Parthes (suite)
Les Parthes avaient, en disparaissant, expié l’anarchie dynastique qui affaiblissait constamment leur pouvoir. Ils avaient conquis leur empire grâce à une valeur guerrière remarquable, qui avait terrifié les Romains de Crassus : cavaliers, adeptes comme les Scythes du port du pantalon, ils excellaient dans l’emploi de l’arc, et leur cavalerie lourde de cataphractaires portait un habillement d’écaillés métalliques rappelant de loin la cotte de mailles.
Tout cela évoque la steppe, mais les Parthes s’étaient de très bonne heure iranisés et ils s’étaient aussi montrés philhellènes. Au total, ils avaient été très tolérants quant à la civilisation en général et à la religion en particulier. L’un de leurs rois s’était intéressé au canon de l’Avesta. Nous savons surtout qu’à cette époque le bouddhisme avait pénétré l’est de l’empire, et que le christianisme en avait fait autant, surtout en Mésopotamie. À Babylone, la voie avait été ouverte par l’importante colonie juive, très active à cette époque (codification du Talmud), et aucunement solidaire de la révolte juive dans l’Empire romain.
La durée assez longue de la domination parthe avait permis la création de nouvelles capitales : Hatra, Ctésiphon. Dans le cas de cette dernière, il y avait eu juxtaposition à l’ancienne Séleucie, respectée telle quelle, dans sa population et ses traditions. Ces villes nouvelles avaient un plan rond, à la manière des campements militaires. Les constructions d’époque parthe combinent des éléments helléniques et orientaux, sans produire des réalisations d’une très grande originalité. Classique est le palais d’Hatra, en Mésopotamie du Nord, dont les ruines ont été explorées de longue date : grandes salles à haute voûte, ouvertes sur l’extérieur sur toute la façade (iwān), décor hellénistique de moulures et d’acanthes. L’art des Parthes se tournait plus volontiers vers le décor de petits objets : anciens nomades, ils n’avaient pas de traditions architecturales, mais aimaient orner les objets d’usage courant, comme les armes, les vêtements, les harnachements de chevaux. Le travail du métal les a inspirés, qu’il s’agisse de statuaire (statue monumentale d’un Parthe, trouvée à Shami) ou d’orfèvrerie (coupes, bijoux). Les monnaies parthes, vraisemblablement œuvres d’artistes grecs, sont très belles au début de la dynastie. Puis elles évoluent, sous diverses influences de l’Orient, et en particulier de l’art gréco-bactrien. C’est là d’ailleurs une chose assez symptomatique : l’hellénisme a eu une plus grande vogue au début de l’époque parthe, puis les tendances orientales ont pris une importance croissante. L’art sassanide se caractérisa par une réaction plus marquée encore contre l’hellénisme.
R. H.
➙ Arsacides / Iran / Rome.
N. C. Debevoise, A Political History of Parthia (Chicago, 1938 ; nouv. éd., 1969). / R. Ghirshman, Parthes et Sassanides (Gallimard, 1962).