Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
P

Paléolithique (suite)

U. R. S. S.

Le site de Molodova, sur les rives du Dniestr, révèle un habitat du Moustérien final et a livré onze niveaux répartis sur cinq stations. À Molodova I, on a découvert un habitat du Moustérien final : cabane de forme ovale (10 m × 7 m) entourée d’os de Mammouth. À Molodova V, la stratigraphie s’étend du Moustérien à l’Épipaléolithique. Kiik-Koba et Siouren, en Crimée, se rattachent l’un à la phase moyenne, l’autre à la phase supérieure du Paléolithique. Les gisements ukrainiens de Mezine et de Pouchkari ont révélé des traces d’habitation attribuables au Paléolithique supérieur récent.

Les sites de Kostienki et de Sounguir constituent sans doute les documents les plus impressionnants sur le Paléolithique russe. Le village de Kostienki (vallée du Don) possède dix-huit gisements, dont les plus célèbres sont Kostienki I, IV, VIII et XIV, encore appelés Poliakova, Aleksandrovskaïa, Telmanskaïa et Markina-Gora. La couche inférieure de Kostienki I a livré une habitation circulaire de 5 m de diamètre ainsi qu’une industrie lithique de type moustérien. La couche supérieure a livré une grande habitation ovale (35 m × 15 m). Un squelette de type Cro-Magnon a été trouvé à Kostienki II. La couche inférieure de Kostienki IV contenait deux habitations circulaires de 6 m de diamètre, un outillage lithique proche de celui de Kostienki I et un outillage osseux abondant ; la couche supérieure contenait deux habitations en long (34 et 23 m). Kostienki VIII recelait une industrie assimilable aux techniques moustériennes et solutréennes, sans doute contemporaine du Gravettien occidental. La couche 3 de Kostienki XIV (quatre niveaux) conservait les restes d’un Homme d’une vingtaine d’années sans mobilier funéraire. La couche inférieure semble marquer la transition entre les phases moyennes et supérieures du Paléolithique. Le campement de chasseurs de Sounguir s’étend sur plus de 1 500 m2. Les restes d’animaux (Mammouth, Renne, Élan, Bison et Cheval) sont associés à un outillage de type moustérien contemporain du Gravettien occidental. En 1964, la découverte de deux sépultures a éclairé les rites funéraires des chasseurs paléolithiques.


Asie

• Au Moyen-Orient, la grotte de Shanidar (nord de l’Iran), fouillée entre 1951 et 1965, a livré plusieurs dépôts allant du Paléolithique au Mésolithique. Les couches inférieures, datant de – 48 000 à – 44 000, contenaient des industries moustériennes et huit squelettes néandertaliens. Le Paléolithique supérieur (Baradostien) apparaît entre 33 000 et 25 000 av. J.-C. Dans les couches supérieures du gisement de Yabrūd (ou Jabroud, Syrie), on reconnaît des industries d’allure aurignacienne.

• En Asie orientale, les sites des Paléolithiques moyen et supérieur sont les mêmes que ceux de la phase ancienne. Citons néanmoins les anciens campements de Malta et de Bouret, sur les bords du lac Baïkal (Sibérie) comme appartenant à la « culture de l’Angara ».

• Le gisement de Shuitongkou (Chouei-t’ong-k’eou) [plateau de l’Ordos, Chine], près du Huanghe (Houang-ho), contient des os de Cheval, de Bœuf et des coquilles d’œufs d’Autruche associés à des produits de débitage levallois, une industrie moustéroïde ainsi que des outils sur lames. On rapporte souvent cet ensemble à la « culture de l’Ordos ».

• Divers sites de la vallée de la Solo (Java) appartiennent à la « culture de Ngandong », œuvre d’un Paléanthropien (Homo soloensis) qui remonte à une centaine de millénaires.


Afrique

• En Afrique du Nord, le matériel de Biral-Ater, au sud de Tébessa (Algérie), a défini le faciès atérien rencontré dans tout le Maghreb. La stratigraphie de Taforalt, près d’Oujda (Maroc), montre la succession du Levalloiso-Moustérien, de l’Atérien et de l’Ibéro-Maurusien (de – 10 000 à – 9 000 pour cette dernière industrie). L’oasis de Kharguèh (Al-Khārdja, Égypte) est éponyme du Kharguien et présente une série allant du Paléolithique inférieur à un Levalloiso-Kharguien, lui-même suivi de Kharguien, puis d’Atérien et enfin d’Épilevalloisien précédant les stades microlithiques et néolithiques.

• En Afrique orientale et du Sud, le matériel de la région de Still Bay (province du Cap) a défini le faciès stillbayen, lequel a été reconnu jusqu’en Abyssinie et en Somalie. Au Kenya, Naivasha raccorde le Levalloiso-Moustérien et le Stillbayen. Gamble’s Cave, près d’Elmenteita, offre neuf niveaux allant du Capsien du Kenya à l’Elmenteitien et contenant cinq sépultures dont les squelettes révèlent des caractères proches des Bantous actuels. Le village ougandais de Magosi est éponyme du Magosien.


Sources ethnographiques

Les études concernant des populations primitives vivant encore de nos jours à un stade proche du Paléolithique constituent un aspect essentiel dans la documentation du Préhistorien. C’est le cas des Esquimaux, des aborigènes australiens et de certains Indiens de la forêt amazonienne, tels que les Xetas. La reconstitution des sociétés préhistoriques à partir des enquêtes ethnographiques relève de la palethnologie et exige beaucoup de prudence de la part de l’anthropologue.

Paléologues (les)

Derniers empereurs de Constantinople (1261-1453).


La reconquête de Constantinople sur les Latins s’accompagna de la formation d’une nouvelle dynastie : quand Michel VIII Paléologue ceignit la couronne à Sainte-Sophie en septembre 1261, l’héritier légitime, Jean IV Doukas Lascaris, un enfant de dix ans, fut tenu à l’écart de toutes les festivités, et, pour lui barrer la route du pouvoir, on prit la précaution de l’aveugler. La lignée des Paléologues allait tenir les rênes jusqu’au dernier jour de l’Empire.


La restauration de l’Empire

La reconquête de la capitale le 25 juillet 1261 rendit à l’Empire byzantin son rang de grande puissance, mais cette situation comportait des dangers, et Michel VIII Paléologue (1261-1282) employa toute son énergie à empêcher une croisade occidentale de restaurer l’Empire latin. L’âme de ce projet était Charles Ier d’Anjou, roi de Sicile (1266-1285) et frère de Saint Louis, qui essaya de grouper dans une vaste coalition tous les États qui avaient intérêt à la ruine de Byzance : Achaïe, Épire, Thessalie, Serbie et Bulgarie. Ce fut l’occasion pour le basileus de déployer son génie diplomatique. Contre les Serbes, il fit alliance avec les Hongrois, et contre les Bulgares, avec les Tatars de la Russie méridionale. Mais il comprit qu’il lui fallait surtout se concilier Rome : seule la papauté pouvait favoriser ou brider les ambitions de l’Angevin. Pour ce faire, il joua, comme ses prédécesseurs, de l’union des Églises, éternelle source de marchandages de la diplomatie byzantine. L’union fut scellée au concile de Lyon le 6 juillet 1274 : Byzance reconnaissait la primauté du pape et la foi romaine. L’opposition acharnée du peuple byzantin à cet accord fut brisée par tous les moyens, même les plus cruels, et le basileus maintint jusqu’à sa mort cette union religieuse, seul moyen, à ses yeux, de sauver l’Empire de l’anéantissement.