Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Permeke (Constant) (suite)

Ce bel équilibre est relativement rompu entre 1926 et 1928, ce qui se traduit par l’adoption d’un parti plus décoratif et d’une palette plus sonore. L’installation à Jabbeke, en Flandre-Occidentale (1929), voit le début d’un cycle rustique succédant au cycle marin d’Ostende. Les marines sombres de la mer du Nord font place à des paysages aux couleurs claires. Dans les tableaux de figures, peinture et dessin se mêlent étroitement, trait ou frottis campant un personnage sur de vastes toiles (Maternité, 1929, musée d’Ostende). Le souvenir de Bruegel paraît explicite dans plusieurs paysages et dans de grands fusains (le Mendiant, 1931, Jabbeke, musée Permeke).

À partir de 1935-36, l’artiste s’intéresse à la sculpture, mais ses réussites dans cette technique sont moins décisives, quelques torses féminins exceptés. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il va se consacrer surtout au nu dessiné. Les paysages des dernières années renouvellent le sujet et évoquent une sorte d’abstraction naturaliste d’un coloris aux sonorités profondes. Peu de temps avant sa mort, Permeke fait un voyage en Bretagne (1951).

Son particularisme foncier autant que l’intelligence de ses assimilations font de Permeke une des grandes figures de la peinture figurative de l’entre-deux-guerres. Le musée Permeke à Jabbeke conserve d’excellents exemples des différentes phases de sa carrière.

M.-A. S.

 P. Haesaerts, Laethem-Saint-Martin, village élu de l’art flamand (Arcade, Bruxelles, 1964). / R. Avermaete, Permeke (Arcade, Bruxelles, 1970).

permittivité

Grandeur caractéristique d’un diélectrique.


La notion de permittivité, entrée récemment dans le langage usuel, ne doit pas être confondue avec celle de constante diélectrique ou de pouvoir inducteur spécifique. Cette dernière grandeur, introduite par Faraday à propos de l’influence électrique à travers un isolant, est un nombre sans dimensions K, qui représente le rapport C/C0 entre la capacité C d’un condensateur donné et celle C0 qu’il aurait si le diélectrique était remplacé par le vide. La permittivité ε, au contraire, est un nombre dimensionnel, quotient de la densité de charge Q/S portée par l’armature du condensateur par le champ électrique E = V/L dans le diélectrique. On a donc Q désignant la charge du condensateur, L la distance entre armatures de surface S, V la tension appliquée ; ε s’exprime dans le système M. K. S. A. en farad par mètre. Le vide a une permittivité ε0 voisine de 9 . 10–12 F/m, et le pouvoir inducteur spécifique est K = ε/ε0. On peut choisir l’unité de charge électrique en fonction des unités mécaniques (longueur, masse, temps) de façon à donner à ε0 telle valeur que l’on veut. Dans le système électrostatique C. G. S., c’était H. A. Lorentz avait proposé 1, de telle sorte que la capacité d’un condensateur s’écrivait C = KS/L. Cet usage tend aujourd’hui à disparaître, et l’on écrit C = ε S/L, mais il faudra se souvenir que ε = Kε0, K étant une quantité facile à se remémorer et ayant un sens physique clair.

Du point de vue physique, il faut souligner que la notion de permittivité d’un milieu matériel, tout en étant axiomatiquement correcte, suggère un parallélisme entre le vide et les diélectriques qui ne correspond pas à la réalité. La permittivité du vide est une grandeur parfaitement définie dans la mesure où les équations de Maxwell sont valables, tandis que celle d’un diélectrique ne l’est que si la polarisation est strictement proportionnelle au champ, ce qui est faux en général. Ainsi, la notation aujourd’hui usuelle met sur le même pied les équations de Maxwell, dont personne ne doute, et une proportionnalité approchée, toujours en défaut et parfois entièrement erronée.

Dans la pratique, on est amené à introduire une permittivité variable ou même à abandonner complètement cette notion. Lorsque le milieu représente une relaxation diélectrique linéaire, on considère une permittivité complexe ε′ – ″ ; ε donne la capacité proprement dite C′ = ε′S/L, et le courant en quadrature dans un condensateur I′ = C′Vω, tandis que ε″ donne le courant en phase I″ = C″Vω et la dissipation énergétique dans le condensateur, l’angle de perte étant tg δ = ε″/ε′.

La loi de variation de ε′ et ε″ avec la fréquence dépend de façon compliquée de la nature du milieu (effet Maxwell-Wagner, relaxation dipolaire de Debye).

N. F.

➙ Diélectrique.

 J. C. Anderson, Dielectrics (New York, 1964 ; nouv. éd., 1968 ; trad. fr. Diélectriques, Dunod, 1966).

Perón (Juan Domingo)

Homme d’État argentin (Lobos, Buenos Aires, 1895 - Buenos Aires 1974).



Quelques faits

• Né le 8 octobre 1895.

• Officier de carrière, il est nommé vice-président de la République en 1944, charge qu’il cumule avec celles de ministre de la Guerre et de secrétaire d’État au Travail.

• 1945 : début du mouvement qui constituera le parti péroniste.

• 1946 : il devient président après le triomphe électoral des formations qui l’appuient.

• 1947 : nationalisation des compagnies de chemin de fer françaises et britanniques ; décalogue du Travail, incorporé en 1949 à la Constitution ; premier plan quinquennal, création d’un parti péroniste féminin présidé par sa femme, Eva, née Duarte. Droit de vote aux femmes.

• 1948 : axe Madrid - Buenos Aires (accord avec l’Espagne).

• 1949 : nouvelle Constitution, le président est élu au suffrage universel. Commencement des difficultés économiques.

• 1951 : réélection de Perón à la présidence.

• 1952 : Perón proclamé « libérateur de la République » et Éva « chef spirituel de la nation ». Mort d’Éva Perón le 26 juillet.

• fin 1954 : conflit avec l’Église. Perón dénonce les « marchands de la religion et l’oligarchie ensoutanée ».

• 15 juin 1955 : Rome excommunie Perón.

• 16 juin 1955 : insurrection de l’aéronavale.

• 21 septembre 1955 : démission de Perón, qui part en exil.

• 1962 : succès électoraux des néo-péronistes.

• 1963 : Perón groupe en un parti les mouvements péronistes politiques et syndicaux. Le péronisme exclu de la vie politique.

• 1964 : convention organisatrice du parti justicialiste de Perón. Vaine tentative de retour à Buenos Aires. Perón, refoulé à Río, rentre à Madrid, d’où il continue à diriger ses partisans.

• 14 mars 1965 : victoire péroniste aux élections générales.

• 1966 : succès péroniste aux élections provinciales. Division des péronistes en factions. L’armée prend le pouvoir.

• 1972 (nov.) : Perón est autorisé par le général Lanusse à rentrer en Argentine. En échange, il doit renoncer à se présenter aux élections présidentielles de mars 1973. Ayant déçu ses partisans, il repart pour l’Espagne le 14 décembre.