Au chapitre critique, on trouve la publication des œuvres complètes de Walter Benjamin (tomes I, II et III), où se trouvent tous les essais qui n'ont cessé de féconder la réflexion sur la modernité et l'esthétique. À quoi il faudrait ajouter le livre de Michaël Löwy, Walter Benjamin : avertissement d'incendie – une lecture des thèses « sur le concept d'histoire ». Mais l'actualité attire inévitablement l'attention sur les ouvrages traitant de culture et de religion. Toute la complexité de ces questions ressort à l'évidence dans de nombreux ouvrages. Jean-Loup Amselle (Branchements, Anthropologie de l'universalité des cultures) entend par culture un ensemble de référents qui, en unifiant l'imaginaire, contribuent à faire une société. Mais ces références doivent être soumises à des vérifications constantes. Lorsqu'elles n'interviennent pas, nationalisme et racisme ne sont pas loin. Georges Balandier (le Grand Système) propose plutôt des questionnements sur la globalisation et sur la perte d'identité, sans pour autant affirmer comme par le passé la nécessité de défense des particularismes des peuples exotiques.

Rien d'étonnant si, face aux inquiétudes sans réponses du temps, de nombreux essais sont consacrés au scepticisme, c'est-à-dire à la mise en doute de la raison comme de l'évidence. Citons le Travail du scepticisme, Montaigne, Bayle, Hume de Frédéric Brahami, le Scepticisme aux xvie et xviie siècles de Pierre-François Moreau et une autre biographie : Michel Crépu, Sainte-Beuve, portrait d'un sceptique.

Régis Debray publie un livre ambitieux : Dieu, un itinéraire (sous-titré : « matériaux pour l'histoire de l'Éternel en Occident »), dont la conclusion prend dans le contexte actuel une coloration sombre « quand il y a Dieu, il y a guerre ».

Enfin apparaît une nouvelle traduction d'un livre anglais qui fit scandale il y a bien longtemps et dont le titre demeure légendaire Léviathan (1651) de J. Hobbes, qui affirmait que l'état de nature est celui de la guerre permanente et que seul l'instinct de conservation peut conduire à un pacte social. Malheureusement, il ajoutait que seul un pouvoir absolu peut en garantir l'exécution. Trop de tyrans ont dû lire ce livre. Faut-il affirmer avec John Milton, le grand poète anglais du xviiie siècle, qu'il n'y a pas de mauvais livres mais seulement de mauvais lecteurs. Rappelons que le propos se voulait polémique.

Prix littéraires 2001

– Prix Goncourt
Rouge Brésil, Jean-Christophe Rufin

– (Goncourt des lycéens)
La Joueuse de go, Shan Sa

– Prix Renaudot
Céleste, Martine Le Coz

– Prix Médicis
Le Voyage en France, Benoît Duteurtre

– Médicis étranger
La Noce du poète, Antonio Skarmeta (Chili)

– Prix Interallié
Sister, Stéphane Denis

– Prix Femina
Rosie Carpe, Marie N'Diaye l

– Femina étranger
Mauvaise Pente, Keith Ridgeway (Irlande)

– Prix de l'Académie française
Un bien fou, Eric Neuhoff