Peel (sir Robert) (suite)
De 1830 à 1834, il se retrouve dans l’opposition. Il combat avec vigueur la réforme électorale proposée par les whigs. Néanmoins, une fois le Reform Bill voté, il considère le nouvel équilibre politique comme irréversible. Lorsqu’en novembre 1834 le roi Guillaume IV, las des whigs, renvoie le gouvernement, il fait appel à sir Robert Peel, devenu leader du parti conservateur, pour former un nouveau ministère. Mais ce ministère ne dure que quelques mois, car Peel, ayant fait appel aux électeurs (son manifeste électoral, le « manifeste de Tamworth », propose une sorte de charte du conservatisme rénové), n’obtient pas de majorité et démissionne.
C’est de 1841 à 1846 que se situe la période la plus féconde et la plus brillante de la carrière de Peel. Revenu comme Premier ministre après les élections de 1841 avec une franche majorité tory, Peel compose un solide gouvernement (parmi les ministres, on ne compte pas moins de six Premiers ministres passés ou futurs et quatre futurs gouverneurs généraux de l’Inde). Tout en faisant face à l’agitation chartiste et libre-échangiste ainsi qu’aux campagnes irlandaises pour l’abrogation de l’Union, il s’efforce d’améliorer les relations avec la France, de développer le commerce et de rétablir l’équilibre du budget, compromis par la gestion antérieure des whigs. À cet effet, il abaisse certains tarifs douaniers et rétablit l’income-tax pour créer de nouvelles recettes (1842-43). Il porte un coup sévère au nationalisme irlandais en interdisant les meetings d’O’Connell et en faisant arrêter celui-ci. Puis, convaincu que le libre-échange correspond à l’intérêt du pays, il se décide à prendre la mesure historique : en 1846, les lois sur les blés (Corn Laws) sont abrogées. Mais cette décision, où se révèle la hauteur de vues de Peel en même temps que son génie d’homme d’État, se heurte à l’opposition farouche des conservateurs les plus attachés aux intérêts de la propriété foncière. D’où une scission désastreuse dans le parti conservateur : d’un côté, les « peelistes » suivent Peel sur la voie du libre-échange ; de l’autre, les « protectionnistes », autour de Disraeli* et Derby, prétendent maintenir la pureté de l’héritage conservateur. Privé d’une partie de ses appuis, Peel doit démissionner peu après (été 1846). Il ne reviendra plus jamais au pouvoir. Le 29 juin 1850, il fait une grave chute de cheval et il meurt le 2 juillet. Cette disparition dramatique suscite une immense émotion, car, en choisissant le libre-échange, Peel s’était acquis une grande popularité dans l’opinion.
F. B.
➙ Conservateur (parti) / Grande-Bretagne.
A. A. W. Ramsay, Sir Robert Peel (Londres, 1928). / G. S. R. K. Clark, Peel and the Conservative Party (Londres, 1929 ; 2e éd., 1964) ; Peel (Londres, 1936). / N. Gash, Mr. Secretary Peel (Londres, 1961) ; Sir Robert Peel (Londres, 1972).