Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Parthes (suite)

Les Parthes avaient, en disparaissant, expié l’anarchie dynastique qui affaiblissait constamment leur pouvoir. Ils avaient conquis leur empire grâce à une valeur guerrière remarquable, qui avait terrifié les Romains de Crassus : cavaliers, adeptes comme les Scythes du port du pantalon, ils excellaient dans l’emploi de l’arc, et leur cavalerie lourde de cataphractaires portait un habillement d’écaillés métalliques rappelant de loin la cotte de mailles.

Tout cela évoque la steppe, mais les Parthes s’étaient de très bonne heure iranisés et ils s’étaient aussi montrés philhellènes. Au total, ils avaient été très tolérants quant à la civilisation en général et à la religion en particulier. L’un de leurs rois s’était intéressé au canon de l’Avesta. Nous savons surtout qu’à cette époque le bouddhisme avait pénétré l’est de l’empire, et que le christianisme en avait fait autant, surtout en Mésopotamie. À Babylone, la voie avait été ouverte par l’importante colonie juive, très active à cette époque (codification du Talmud), et aucunement solidaire de la révolte juive dans l’Empire romain.

La durée assez longue de la domination parthe avait permis la création de nouvelles capitales : Hatra, Ctésiphon. Dans le cas de cette dernière, il y avait eu juxtaposition à l’ancienne Séleucie, respectée telle quelle, dans sa population et ses traditions. Ces villes nouvelles avaient un plan rond, à la manière des campements militaires. Les constructions d’époque parthe combinent des éléments helléniques et orientaux, sans produire des réalisations d’une très grande originalité. Classique est le palais d’Hatra, en Mésopotamie du Nord, dont les ruines ont été explorées de longue date : grandes salles à haute voûte, ouvertes sur l’extérieur sur toute la façade (iwān), décor hellénistique de moulures et d’acanthes. L’art des Parthes se tournait plus volontiers vers le décor de petits objets : anciens nomades, ils n’avaient pas de traditions architecturales, mais aimaient orner les objets d’usage courant, comme les armes, les vêtements, les harnachements de chevaux. Le travail du métal les a inspirés, qu’il s’agisse de statuaire (statue monumentale d’un Parthe, trouvée à Shami) ou d’orfèvrerie (coupes, bijoux). Les monnaies parthes, vraisemblablement œuvres d’artistes grecs, sont très belles au début de la dynastie. Puis elles évoluent, sous diverses influences de l’Orient, et en particulier de l’art gréco-bactrien. C’est là d’ailleurs une chose assez symptomatique : l’hellénisme a eu une plus grande vogue au début de l’époque parthe, puis les tendances orientales ont pris une importance croissante. L’art sassanide se caractérisa par une réaction plus marquée encore contre l’hellénisme.

R. H.

➙ Arsacides / Iran / Rome.

 N. C. Debevoise, A Political History of Parthia (Chicago, 1938 ; nouv. éd., 1969). / R. Ghirshman, Parthes et Sassanides (Gallimard, 1962).

parti politique

Ensemble d’individus et, le cas échéant, de groupes, librement et durablement organisés à différents niveaux, à la recherche d’un soutien populaire pour la conquête, l’exercice ou la conservation du pouvoir politique.



Généralités

Ainsi défini, le parti politique se distingue du simple groupe parlementaire, dont l’organisation est limitée au seul niveau du Parlement. Il ne se confond pas, non plus, avec le groupe* de pression, dont le but ultime n’est pas le pouvoir, mais l’influence sur le pouvoir. Il est davantage qu’un club politique, sorte de groupe de pression dans l’ordre des idées, qui vise à influencer les élites et non pas à mobiliser militants ou électeurs à des fins politiques. Il diffère, enfin, des cliques ou factions politiques, protopartis dont l’existence dépend entièrement de la fortune politique d’un homme.

Les partis politiques sont relativement récents ; ils sont issus de la démocratisation du suffrage et de la modernisation des techniques et des sociétés, qui permet et implique l’établissement de relations régulières et nombreuses entre les personnes et les groupes. Les premiers partis politiques, au sens propre du terme, sont nés aux États-Unis, vers 1830, sous l’égide du président Jackson et du système « des dépouilles » : ainsi, il apparaît que la corruption peut servir la modernisation politique et, partant, creuser elle-même sa propre tombe. En Europe, le premier comité local de parti est sans doute le caucus de Birmingham, fondé par les libéraux britanniques au lendemain de la réforme électorale de 1867. En France, les partis n’apparaissent guère avant la fin du xixe s. ; le doyen des partis français, le parti républicain radical et radical-socialiste, date de 1901. Dans les vieux États-nations, les partis ont pris place à l’intérieur d’un cadre politique déjà bien différencié, avec ses institutions — gouvernement, administration, Parlement — et ses normes générales. Il en va autrement dans les nouveaux États du tiers monde, où les partis surgissent en même temps que l’État, dans une sorte de vide institutionnel, voire normatif, au niveau de l’ensemble national. De ce fait, les partis des pays en voie de développement présentent des caractères spécifiques : direction charismatique ; fonctions multiples et variées, qui dépassent largement le domaine politique ; difficulté à se situer d’emblée à un niveau national, qui conduit souvent le système politique à résoudre ses tensions par l’institution d’un système de parti unique, ou quasi unique.

Certains spécialistes refusent l’appellation de parti politique à l’organisation qui en tient lieu dans un régime de parti unique. Ce qui, par définition, est « partiel » (pars) — arguent-ils — ne saurait parler au nom du tout ; les partis expriment des divisions sociales et politiques, il ne peut donc exister de parti solitaire et unique. Cette position ne semble ni réaliste ni bien fondée. Elle manque de réalisme dans la mesure où la simple observation montre que le phénomène des partis est aujourd’hui universel et ne se limite pas aux démocraties occidentales. Elle est mal fondée parce qu’elle repose sur un jugement de valeur. Pour E. E. Schattschneider, par exemple, « les partis ne prennent pas le pouvoir par un coup d’État. Ils agissent dans le cadre du régime. » C’est nier la possibilité d’une conquête révolutionnaire du pouvoir ou dénier aux partis révolutionnaires — ou aux « ligues » contre-révolutionnaires — le litre de parti. Les partis communistes cesseraient-ils donc d’être des partis dès lors qu’ils auraient pris, d’une façon ou d’une autre, le pouvoir qu’ils revendiquent pour changer l’ordre social établi ? La difficulté peut être aisément surmontée si l’on veut bien considérer qu’il existe d’une part différents types de partis, d’autre part différents types de systèmes de partis. La spécificité des éléments et de l’ensemble, dans chaque type, apparaît alors, sans que la définition du parti politique soit indûment restreinte en fonction d’une conception, parmi d’autres, de ce qui est légitime et de ce qui ne l’est pas dans l’action politique. Le parti totalitaire, le système de parti unique représentent une espèce de parti, une espèce de système de parti, spécifiques sans cesser pour autant d’appartenir au genre.