Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Panamá (les scandales de) (suite)

Le 20 décembre, la levée de l’immunité parlementaire est demandée contre cinq députés, dont Rouvier et le journaliste Emmanuel Arène (elle sera suivie par celle de cinq sénateurs). Le même jour, Paul Déroulède attaque Clemenceau avec fureur. Dans le duel au pistolet qui suit, toutes les balles se perdent ; la carrière du leader radical sera toutefois brisée jusqu’à la fin du siècle.

L’âge et l’état physique de Ferdinand de Lesseps lui épargneront d’être présent au procès ; l’arrêt ne lui sera pas non plus signifié et le « Grand Français » ne purgera pas sa peine : cinq ans de prison, comme pour son fils Charles ; Gustave Eiffel et deux administrateurs sont condamnés à deux ans de prison. Les condamnés, sauf Charles, qui doit encore être jugé pour corruption, sont libérés le 15 juin : les arrêts, sévères, ont été cassés, car les accusés étaient, en fait, couverts par une prescription. En ce qui concerne la corruption, quatorze parlementaires fourniront, plus ou moins aisément, des explications sur les versements dont ils ont pu bénéficier. Finalement, le procès en corruption sera, lui, singulièrement clément pour les prévenus : cinq parlementaires et un administrateur sont acquittés ; seuls sont condamnés : à cinq ans de prison, l’ancien ministre Baïhaut ; à deux ans, un comparse, Blondin ; à un an, Charles de Lesseps (il sera libéré en sept. 1893). Cornélius Herz est condamné, par défaut, à cinq ans. Enfin, à la suite de révélations d’un ancien intermédiaire du baron de Reinach, Léopold Arton, de nouvelles poursuites seront lancées en 1897 contre trois députés, un sénateur et cinq anciens députés : elles se termineront par un acquittement général.

Malgré son tumulte extraordinaire, le scandale de Panamá ne sera pas un désastre pour le régime, puisque les républicains l’emporteront largement aux élections de 1893. Mais les socialistes, avec une quarantaine d’élus, font une percée qu’ils doivent très largement à l’immense dégoût contre les « puissances d’argent » qui s’est alors largement développé dans une partie de l’opinion. Il restera encore un puissant courant de mépris vis-à-vis du parlementarisme et de la « politique », dont on peut dire qu’il n’a pas été encore complètement tari.

S. L.

➙ Lesseps (Ferdinand de) / République (IIIe).

 A. Dansette, les Affaires de Panama (Perrin, 1933). / A. Siegfried, Suez, Panama et les routes maritimes mondiales (A. Colin, 1940). / J. Bouvier, les Deux Scandales de Panama (Julliard, coll. « Archives », 1964).

pancréas

Glande à sécrétion mixte, interne et externe, annexée au tube digestif.


Le pancréas, solidaire de l’anneau duodénal, est très profondément situé, devant la colonne vertébrale, à la partie haute de l’abdomen.


Description anatomique

Le pancréas pèse en moyenne 80 g ; long de 15 cm environ, haut de 5 cm, épais de 2 à 4 cm, il est blanc rosé, lobule, ferme mais friable et hémorragique sous le fil. On y distingue trois parties : la tête, le corps et la queue.

La tête, encastrée dans le duodénum, se prolonge en bas par le petit pancréas. Le corps, qui est séparé de la tête par un isthme, ou col du pancréas, précède la queue, plus effilée.

Les canaux pancréatiques acheminent la sécrétion externe du pancréas vers le duodénum. Ils sont au nombre de deux.

Le canal de Wirsung se jette dans le deuxième duodénum au niveau de la grande caroncule, après s’être uni au canal cholédoque : les deux canaux débouchent ensemble dans une cavité, l’ampoule de Vater, qui s’ouvre dans la grande caroncule. Un sphincter commun, le sphincter d’Oddi, règle l’évacuation de ces canaux.

Le canal de Santorini, beaucoup plus petit, se jette également dans le deuxième duodénum.


Les rapports du pancréas

• La tête du pancréas, ou portion droite de la glande, est caractérisée par ses rapports avec le duodénum et la voie biliaire principale.

En avant des fascias d’accolement, les anses grêles, le foie, le fond de la vésicule et le côlon transverse recouvrent la tête du pancréas.

La face postérieure est accolée à la paroi abdominale postérieure par le fascia de Treitz.

Le pied de la veine porte, née derrière l’isthme pancréatique, se rapproche du cholédoque (rapport crucial), des vaisseaux pancréatico-duodénaux supérieurs droits, des ganglions lymphatiques.

La circonférence de la tête reçoit le duodénum comme « un pneu sur sa jante ». Le bord supérieur est échancré par le premier duodénum. Le bord droit a les rapports les plus intimes, renforcés par l’abouchement commun des canaux bilio-pancréatiques. Le bord inférieur est croisé par les vaisseaux mésentériques supérieurs.

• Le corps du pancréas est séparé de la tête par l’isthme. En avant, il répond à la paroi postérieure de l’estomac par l’intermédiaire de l’arrière-cavité des épiploons. En arrière, par l’intermédiaire d’un fascia d’accolement, on trouve l’aorte, le plexus solaire, la naissance de l’artère mésentérique supérieure. À gauche, la queue du pancréas est située dans l’épiploon pancréatico-splénique et répond à la rate.


Structure histologique

Le pancréas est une glande mixte, à la fois endocrine et exocrine : c’est dire que se trouvent juxtaposées en lui des glandes déversant leur produit dans des canaux collecteurs destinés au tube digestif et des glandes sans canal excréteur, mais intimement liées aux capillaires sanguins dans lesquels elles déversent, leurs hormones. Le pancréas exocrine se présente sous forme d’innombrables acini répartis de façon dense dans une trame conjonctive ténue, simple support des vaisseaux et des nerfs. Le pancréas endocrine est formé par les îlots de Langerhans, petits amas cellulaires denses, riches en vaisseaux, disséminés au milieu des acini dont les séparent quelques fibres collagènes. Il est difficile d’apprécier le nombre de ces amas : il est souvent compris entre 500 000 et 1 000 000. Le plus grand nombre se trouve dans la queue du pancréas. Ces îlots contiennent divers types de cellules : les cellules bêta sont les plus nombreuses ; elles sont souvent au centre de l’îlot, au plus près des capillaires. Ces cellules élaborent des granules cristallins de taille croissante, au sein de vacuoles. Ce sont elles qui produisent l’insuline*. Les cellules alpha sont trois à quatre fois moins nombreuses et contiennent de volumineux granules. Ce sont elles qui sécrètent le glucagon, hormone hyperglycémiante. Les cellules delta sont rares (5 p. 100). Elles sont situées à la périphérie de l’îlot ; ces cellules sont susceptibles de sécréter une substance très proche de la gastrine, sécrétée par la paroi antrale de l’estomac*. On verra leur rôle dans certains états pathologiques (syndrome de Zollinger-Ellison).

À côté de ces trois types de cellules existent des cellules sans granulations qui seraient des cellules n’ayant pas commencé leur cycle sécrétoire, et de grandes cellules riches en mitochondries qui pourraient être intermédiaires entre les cellules exocrines et les cellules endocrines.