Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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peau (suite)

Hygiène de la peau

Vu le rôle important joué par la peau dans l’élimination des produits irritants ou nuisibles à la nutrition, il est essentiel que celle-ci soit d’une propreté rigoureuse. L’ablution des mains est à faire avant et après chaque repas et celle des pieds et muqueuse une fois par jour. Il faut éviter l’usage des savons antiseptiques, se méfier des savons médicamenteux et utiliser des savons blancs, neutres et non parfumés. Le savonnage quotidien de la face est loin d’être nécessaire, sauf si celle-ci est souillée de poussières. Les femmes, de tégument délicat, ont intérêt à se servir de cold cream, huile d’amandes douces, lait de lanoline.

De toute façon, l’eau froide est à recommander, car l’eau chaude, en ramolissant l’épiderme, favorise les gerçures et les rides. Les produits dits « de beauté » contenant des parfums sont fréquemment cause de dermites, voire de pigmentations. Ajoutons que le vent, le soleil, la chaleur, le froid sont à éviter dans la mesure du possible pour les peaux délicates. La douche quotidienne à l’eau tiède ou fraîche est tonifiante. Elle est indispensable après le travail dans toutes les professions particulièrement salissantes. Les bains (de 30 à 36 °C) de 5 à 10 minutes permettent un meilleur nettoyage. Leur fréquence (une, deux, trois fois ou plus par semaine) varie avec la tolérance cutanée particulière. Pratiqués avec de l’eau très calcaire (Bassin parisien), ils sont parfois mal tolérés, nécessitant alors d’être additionnés d’amidon, de son, de graines de lin, de concentré colloïdal d’avoine, de gélatine.

L’hygiène vestimentaire consiste à éviter des vêtements totalement imperméables. Le port de flanelle, tant prisée à la « Belle Époque », n’est pas indispensable, mais exige que cette flanelle soit changée fréquemment. Il en est de même du linge de corps, qui se doit d’être d’une propreté rigoureuse. Les bas, chaussettes, linge en Nylon ou autres succédanés sont à déconseiller chez les sujets ayant une forte sudation.


Pathologie

Nombre d’affections de la peau sont englobées sous le terme général de dermatose*. Les plus importantes ont été traitées séparément (v. acné, eczéma, impétigo, intertrigo, psoriasis, etc.). Nous étudierons ici les affections héréditaires de la peau (génodermatoses), certaines affections particulières n’entrant pas dans le cadre des dermatoses proprement dites (nævi, angiomes), et les tumeurs de la peau.


Les génodermatoses

Très nombreuses sont les affections de la peau comportant un caractère héréditaire.

La polyfibromatose héréditaire est le nom donné par A. Touraine à des infiltrations faites de nodules ou de nappes fibreuses extériorisant un état constitutionnel d’hérédité en dominance.

Les coussinets des phalanges, siégeant à la face dorsale de la première articulation interphalangienne d’un ou de plusieurs doigts, sont constitués par des élevures ovalaires, râpeuses au palper.

Les génodermatoses abiotrophiques (Gowers) sont représentées par la progérie de Gilford, qui débute dans l’enfance et est caractérisée par le nanisme, une peau amincie sénile, la calvitie précoce, la maigreur, l’artériosclérose et la mort prématurée ; l’acrogérie de Gottron s’observe dès la naissance : mains et pieds sont décharnés et séniles.

Le syndrome de Rothmund apparaît entre 2 mois et 3 ans. Cette polydysplasie provoque une petite taille, une atrophie cutanée réticulée, une cataracte bilatérale précoce, un niveau mental moyen ; la longévité est sensiblement normale.

Le syndrome de Werner débute à l’âge adulte par la « fonte » des mains, pieds et visage (faciès d’oiseau, membres de cadavre). La canitie est précoce, ainsi que l’alopécie, et la cataracte survient vers 40 ans.

Les génodermatoses associées (Kissel et Beurey) sont des polydysplasies associant lésions cutanées et manifestations nerveuses, oculaires et viscérales.

La maladie de Recklinghausen, ou neurofibromatose, apparaît dans l’enfance. Elle est essentiellement caractérisée par des pigmentations (taches hépatiques), des molluscums pendulums, dont l’un peut être géant (tumeur royale), et des neurinomes périphériques siégeant sur les trajets des nerfs.

La sclérose tubéreuse de Bourneville, ou épiloïa de Sherlok, associe des manifestations encéphalitiques précoces (convulsions dans l’enfance) et ultérieurement un retard intellectuel à des manifestations cutanées. Celles-ci, apparues dans la deuxième enfance, comportent des adénomes faciaux blancs ou rouges et des tumeurs de Koenen (petites proliférations charnues se détachant du sillon périunguéal). Des phacomes rétiniens sont souvent décelés à l’examen du fond d’œil.

L’ichtyose est une dystrophie cutanée : l’ichtyose vulgaire réalise à divers degrés un état de sécheresse et de desquamation en écailles de l’ensemble du tégument qui le fait ressembler à la peau d’un poisson. L’ichtyose ne respecte ni les plis articulaires ni les muqueuses. Elle est héréditaire et familiale, mais non congénitale, et n’apparaît que dans les premières années de la vie.

Les ichtyoses tardives, acquises, s’observent chez les tabétiques, les cachectiques et les sujets atteints de la maladie de Hodgkin.


Les nævi

Sous le nom de « nævus », l’usage englobe de multiples dystrophies circonscrites embryonnaires. En réalité, seules les lésions formées de cellules næviques de Unna sont des nævi, les autres n’étant dues qu’à une hypoplasie ou à une hyperplasie des éléments normaux de la peau (tumeurs nævoïdes). Seuls les nævi peuvent dégénérer en nævo-carcinomes. Souvent congénitaux, ils sont de caractère familial sans être héréditaires.

• Nævi pigmentaires proprement dits. Les lentigines (lentigo, grain de beauté) sont de petites taches lenticulaires, noires ou brunes, plates ou peu saillantes, siégeant de préférence au visage. La lentiginose périorificielle faciale est parfois associée à une polypose recto-colique susceptible de dégénérer (syndrome de Peutz, Touraine et Jeghers). Les nævi mélaniques tubéreux, très fréquents, varient en taille, en forme, en consistance et en couleur (café-au-lait, noir encre-de-Chine). Les blancs sont exceptionnels (nævi cellulaires achromiques). Les nævi bleus sont dus au siège profond du pigment. La tache mongolique lombaire est presque constante en Chine et au Japon. Elle ne dégénère pas et disparaît à la puberté.