches d’après Boucher*, Natoire et, celles-ci fort académiques, d’après Bouchardon*. Si ses premiers pastels connus, de 1744, sont assez primitifs, il progresse vite. En 1745, il veut s’orienter définitivement vers le pastel, mais l’Académie se montre réticente devant ce genre, que le succès de La Tour fait apparaître dangereux pour les peintres. Il est agréé par l’Académie en 1746, mais, afin d’y être reçu, en 1753, il produit deux huiles : les portraits d’Oudry* et de Lambert Sigisbert Adam* ; il donnera alternativement peintures et pastels, cette dernière formule étant sa préférée. On connaît de lui une cinquantaine de toiles, environ le double de pastels.

La Tour monopolisant les commandes des grands personnages, Perronneau travaille plutôt pour la bourgeoisie, pour ses amis, pour des artistes : ceux qui ont déjà été nommés et d’autres, comme l’architecte Jean Michel Chevotet, le graveur Gabriel Huquier, le dessinateur orléanais Aignan Thomas Desfriches. Exceptions parmi d’autres : les très beaux portraits de la duchesse d’Ayen et de Mme de Sorquainville. La clientèle lui manquant à Paris, il parcourt dès 1755 la province et l’étranger. On remarque qu’il est souvent absent des séances de l’Académie. On le voit successivement à Orléans, Bordeaux, Lyon, Toulouse, Abbeville. Il va aussi en Hollande, où il a de solides attaches, en Italie (Rome et Turin), en Allemagne, en Pologne, en Russie (Saint-Pétersbourg). Il se plaint quelque peu de cette errance et c’est au cours de l’un de ces voyages qu’il meurt à Amsterdam.

Qu’on ne croie pourtant pas à une pénombre persistante, à la malchance. S’il a été plus soutenu par ses collègues artistes que par le public (il était d’ailleurs peu mondain), on n’en voyait pas moins en lui le rival, peut-être le successeur de La Tour. Mais ses absences de Paris lui firent tort, et un certain oubli suivit sa disparition. Il avait épousé en 1754 la fille du miniaturiste Louis François Aubert, et son fils aîné, Urbain Alexis Joseph, fut peintre.

Le musée du Louvre possède les portraits peints de Mme de Sorquainville, d’Adam et d’Oudry ainsi que des pastels (Jeune Fille au chat) ; Saint-Quentin, le portrait de La Tour ; et Tours, le sien propre. Le musée d’Orléans abrite différentes œuvres ; beaucoup sont conservées dans des collections privées.

M. B.

 L. Vaillat et P. Ratouis de Limay, Jean-Baptiste Perronneau, peintre pastelliste (Gittler, 1909).

Perroux (François)

Économiste français (Lyon 1903).


Agrégé de sciences économiques, il a enseigné à la faculté de droit de Lyon (1928-1937), à celle de Paris (1935-1955) et à l’Institut d’études politiques de Paris (1946-1952). Depuis 1955, il est directeur d’études à l’École pratique des hautes études et professeur au Collège de France. Fondateur et directeur (depuis 1944) de l’Institut de science économique appliquée, il a dirigé, de 1960 à 1969, l’Institut d’études et de développement économique et social.

L’œuvre importante de François Perroux, en particulier ses livres (l’Europe sans rivages, 1954 ; la Coexistence pacifique, 1958 ; Économie et société, 1960 ; l’Économie du xxe siècle, 1961 ; Masse et classe, 1972), a suscité un véritable renouvellement de la pensée économique en France.

Pour F. Perroux, l’économie du xxe siècle n’est plus une économie de concurrence pure et parfaite, car la vie économique contemporaine se caractérise par « un ensemble de rapports patents ou dissimulés entre dominants et dominés ». La concurrence, telle qu’elle se présente aujourd’hui, cesse de devoir être analysée comme permettant, entre des unités d’égale puissance économique, le jeu des automatismes du marché ; elle est devenue un véritable combat entre dominants et dominés. C’est d’ailleurs surtout dans le domaine des échanges internationaux que l’idée d’une concurrence pure et parfaite entre unités économiques d’égale puissance doit être bannie : les relations internationales sont plutôt marquées par l’action des grandes nations ou des grandes firmes dominantes.

En outre, la croissance économique se réalise grâce à l’action de pôles de développement, complexes d’activités liées entre elles par l’impulsion d’une grande firme dominante. À cet égard, l’élaboration théorique de F. Perroux a bien mis en évidence les limites des modèles mécaniques de la croissance (comme ceux de E. D. Domar ou de R. F. Harrod) : ceux-ci sont nettement insuffisants pour expliquer les phénomènes de la croissance, il est devenu nécessaire de tenir compte de l’influence des volontés humaines et du jeu des institutions. L’analyse par les pôles de croissance permet surtout de mesurer combien sont périmées les croyances à l’automaticité des équilibres économiques.