Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Peary (Robert Edwin) (suite)

En 1896, Peary présente à l’American Geographical Society son projet de raid vers le pôle en utilisant l’itinéraire qui commence au détroit de Smith et dont il connaît bien maintenant les premières étapes. L’année suivante, il se voit confier un yacht par un Anglais, le Windward : avec ce petit navire, il étudie le littoral de la terre d’Ellesmere et celui de la terre de Grant, qui lui fait suite vers le nord (1898). Il atteint l’extrémité septentrionale du Groenland en 1900, démontrant ainsi que cette région est une île, et fait ensuite plusieurs pointes vers le nord, sur la banquise. Sa renommée, sans cesse accrue, permet d’obtenir des souscripteurs américains les sommes nécessaires à la construction d’un navire conçu pour l’exploration polaire, le Theodor-Roosevelt : avec lui, Peary réussit à franchir, en 1905, le canal Robeson, le plus étroit passage entre le Groenland et la terre de Grant. Le navire est pris par les glaces sans dommage à l’extrémité nord-est de cette dernière, près du cap Sheridan. Un raid avec les traîneaux permet à Peary de battre l’ancien record de Nansen en parvenant à 87° 6′ de latitude (21 avr. 1906).

Désormais, il est prêt pour la dernière étape : en septembre 1908, le Theodor-Roosevelt est de nouveau au cap Sheridan. L’hivernage est consacré à la préparation minutieuse de l’expédition et, en février, les explorateurs gagnent le cap Columbia, un peu à l’ouest du cap Sheridan. Le 1er mars 1909, six détachements se mettent en marche : cinq ont pour seule tâche de préparer le retour de celui qui est dirigé par Peary. On est retardé par des chenaux d’eau libre. Le 1er avril, au-delà de 87° le détachement de Peary, désormais isolé, continue vers le nord. Il comprend le domestique noir Henson et quatre Esquimaux : à défaut d’être seul, le chef de l’expédition est assuré qu’aucun autre Blanc ne connaîtra la gloire en même temps que lui. La dernière étape commence le 6 avril ; le soir, le but tant attendu est atteint. Après une petite cérémonie, où l’on brandit la bannière étoilée, le retour se fait sans difficulté. Tout le monde est au cap Columbia le 23 avril.

S. L.

➙ Arctique.

peau

Membrane qui recouvre toute la surface du corps et qui le sépare du monde extérieur.


La peau de l’homme pèse 3 kg pour un sujet de 75 kg ; sa surface est approximativement de 1 m2, son épaisseur, variable avec la région, de un cinquième de millimètre à 3 mm. Lisse aux joues et aux flancs, plissée au scrotum, son relief comporte des plis de flexion et crêtes papillaires, ces dernières permettant la prise des empreintes digitales (bertillonnage). La peau est criblée des pores sudoripares visibles à la loupe ; elle est recouverte de poils ou de duvet, sauf aux paumes et aux plantes ; elle se continue par les muqueuses* au niveau des orifices naturels. Sa couleur varie avec la race, le sexe, le climat, la profession et l’état de santé.


Constitution histologique

La peau est faite de trois couches superposées : l’épiderme, le derme et l’hypoderme.


L’épiderme

D’origine ectodermique, il comporte à partir de la surface : la couche cornée (cellules aplaties, sans noyaux, à coque de kératine), la couche lucide (qui forme la kératine), la couche granuleuse (chargée de granulations), le corps muqueux de Malpighi (cellules polyédriques liées par des ponts d’union), la couche basale, ou génératrice (cellules à gros noyaux, disposées en palissade, cellules claires et cellules denditriques, facteur de la pigmentogenèse) [v. pigment]. L’épiderme plonge dans le derme par des bourgeons interpapillaires, délimitant les papilles du derme.


Le derme

D’origine mésodermique, il comprend une charpente (fibres collagènes, réticulaires, élastiques), un gel amorphe (substance fondamentale) et des cellules (fibrocytes, histiocytes, mastocytes). On distingue le derme superficiel (corps papillaire) et le derme profond (chorion).


L’hypoderme

Il sépare la peau des couches sous-jacentes. Il est découpé en logettes par des trousseaux fibreux ; ces logettes sont remplies de graisse.

La peau est irriguée par un plexus vasculaire profond et un plexus superficiel qui s’arborise dans les papilles dermiques. Il existe conjointement un important réseau lymphatique dans le derme. L’innervation cutanée est surtout sensitive. L’appareil nerveux provenant des systèmes centraux et sympathiques est surtout dermique et hypodermique. Complexe, il comprend divers corpuscules : de Wagner-Meissner (tact), de Pacini (sensation de pression), de Krause (froid) ; des ménisques tactiles (Merkel-Ranvier) ainsi que des organes cylindriques de Ruffini (chaleur).


Glandes cutanées

Ce sont les glandes sébacées et sudoripares. Les premières sont des glandes en grappe qui s’ouvrent dans le follicule pileux, siégeant dans le derme superficiel. Les secondes sont des glandes en tube ; leur glomérule est dans l’hypoderme et leur canal excréteur rectiligne débouche directement à la peau (pores sudoripares). Cela est le cas pour les plus nombreuses glandes de l’ensemble du tégument. Pour la sphère génitale (aine, périnée, aisselles, mamelon), les glandes sont plus volumineuses (glandes apocrines) ; elles ont un canal excréteur qui s’abouche soit au voisinage des follicules pileux, soit dedans.

La peau comporte encore des phanères : ongles* et poils.


Physiologie

De par sa constitution histologique, la peau est une solide barrière résistant aux petits traumatismes, à la pénétration des parasites, des microbes et des poisons. Mais elle est avant tout l’organe du tact* : elle est réceptrice des sensations tactiles, douloureuses et thermiques, des sensations de pression ou de prurit. De par sa faible conductibilité de la chaleur, elle possède en outre une fonction thermorégulatrice très importante. Elle est enfin chargée des échanges avec l’extérieur, soit en assurant les sorties (eau, déchets organiques), soit en permettant des entrées sous certaines conditions (perméabilité cutanée).