Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Paléolithique (suite)

• En Asie du Sud-Est, les rares choppers du site de Bhan-Kao (vallée du Fingnbi, Thaïlande) ont défini le Fingnoien, et ceux de la vallée de l’Irrawaddy (Birmanie) l’Anyathien. Dans la vallée du Perak (Malaisie), l’outillage de Kota-Tampan constitue le Tampanien, faciès proche du Padjitanien, rencontré à Pacitan dans les alluvions de la Baksoka, sur la côte sud de Java : il est composé de choppers et de bifaces grossiers rappelant l’Abbevillien.

• Cinq sites préhistoriques chinois ont été fouillés dans la région de Zhoukoudian (ou Tcheou-k’eoutien), à 60 km au sud-ouest de Pékin. Retrouvé dans un niveau contemporain de la glaciation de Mindel (plus de 400 000 ans), un galet taillé constitue la plus ancienne marque de l’Homme en Chine. Là furent découvertes les dents du Sinanthrope (Sinanthropus pekinensis).


Paléolithique moyen et Paléolithique supérieur

L’Homme du Paléolithique supérieur a laissé de nombreux vestiges en Europe, principalement en France et en Espagne.


Europe occidentale

Les vallées de la Dordogne, de la Vienne et de la Charente possèdent trop de gisements pour être énumérés. Retenons les sites éponymes de faciès industriels : Le Moustier (Dordogne), Aurignac (Haute-Garonne), La Gravette (Bayac, Dordogne), l’abri de La Madeleine (Tursac, Dordogne), la grotte des Fées à Châtelperron (Allier), Solutré (Saône-et-Loire). Les stratigraphies des gisements de Laugerie-Haute, de La Ferrassie et de l’abri Pataud, tous situés près des Eyzies-de-Tayac, ont désormais une valeur classique.
— Les trois gisements de La Ferrassie révèlent quinze niveaux, dont trois stériles, s’étageant comme suit :
Gravettien ou Périgordien supérieur : trois niveaux ;
Aurignacien : cinq niveaux ;
Châtelperronien : un niveau ;
Moustérien typique : deux niveaux ;
Moustérien de tradition acheuléenne : un niveau.
— Les quatorze niveaux de l’abri Pataud s’étagent entre l’Aurignacien et le Solutréen :
Solutréen I ou ancien : un niveau ;
Protomagdalénien : un niveau ;
Gravettien : trois niveaux ;
Aurignacien : neuf niveaux.
— Laugerie-Haute possède aussi quatorze niveaux, dont trois stériles. La séquence s’établit ainsi :
Magdalénien : quatre niveaux ;
Solutréen : trois niveaux ;
Protosolutréen : un niveau ;
Aurignacien final : un niveau ;
Protomagdalénien : un niveau ;
Gravettien : un niveau.

Bien d’autres gisements apportent des renseignements non négligeables : l’abri de Cro-Magnon, près des Eyzies, dont les squelettes ont permis de définir une race de Néanthropiens ; Brassempouy (Landes) et ses fameuses statuettes féminines en ivoire ; Villepin, près de Tursac (Dordogne), et Le Mas-d’Azil (Ariège) dont les stratigraphies ont permis d’analyser le Magdalénien final et le passage à l’Épipaléolithique ; La Quina (Charente), qui présente un Moustérien particulier, appelé Charentien.

À Arcy-sur-Cure, près d’Auxerre (Yonne), la grotte du Renne montre la succession du Moustérien, du Châtelperronien (important dépôt), de l’Aurignacien et du Gravettien. La grotte du Trilobite montre celle du Gravettien, du Protosolutréen et du Magdalénien. André Leroi-Gourhan a interrompu ses fouilles à Arcy-sur-Cure en 1964 pour s’installer sur le site de Pincevent, près de Montereau (Seine-et-Marne). Plusieurs campements magdaléniens qui ont été mis au jour constituent, grâce aux techniques de décapage employées, une source de documentation inestimable sur la vie quotidienne des chasseurs de l’époque.

• Les gisements de la province de Santander (nord-ouest de l’Espagne) ont révélé de longues séquences allant du Moustérien à l’Épipaléolithique, comme à El Pendo ou à la cueva Morin, et confirmant les séries de la Dordogne. Les grottes d’Altamira et du Castillo, dans la même région, témoignent de l’art pariétal du Magdalénien. Près de Valence, la « cova negra de Bellus » livre une succession de couches appartenant au Paléolithique moyen : un niveau tayacien suivi de trois niveaux moustériens, dont le dernier présente des influences aurignaciennes. La grotte du Parpallo, près de Gandía (province de Valence), offre une séquence s’étageant entre le Gravettien et le Magdalénien, et dont les couches intermédiaires présentent un intérêt considérable pour l’analyse du Solutréen.

• La grotte de Romanelli (Pouille, Italie du Sud) est le site éponyme du Romanellien. Ce faciès se retrouve dans toute l’Italie, à Arène candide, près de Savone (Ligurie), à Broion, près de Vicence (Vénétie), dont les niveaux montrent la succession du Moustérien, du Gravettien et du Romanellien. Les grottes du monte Circeo (Latium) constituent un remarquable gisement, en particulier la « grotta del Fossellone », qui présente la séquence suivante :
Gravettien : un niveau ;
Circéien (faciès aurignacien) : un niveau ;
Pontinien (faciès moustérien) : trois niveaux.

• En Angleterre, les matériaux des grottes de Creswell Crags (Derbyshire) et de Kent, près de Torquay (Devon), ont permis de définir un faciès anglais du Paléolithique final proche du Magdalénien, le Creswellien. Le site de Barnfield Pit, près de Swanscombe (Kent), a livré des fragments de crâne humain et un outillage clactonien.


Europe septentrionale et centrale

En Allemagne, on trouve du Paléolithique moyen à Ehringsdorf : Moustérien ancien associé à une mandibule de Paléanthropien. Les gisements de Meiendorf et de Stellmoor, près de Hambourg, ont livré du Hambourgien, faciès du Paléolithique supérieur de l’Europe septentrionale contemporain du Magdalénien final (XIIe-IXe millénaire). Les sites bordant la rivière Altmühl, en Bavière, ont fourni des industries du Paléolithique moyen (Altmühlien). Citons encore les gisements de Willendorf (Basse-Autriche) pour leur stratigraphie et la célèbre statuette en calcaire, la « Vénus de Willendorf ».

• Parmi les sites de l’Europe centrale, nous retiendrons : en Bulgarie, les grottes de Malkata (Paléolithique supérieur) et de Bačo-Kiro (onze niveaux, dont deux Moustériens et le reste attribuable à l’Aurignacien) ; en Tchécoslovaquie, Pavlov (Moravie méridionale), qui remonte à 22 800 ans, et Předmostí, avec sa sépulture collective de Néanthropiens (huit adultes et douze enfants) ; en Pologne du Sud, la grotte de Nietoperzowa, près de Jerzmanovice, datée de – 36 000, qui a livré un outillage proche du Szélétien hongrois ; en Hongrie, les monts de Bükk, qui ont abrité les chasseurs paléolithiques à Istállóskő, et la grotte de Szeleta, dont l’industrie définit le Szélétien, contemporain du Châtelperronien et des premiers niveaux Aurignaciens.