physicalisme

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Doctrine empiriste et matérialiste qui affirme que tout ce qui existe est constitué d'entités physiques et que seule la physique, tant du point de vue de sa langue que de sa méthode, permet d'assurer l'unité de la science.

Philosophie des Sciences

Thèse selon laquelle la seule langue universelle possible de la science unifiée est celle de la physique.

Au sein du cercle de Vienne, O. Neurath, notamment dans sa Sociologie empirique (1931), défendit le physicalisme contre l'option phénoméniste, que R. Carnap défendait dans la Construction logique du monde (1928). Alors que le phénoménisme prend pour énoncés de base de la science les vécus subjectifs de sensation, le physicalisme se fonde sur des énoncés intersubjectifs à propos d'objets et de propriétés physiques. Selon Neurath, seule cette décision méthodologique et pragmatique, qui n'est pas au départ une option ontologique, permet de construire une science unifiée. Elle implique de définir la psychologie en termes béhavioristes. Carnap se rapproche de cette position en 1932. Dès 1936, cependant, dans « Testability and Meaning », il remet en question le physicalisme strict, à cause de la difficulté d'y traiter des termes dispositionnels(1). Aujourd'hui, les discussions autour du physicalisme sont surtout vives en philosophie de l'esprit(2).

Alexis Bienvenu

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Carnap, R., « Testability and Meaning », in Philosophy of science, 1936-1937, 3, pp. 419-471.
  • 2 ↑ Bitbol, M., Physique et Philosophie de l'esprit, Flammarion, Paris, 2000.

→ béhaviorisme, empirisme, langage, phénoménisme, vérité

Métaphysique, Philosophie de l'Esprit

Doctrine selon laquelle tout ce qui existe est finalement constitué d'entités physiques, qui peuvent être étudiées dans le cadre des sciences physiques.

Le terme de physicalisme est utilisé principalement pour caractériser le matérialisme appliqué à la nature de l'esprit. Apparu initialement dans la philosophie du cercle de Vienne, il est lié à la thèse selon laquelle c'est la langue de la physique qui peut assurer l'unité de la science. Cependant, dès 1936-1937, R. Carnap(1) montrait la difficulté d'introduire les termes dispositionnels dans le cadre étroit du physicalisme. Mais il a continué à être défendu, par exemple par J. J. C. Smart : « Tout comme j'ai affirmé que les expériences sont des processus physiques dans le cerveau, j'asserte aussi que les croyances et les désirs sont des états physiques du cerveau »(2).

Certains philosophes éliminativistes vont jusqu'à soutenir qu'on pourrait finalement se passer de notre psychologie commune, qui fait référence à des états mentaux (croyances, désirs, souhaits, etc.), pour ne plus faire référence qu'à des états physiques(3).

Roger Pouivet

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Carnap, R., « Testability and Meaning », Philosophy of Science, 3-4, 1936-1937.
  • 2 ↑ Smart, J.J.C., « Mind and Brain », in R. Warner and T. Szubka, The Mind-Body Problem, Blackwell, Oxford, 1994.
  • 3 ↑ Churchland, P.M. (1980), Matter and Consciousness, trad. Matière et conscience, Éd. Champ Vallon, Seyssel, 1999.

→ disposition, éliminativisme, esprit