Adjarie

République autonome de Géorgie, au S. du Rion, au-dessus de la mer Noire.

  • Superficie : 2 900 km2
  • Population : 333 953 hab. (recensement de 2014)
  • Capitale : Batoumi

HISTOIRE

Peuplée à plus de 80 % d'Adjars, Géorgiens musulmans apparenté aux Lazes du littoral turc de la mer Noire, l'Adjarie, située dans l'antique Colchide où se déroule le mythe de la Toison d'or, constitue le sud de l'ancienne principauté de Gourie fondée au xive siècle. La conquête ottomane, au xviie siècle, y a entraîné l'islamisation d'une grande partie de la population. Annexée par la Russie au xixe siècle, l'Adjarie reste à la Géorgie à l'issue de la Première Guerre mondiale et des conflits avec les Turcs pour le contrôle du port stratégique de Batoumi, le principal port en eaux profondes du littoral et l'aboutissement de la voie ferroviaire et du pipeline de Bakou. Après la soviétisation, l'Adjarie est constituée en République autonome au sein de la R.S.S. de Géorgie (1921), seul cas d'une entité territoriale particulière constituée sur critère religieux et non ethnique.

Une autonomie en rédéfinition après l'U.R.S.S.

À la tête du Parlement d'Adjarie en 1991, puis élu président au suffrage universel en 1998, Aslan Abachidze (né en 1938), descendant d'une des anciennes familles princières adjares, qui occupe aussi les fonctions de vice-président du Parlement de Géorgie (1990-1995) prend ses distances avec Tbilissi, constitue ses propres forces armées et une zone économique franche, tirant partie de sa situation frontalière avec la Turquie et du rôle de terminal pétrolier de Batoumi accru par le projet de pipeline Bakou-Ceyhan. Il évite de se laisser entraîner dans la guerre civile entre partisans et opposants du président Zviad Gamsakhourdia. Au printemps 2004, après la « révolution des roses » que A. Abachidze avait dénoncé comme un coup d'État, le président Mikhaïl Saakachvili, en rupture avec la politique de compromis d'Edouard Chevardnadze, finit par réimposer le contrôle de l'État central sur l'Adjarie. Au terme de quelques semaines de démonstrations de force et de manifestations de masse organisées de Tbilissi contre son autoritarisme, la corruption et les trafics, le 5 mai 2004, Abachidze démissionne et s'exile en Russie avec des garanties de non-extradition. Ses biens et ceux de sa famille sont confisqués, ses partisans arrêtés ou destitués. Il a été condamné pour détournements par contumace à quinze ans de prison et 58 millions de dollars d'amende, le montant estimé de sa fortune (janvier 2007).

Son successeur, Levan Varshalomidze, un homme d'affaires né en 1972, directeur des chemins de fer de Géorgie, proche du président géorgien M. Saakachvili, redéfinit avec Tbilissi la répartition des pouvoirs, promet réformes et développement économique, lutte contre la corruption, le chômage et la pauvreté, mais est bientôt accusé de censure contre la presse et de népotisme. Les bases militaires russes sont retirées, tandis que les États-Unis financent l'installation d'un radar moderne pour les garde-côtes géorgiens. Outre les activités portuaires et industrielles (raffinage, chantiers navals, terminal pétrolier) de Batoumi et le secteur agricole bénéficiant du climat subtropical (agrumes, thé, tabac), les autorités misent sur l'amélioration des dessertes ferroviaires, terrestres et aériennes et le tourisme autour de stations balnéaires et thermales modernisées, avec le soutien des investisseurs étrangers. La capitale est en pleine rénovation.