Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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paléoclimatologie (suite)

Conclusion : le présent et le futur

La répartition actuelle des climats du globe est un état d’équilibre. Il est à prévoir que cet état sera naturellement modifié, à l’avenir, tout comme il y a eu modification des climats dans le passé. Aux âges historiques, l’homme a dû jouer un certain rôle en ce sens (grands défrichements). Il semble, cependant, qu’il doive intervenir davantage encore à l’avenir (pollution de la basse atmosphère avec dégagement de CO2 ; pollution aussi de la stratosphère par vols d’avions à réaction, avec dégagement d’oxyde d’azote, qui intervient sur la teneur en ozone ; intervention humaine sur les régions englacées, du moins telle qu’elle a déjà été envisagée en théorie). De telles altérations risquent d’avoir des conséquences imprévisibles. Le facteur de transformation fondamental, demeure cependant contenu, jusqu’à nouvel ordre, dans l’action de la nature elle-même.

P. P.

 Les Changements de climats (Unesco, 1963). / H. H. Lamb, The Changing Climate (Londres, 1966). / E. Le Roy Ladurie, Histoire du climat depuis l’an mil (Flammarion, 1967). / R. Furon, Éléments de paléoclimatologie (Vuibert, 1973).

paléographie

Science des écritures* et de leur déchiffrement.



Introduction

On a parfois employé l’expression paléographie des inscriptions : en pareil sens, il s’agit de l’étude de toutes les écritures quel qu’en soit le support. Mais l’usage a réservé l’emploi du mot à l’étude des écrits sur des matériaux autres que la pierre et le métal. La paléographie s’applique avant tout aux manuscrits médiévaux, grecs et latins, y compris les chartes, pour l’étude desquelles elle se complète par la diplomatique. Elle est ainsi essentiellement une science auxiliaire de l’histoire du Moyen Âge.

Le travail du paléographe commence par l’exploration des documents, dont la lecture peut nécessiter des moyens divers : éclairage à orientation variable, pour éliminer les ombres formées par les fibres des papyrus ; lumières de composition spéciale, pour faire apparaître les lettres des manuscrits brûlés ; produits chimiques, pour faire réapparaître une ancienne écriture volontairement effacée (les réactifs employés sur les palimpsestes les ont parfois irrémédiablement noircis). L’apparence de l’écriture permet de dater l’écrit, et même de le situer dans un contexte précis, grâce à la connaissance des habitudes des ateliers de copistes et à l’identification de mains différentes. L’étude des généalogies de manuscrits recopiés les uns sur les autres s’est fait donner le nom de codicologie.

La connaissance des différentes écritures classiques est la base de tout travail. Grecque ou latine, l’écriture a évolué de façon analogue, à partir d’une lettre capitale épigraphique qui s’est arrondie en fonction du matériau support, de l’instrument employé et de la vitesse même du scribe. Les paléographes d’aujourd’hui étudient l’évolution morphologique à partir du mode de tracé (ductus) et de l’instrument utilisé.


Les écritures grecques

La lettre capitale, demeurée typique des inscriptions gravées, s’est beaucoup employée sur les papyrus grecs anciens, parfois sous forme de variantes de fantaisie (style ornemental du ier s. av. J.-C.). Tracée rapidement, l’écriture a pris la forme de la cursive (à partir du milieu du iiie s. av. J.-C.), simplifiée et utilisée surtout dans les écrits administratifs et dans ceux qui n’étaient pas destinés à une conservation prolongée (correspondance). La cursive antique évolua diversement, pour se modifier encore à l’époque byzantine avec la liaison des lettres entre elles. Elle se présente alors sous diverses formes (écritures notariale, de chancellerie, scolastique) et, chargée de ligatures et d’abréviations, elle se simplifie de nouveau à la fin du Moyen Âge.

Une autre écriture grecque est l’onciale, ainsi désignée en raison de la grande dimension de ses lettres, qui put atteindre une once (soit un pouce). On l’a appelée onciale biblique ou encore majuscule biblique, du fait qu’elle est employée dans de célèbres manuscrits de la Bible (Sinaiticus, Vaticanus, Alexandrinus). Comme la cursive, l’onciale s’est distinguée progressivement de l’écriture capitale à la faveur de l’emploi du parchemin, à la surface lisse et glissante. Née à l’époque hellénistique, elle se caractérise par l’importance des pleins et des déliés et par l’arrondissement des tracés, dont sont affectées surtout quelques lettres. Le sigma est dit « lunaire » (C), et l’E est tout aussi courbe. Les abréviations sont rares, mais l’accentuation, invention alexandrine, fait son apparition. Écriture dite « de librairie », l’onciale est à son apogée aux ve - viie s. Il s’en détache une variante, l’onciale penchée ou ovale, à partir du viie s. Un grand nombre de manuscrits luxueux ont été écrits à ce moment-là.

Il apparaît ensuite, au viiie s., une seconde écriture de librairie, la minuscule grecque, assez semblable en apparence à la minuscule typographique moderne. Elle dérive des autres écritures et évolue très peu au cours du Moyen Âge, sauf une tendance à se tasser, à s’alourdir et à se charger d’abréviations. Elle s’agrémente définitivement de la ponctuation et de l’accentuation. Son succès a entraîné l’abandon des écritures antérieures et même le recopiage (translittération) des anciens manuscrits. La minuscule de la Renaissance prend une allure particulièrement irrégulière, pour ne pas dire échevelée. C’est elle qui fut apportée en Occident par les érudits byzantins et qui inspira les caractères typographiques du xvie s.


La capitale romaine

La paléographie latine a un domaine plus étendu et plus varié ; elle se prolonge jusqu’à la plupart des écritures européennes modernes. L’évolution de l’écriture présente un parallélisme certain avec celle des Grecs. Ayant reçu leur alphabet de ceux-ci, les Romains usèrent, eux aussi, surabondamment de la capitale, dont l’épigraphie connaît des spécimens d’une rare qualité esthétique. Dans les manuscrits antiques, la capitale a conservé l’essentiel de ses caractéristiques, en exagérant toutefois les pleins et les déliés, et en réduisant les barres transversales ; ce sont là les conséquences logiques du remplacement par le calme du ciseau du sculpteur. L’aspect de l’écrit est beaucoup plus tassé, ce qui n’empêche pas de conserver souvent à la capitale romaine la désignation de capitale épigraphique, pour l’opposer à une variante assez gracieuse, typiquement latine, qu’on appelle la capitale rustique. Dans cette variante les traverses ont une allure ondulée et oblique, et l’ensemble se prête à un tracé plus rapide. Aussi est-ce l’écriture la plus répandue dans les manuscrits antiques. On la trouve aussi sur les inscriptions peintes de Pompéi. La lecture de ces deux types de capitale est aisée, malgré l’absence de ponctuation et d’alinéas (la subdivision des textes n’a pris son essor que grâce aux livres liturgiques). Seuls les titres (antiques), les arguments, les citations se détachaient du reste du texte par une encre de couleur différente. L’écriture capitale a perdu du terrain à partir du Bas-Empire. À l’époque carolingienne, elle s’est retrouvée en faveur, tantôt sous sa forme classique (Psautier d’Utrecht), tantôt sous une apparence caricaturale, les lettres anormalement étirées en hauteur.