moi

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


En allemand : Ich, « moi » et « je ».


Le « moi » peut être considéré comme l'unité empirique de toutes les déterminations qui adviennent à l'individu. Il peut également être envisage d'un autre point de vue, comme ce qui constitue l'essence du sujet, désignant de ce fait plutôt l'âme que le corps. Kant tente de résorber cette scission du moi, en montrant que, si nous n'avons de celui-ci qu'une connaissance phénoménale, nous pouvons néanmoins l'unifier par la visée de l'idée transcendantale du « moi ». Cependant, Kant ne parvient à constituer véritablement l'unité du moi empirique et du moi nouménal. Le moi apparaît toujours comme cette étrangeté intérieure, que Rimbaud exprime en disant que « je est un autre ».

Psychanalyse

Formation psychique à qualités conscientes et inconscientes, objet et sujet d'investissements libidinaux, agent dans de multiples fonctions (médiation réalité-pulsions, défenses, liaison, adaptation). Le moi représente l'individu (personnalité et corps), bien qu'il en soit une partie et une projection, et que sa détermination demeure essentiellement ambiguë.

Agent du conflit défensif(1) et organisation stable dont l'investissement inhibe les processus primaires(2), le Moi outrepasse la conscience, dès les premiers écrits freudiens. Néanmoins, il demeure en « première topique » le pôle raisonnable de la personne, agent des pulsions d'auto-conservation, de la perception, de la motilité et du principe de réalité(3). Avec l'introduction du narcissisme(4), il devient investi de libido, et se définit comme une forme (par rapport au morcellement auto-érotique) créée, entre autres, par identifications et trace des relations intersubjectives(5). En 1923(6), le Moi est l'une des trois instances de l'appareil psychique ; il regroupe des fonctions et processus divers, qui confortent son ambiguïté.

Dans l'œuvre freudienne, la notion du Moi se renouvelle et complique par des apports successifs, qui évitent la cohérence et démentent la tradition occidentale d'un Moi unifié et conscient. Pour cette raison les interprétations théoriques divergentes, mais unificatrices (Egopsychology, Self-psychology, Anzieu, Aulagnier, Federn, Lacan), ont pullulé. Les psychoses ainsi que les pathologies de l'agir et du narcissisme réclament de nouveaux développements, remettant au jour les conceptions freudiennes.

Mauricio Fernandez

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Freud, S., et Breuer, J., Études sur l'hystérie, PUF, Paris, 1956.
  • 2 ↑ Freud, S., « Esquisse de psychologie », in la Naissance de la psychanalyse, PUF, Paris, 1956.
  • 3 ↑ Freud, S., « Formulations sur les deux principes du cours des événements psychiques », in Résultat, idées, problèmes I, PUF, Paris, 1984.
  • 4 ↑ Freud, S., « Pour introduire le narcissisme », in la Vie sexuelle, PUF, Paris, 1969.
  • 5 ↑ Freud, S., « Psychologie des foules et analyse du moi », in Essais de psychanalyse, Payot, Paris, 1981.
  • 6 ↑ Freud, S., « Le Moi et le Ça », in Essais de psychanalyse, Payot, Paris, 1981.

→ ça, défense, ego, identification, inconscient, je, liaison / déliaison, narcissisme, principe, processus primaire / secondaire, sujet