contenu

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


Calque de l'anglais content.

Philosophie de l'Esprit, Psychologie, Sémantique

Ce que signifie ou ce à quoi renvoie un état mental représentationnel.

On dit d'un état mental qu'il a un contenu s'il fait référence à des objets, à des propriétés ou à des relations, et s'il est sémantiquement évaluable. Croire que Paris est la capitale de la France, espérer que l'hiver sera doux ou voir le chat sur le paillasson sont des états dotés de contenu, qui seront vrais ou faux, satisfaits ou frustrés, véridiques ou illusoires, selon que le réfèrent possède ou nom la propriété que lui attribue ce contenu. On opère souvent une distinction entre le contenu large, correspondant aux conditions de vérité ou de satisfaction d'une pensée, et le contenu étroit, correspondant à la signification cognitive ou au rôle fonctionnel de cette pensée. Ainsi, la croyance que Stendhal a écrit le Rouge et le Noir et la croyance que l'auteur de la Chartreuse de Parme a écrit le Rouge et le Noir ont le même contenu large, mais un contenu étroit différent.

Les débats actuels sur le contenu recouvrent largement les débats sur la notion très voisine d'intentionnalité, en particulier en ce qui concerne les problèmes de naturalisation du contenu.

Élisabeth Pacherie

Notes bibliographiques

  • Fodor, J. A., A Theory of Content, MIT Press, Cambridge (MA), 1990.
  • Jacob, P., Pourquoi les choses ont-elles un sens ?, Odile Jacob, Paris, 1997.
  • Pacherie, É., Naturaliser l'intentionnalité, PUF, Paris, 1993.
  • Putnam, H., « The Meaning of “Meaning” », in Mind, Language and Reality, Cambridge University Press, Cambridge, 1975.

→ externalisme / internalisme, intentionnalité, représentation

Esthétique

Tout ce qui, dans une œuvre, est irréductible au niveau formel et en révèle le sujet, le sens et la teneur.

Par contraste avec ce qui est immédiatement lisible dans son apparence sensible, le contenu renvoie aux significations d'une œuvre, depuis celles relatives à son thème explicite jusqu'à des implications indirectes et parfois involontaires. Dans la mesure où chaque œuvre propose une voie d'accès originale au monde, il n'est pas surprenant que l'art tout entier ait été classiquement compris comme moyen de « manifester, sous une forme sensible et adéquate, le contenu qui constitue le fond des choses » (Hegel)(1).

Pendant longtemps, la question du contenu n'a pas posé de problème de principe puisqu'il était abordé d'entrée de jeu dans une perspective représentationnelle. L'existence de l'abstraction constitue alors un véritable défi : comment une œuvre non figurative pourrait-elle posséder un contenu à part entière ? Il est remarquable que les artistes de la modernité se sont sentis tenus de défendre la légitimité du sujet ; d'Apollinaire à Mondrian, l'idée s'impose que l'œuvre exprime le monde, non plus sur le plan de ses apparences contingentes mais du point de vue de son essence ou de sa nécessité (réalisme de conception) ; plus radicalement, Motherwell et Newman font de l'abstrait le seul mode adéquat d'expression de l'émotif et du ressenti. À l'encontre des critiques formalistes, McEvilley rappelle à bon escient que « tous les commentaires formulés à propos des œuvres d'art font intervenir des attributions de contenu – avouées ou non »(2).

L'analyse de contenu dépend bien entendu du choix de méthodes interprétatives, il appartient à celles-ci de souligner ce qui revient aux traits génériques, aux coordonnées socioculturelles et à la particularité de chaque exemple, sans qu'il soit toujours facile de décider du degré de complétude atteint par chaque configuration. En revanche, ces méthodes font ressortir la place désormais prépondérante reconnue à la dimension contextuelle : le contenu constitue moins une propriété absolue de l'œuvre qu'une fonction complexe et évolutive des variables relatives à sa situation de lecture.

Au-delà de la dualité stérile du fond et de la forme, la question du contenu est celle de la vie même des œuvres, dans le questionnement de leur identité et le renouvellement incessant de leurs significations.

Jacques Morizot

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Hegel, F., Esthétique, trad. Bérard revue, le Livre de poche, t. 1, Paris, 1997, p. 748.
  • 2 ↑ McEvilley, T., Art, contenu et mécontentement, trad. C. Bounay, J. Chambon, Nîmes, 1994, p. 61.
  • Voir aussi : Newman, B., « The Plasmic Image » in Selected Writings and Interviews, University of California Press, Berkeley, 1992.

→ expression, formalisme, formel, iconologie, réception, représentation