Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Pékin (suite)

La structure urbaine

L’agglomération actuelle est constituée de trois grands ensembles disposés concentriquement : au cœur, la « Ville murée » traditionnelle, qui couvre 60 km2 (0,4 p. 100 de la superficie totale de la municipalité) ; un ensemble de faubourgs dans sa périphérie immédiate, répartis en trois « arrondissements urbains » (Haiding [Hai-ting], Zhaoyang [Tchao-yang] et Fengtai [Fong-t’ai]), qui couvrent 7,6 p. 100 de la superficie de l’agglomération ; une « grande banlieue », constituée d’un « arrondissement urbain » (Mentougou [Men-t’eou-keou]) et de neuf « districts » annexes par les extensions successives de la municipalité, soit au total 92 p. 100 de la superficie de l’agglomération.

• La Ville murée est un admirable témoin des conceptions urbanistiques de la Chine traditionnelle et constitue un ensemble architectural unique. Elle comprend deux « villes » juxtaposées : la « Ville intérieure » (Neicheng [Nei-tch’eng]), de forme presque carrée (6 km de côté), et la « Ville extérieure » (Waicheng [Wai-tch’eng]), au sud de la précédente, de forme rectangulaire (6 km × 4 km).

La Ville intérieure occupe une partie du site de la Khānbalik, édifiée sous la dynastie mongole des Yuan, et son architecture est celle qui fut conçue par les Ming au xve s. Elle est quadrillée selon un rigoureux plan en damier, de larges avenues délimitant de vastes îlots rectangulaires, dont la plupart ont conservé leur aspect traditionnel, mais assainis : réseau intérieur de ruelles tortueuses (hutong [hou-t’ong]) desservant des maisons à terre ou à un étage, d’où surgissent çà et là quelques hauts édifices modernes (gare, hôtels, bâtiments publics). Au cœur de cette Ville intérieure s’étend la Cité impériale (Huangcheng [Houang-tch’eng]), qui enferme en son centre la « Ville pourpre interdite » (Zijincheng [Tseu-kin-tch’eng]), où se situe le palais impérial. Tout cet ensemble remarquablement préservé constitue une cité-musée dont les palais, les pavillons, les parcs ont été ouverts au publie. Symboles de l’ancien régime et obstacle au développement des communications, les murailles ont été abattues, sauf la partie méridionale qui s’ouvre sur la Ville intérieure par la porte de la Paix céleste (Tian’anmen [T’ien-ngan-men]), devant laquelle s’étend la place la plus vaste de la capitale, la place Tian’anmen (40 ha), centre géographique de Pékin, cadre des grands rassemblements de masse, flanquée au sud de vastes édifices modernes : palais de l’Assemblée du peuple — plus vaste que le palais impérial (172 000 m2) —, musée de l’Histoire, musée de la Révolution, palais du Nouveau Régime, face à la Cité impériale, etc.

La Ville extérieure a été adjointe à la Ville intérieure au xvie s., et son cachet en est très différent : la Ville intérieure étant la résidence des classes privilégiées, les quartiers populaires, les boutiques, les ateliers se sont localisés essentiellement dans celle seconde partie de la Ville murée. De vastes espaces verts subsistent encore dans sa partie méridionale, et notamment les parcs des temples du Ciel et de l’Agriculture, tandis qu’au nord d’importants travaux de rénovation ont amélioré la structure des quartiers populaires.

La Ville extérieure est aujourd’hui desservie, d’ouest en est, par la première ligne de métro de Pékin, récemment mise en service.

• Le développement des activités et des fonctions de la capitale s’est effectué pour une grande part sur le territoire des trois arrondissements urbains de la périphérie de la Ville murée. C’est dans ces faubourgs qu’ont trouvé place maintes réalisations modernes : notamment le palais des Expositions (1954), le planétarium (1957) et le pare zoologique à l’ouest, l’aéroport international et un stade de 80 000 places au nord-est et le nouveau quartier des ambassades occidentales à 15 km au nord de la Ville murée. Mais c’est surtout le développement des fonctions universitaires et industrielles qui caractérise cette partie de l’agglomération de Pékin.

• Les faubourgs du nord-ouest, particulièrement agréables grâce à leurs vastes espaces verts, ont vu s’implanter dès le début du siècle une série d’établissements d’enseignement, et notamment l’université Qinghua (Ts’ing-houa) et l’université de Pékin (installée dans les bâtiments de l’ancienne université Yanjing [Yen-ching University]). Ce noyau initial a été considérablement développé depuis 1949 avec l’implantation d’une quarantaine d’instituts de l’Academia Sinica, de plusieurs dizaines d’établissements d’enseignement supérieur et de toute une série de grandes écoles professionnelles. La plupart de ces établissements se situent sur la grande artère nord-ouest, qui conduit au palais d’Été et qui constitue ainsi le plus grand ensemble universitaire de la Chine.

• Les arrondissements de l’est et du sud-ouest ont, eux, accueilli les nouvelles implantations industrielles, dont la principale concentration s’est effectuée à l’est, le long de la voie ferrée jusqu’à Tongzhou (T’ong-tcheou).


Les fonctions urbaines et régionales

Le développement industriel est un des traits essentiels de l’évolution de la capitale chinoise depuis 1949. Jusque-là la ville était restée à l’écart du mouvement d’industrialisation qui avait atteint la façade orientale du pays, et ses activités étaient demeurées essentiellement à caractère artisanal, les plus célèbres étant la fabrication d’objets en porcelaine, la sculpture du jade et de l’ivoire. Après le premier plan quinquennal (1953-1957) et le « grand bond en avant » (1958-59), elle est devenue un centre industriel moderne, parmi les plus importants du pays : plus de 1 million d’ouvriers en 1960, près de 120 établissements de plus de 1 000 salariés, dont 15 de plus de 5 000. Les industries textiles (coton, laine, lin), mécaniques (locomotives, automobiles, machines-outils, matériel agricole, etc.), électroniques et chimiques (engrais, fibres synthétiques, etc.) sont les branches principales de ce complexe industriel, qui comporte par ailleurs, avec l’annexion des « districts » de « grande banlieue », ses propres bases minérales et sidérurgiques. Dans les collines de l’Ouest est exploité (depuis 1919) le riche gisement de minerai de fer de Longyan (Long-yen) [production en 1958 : 1,4 Mt], dont les réserves sont estimées à quelque 400 Mt, tandis qu’à l’intérieur des limites municipales, à une cinquantaine de kilomètres de la Ville murée, du charbon (anthracite et charbon à coke) est exploité à partir de différents sièges, d’une capacité totale de 5 Mt annuelles et dont le principal est celui de Mentougou. Compte tenu de ces ressources proches, on a édifié et développé à 30 km à l’est de Mentougou le complexe sidérurgique de Shijingshan (Che-king-chan) à partir d’une aciérie créée par les Japonais au cours de la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1969, avec l’adjonction d’un laminoir, Shijingshan est un des principaux ensembles sidérurgiques intégrés du pays, d’une capacité annuelle de plus de 1 Mt d’acier.