Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paléologues (les) (suite)

L’agonie de l’Empire

Dans la guerre civile qui opposa l’usurpateur Jean Cantacuzène (1341-1354) au basileus légitime Jean V Paléologue (1341-1391), on fit la part belle à tous les ennemis de Byzance, car chacun des deux camps sollicita leurs services. Les Turcs Osmanlis profitèrent de ces divisions pour prendre définitivement pied en Europe, en s’emparant à l’improviste de Gallipoli (mars 1354). La chute de cette ville fut fatale à Cantacuzène : en novembre 1354, les partisans de l’empereur légitime le forcèrent à se retirer.

La mort du puissant prince serbe Dušan (1355) et la décomposition de son royaume laissèrent Byzance seule en face des Osmanlis, qui firent main basse sur la Thrace. Pour obtenir du secours, le basileus se rendit en Hongrie (1366), puis à Rome, où il abjura la foi orthodoxe (oct. 1369), mais en pure perte : les Vénitiens n’hésitèrent même pas à le retenir prisonnier comme débiteur insolvable (1371). Or, au même moment, les Turcs pénétraient en Macédoine : toutes les provinces slaves du Sud firent leur soumission, et le basileus lui-même dut bientôt combattre aux côtés du Sultan. Après la bataille de Kosovo (15 juin 1389), la Serbie fut à son tour réduite au rang de vassale.

À la nouvelle de la mort de son père (16 févr. 1391), Manuel II (1391-1425), qui résidait à Brousse à la cour du sultan Bayezid Ier, regagna la capitale, qui était à présent tout l’Empire. Le Sultan en commença le siège en 1394, tandis que ses armées progressaient au même moment en Morée byzantine et dans le nord des Balkans. Une croisade occidentale mise sur pied pour les arrêter échoua : ses forces furent écrasées à Nicopolis (25 sept. 1396), et tout ce qui restait de la Bulgarie passa sous le joug turc. Comme son père, Manuel II demanda des secours de tous côtés et entreprit à cet effet un long voyage en Occident. On lui prodigua partout, à Venise, à Paris et à Londres, honneurs et promesses, mais nul ne se soucia de lui venir en aide. Manuel II trouva un allié inattendu dans le khān mongol Tīmūr Lang* qui détruisit l’armée turque à Ankara (28 juill. 1402) et fit prisonnier Bayezid Ier. Ce revirement de la fortune retarda d’un demi-siècle l’agonie de Byzance, d’autant que le sultan Mehmed Ier (1413-1421) ne lui témoigna aucune hostilité. Mais tout changea avec son successeur, Murad II (1421-1451), qui assiégea Constantinople, ravagea la Morée et enleva Thessalonique (1430).

Le fils de Manuel II, Jean VIII (1425-1448), hérita d’une capitale dépeuplée (environ 40 000 hab.) et moribonde, dont la ruine financière et économique était totale. Il crut sauver Constantinople en se tournant vers la papauté, bien qu’elle exigeât toujours l’abjuration en échange d’un secours très aléatoire. L’union religieuse fut proclamée au concile de Florence le 6 juillet 1439 : son principal résultat fut d’aggraver la désunion intérieure et extérieure, nullement de sauver Byzance. Une croisade occidentale connut d’abord de belles victoires, mais elle s’acheva par la déroute de Varna le 10 novembre 1444.

Quant le sultan Mehmed II (1451-1481) décida d’en finir, le nouvel empereur Constantin XI Dragasès (1449-1453) plaça, lui aussi, tous ses espoirs dans une aide occidentale : elle ne lui fut pas accordée, et les Turcs s’emparèrent de la ville impériale le 29 mai 1453. L’Empire byzantin cessait d’exister, et Constantinople devenait la capitale de l’Empire ottoman.

P. G.

➙ Byzantin (Empire) / Cantacuzènes / Ottomans.

 F. Babinger, Mahomet II le conquérant et son temps (Payot, 1954). / S. Runciman, The Fall of Constantinople, 1453 (New York, 1965 ; nouv. éd., 1969). / L. P. Raybaud, le Gouvernement et l’administration centrale de l’Empire byzantin sous les premiers Paléologues, 1258-1354 (Sirey, 1968). / J. W. Barker, Manuel II Palaelogus. A Study in Late Byzantine Statesmanship (New Brunswick, N. J., 1969).

paléomagnétisme

Étude de l’évolution du champ magnétique terrestre durant l’ensemble du passé de la planète à l’exception, toutefois, de la période historique ou protohistorique qui est du ressort de l’archéomagnétisme*.



Généralités

Le seul vestige du champ passé est l’empreinte qu’il a laissée dans les roches sous forme d’une aimantation qui, lorsque les conditions ont été favorables, s’est fossilisée et s’est conservée jusqu’à nos jours.

La technique fondamentale du paléomagnétisme est l’analyse de l’aimantation actuelle des roches, dite « aimantation rémanente naturelle » (ARN), de façon à isoler la composante acquise à une époque donnée du passé, souvent celle qui correspond à la mise en place de la roche (aimantation thermorémanente, détritique), parfois celle qui correspond à une période ultérieure (aimantation chimique). Il est essentiel de connaître l’orientation que possédait la roche au moment de son aimantation. Il est, de plus, tout aussi essentiel de connaître l’âge de la roche, que l’on peut obtenir soit par un repérage stratigraphique, soit par radiochronologie.

Le travail réalisé en paléomagnétisme comporte les stades suivants :
a) repérage sur le terrain de sites favorables ;
b) récolte d’échantillons orientés de roches ;
c) mesure et analyse de l’aimantation portée par les échantillons ;
d) groupement et critique des résultats obtenus ;
e) exploitation et interprétation.

Les techniques utilisées pour la récolte d’échantillons dépendent du milieu (continental ou océanique) et du but poursuivi.

Divers appareillages ont été élaborés pour les mesures (magnétomètres astatiques, magnétomètres à induction). Leur sensibilité est suffisante pour déterminer l’aimantation de n’importe quel type de roche.

L’analyse est faite très généralement par désaimantation progressive à l’aide de champs alternatifs d’intensité allant le plus souvent jusqu’à 500 œrsteds, mais parfois jusqu’à 2 000 ou 3 000 œrsteds.

La critique de la précision d’un ensemble de données utilise les méthodes statistiques de Fisher.

L’exploitation et l’interprétation des résultats font intervenir quelques caractères fondamentaux du champ terrestre.