pédologie (suite)
• La végétation, elle-même conditionnée par le climat, exerce une triple influence : lorsqu’elle est suffisamment dense, elle crée au niveau du sol un milieu ombragé qui favorise le maintien de l’humidité et influe sur la décomposition de la matière organique. Par son enracinement plus ou moins profond, ensuite, elle joue un rôle dans le lessivage en prélevant à plus ou moins grande profondeur l’eau dont elle a besoin. Enfin, en fonction des débris végétaux qu’elle fournit ainsi que de la microflore et de la microfaune qu’elle favorise, elle exerce sur l’humus une influence parfois essentielle.
• La nature de la roche mère est surtout sensible dans les sols peu évolués ; elle reste cependant notable dans les horizons inférieurs des sols évolués et elle peut, dans certains cas, être déterminante (andosols). Son action se manifeste de deux façons : par la perméabilité, qui rend le lessivage plus ou moins aisé ; par la composition chimique, particulièrement la teneur en calcium et en magnésium, qui agit sur la vie biologique, laquelle peut, en favorisant une bonne structure, freiner le lessivage.
• La topographie joue un rôle essentiel dans la pédogenèse. L’écoulement des eaux dans le sol est accéléré sur les pentes et tend à se faire obliquement, engendrant des chaînes de sols. Inversement, les zones mal drainées connaissent le phénomène d’hydromorphie, caractérisé par une évolution en milieu réducteur. Mais le relief a aussi d’autres conséquences : plus la pente est forte, plus l’eau tend à ruisseler en surface au détriment des infiltrations. Le lessivage est alors ralenti, et les horizons superficiels tendent à être décapés ; le sol, constamment rajeuni, n’évolue guère. Cela n’est cependant possible que dans les milieux où la couverture végétale ne protège pas efficacement le sol (milieux rhexistasiques de H. Erhart) ; dans les milieux biostasiques, au contraire, l’érosion (s. s.) reste insignifiante et les sols peuvent s’approfondir et évoluer.
• Le facteur temps est également important. Les sols ne se forment que lentement. Les sols jeunes restent largement conditionnés par la roche mère, et ce n’est qu’au bout d’une longue évolution qu’ils sont en équilibre avec le milieu bioclimatique (climax climatique), sauf conditions locales particulières (climax stationnel). Mais plus un sol évolue depuis longtemps, plus il y a de chance qu’il ait été soumis à des conditions bioclimatiques variées en rapport avec les changements de climat. La pédogenèse, particulièrement complexe, superpose alors plusieurs modes d’évolution : ce sont les sols polygéniques.
• L’homme, enfin, perturbe la pédogenèse, aussi bien en modifiant le couvert végétal qu’en travaillant les horizons superficiels du sol.
R. L.
➙ Sol.
G. W. Robinson, Soils (Londres, 1932 ; 3e éd., 1949). / P. Duchaufour, Précis de pédologie (Masson, 1960 ; 3e éd., 1970) ; l’Évolution des sols. Essai sur la dynamique des profils (Masson, 1968). / G. Aubert et J. Boulaine, la Pédologie (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1967 ; 2e éd., 1972). / Y. Dommergues et F. Mangenot, Écologie microbienne du sol (Masson, 1970). / H. Margulis, Pédologie descriptive (Privat, Toulouse, 1973). / J. Boulaine, Géographie des sols, (P. U. F., 1976). / P. Duchaufour, P. Faivre et M. Gury, Atlas écologique des sols du monde (Masson, 1976).