Ces incidents se sont déroulés dans les collèges (65 %), les lycées surtout professionnels (20 %) et dans les écoles primaires (15 %) ; durant les cours du matin (28 %), de l'après-midi (15 %), la récréation du matin (18 %), celle du soir (8 %) ; aux heures d'entrée (10 %), aux heures de sortie (20 %), durant les sorties pédagogiques (1 %).

À noter, l'émergence d'un phénomène nouveau, la violence scolaire à l'école maternelle et primaire. Ce signal « à bas bruit » peut être analysé comme un fait « signifiant » de l'évolution récente de notre société. En 1997, dans ce département, plus de 500 agressions ont été signalées, dont les trois quarts à l'école élémentaire et un quart à l'école maternelle. Elles se répartissent ainsi : vol et trafic (11 %), violence aux personnes (63 %), atteinte aux biens (23 %), port d'arme (3 %).

En résumé, il est évident que les violences « à bas bruit » et les « incivilités » se développent de façon rapide et particulièrement importante depuis quelques années, mais que les « violences physiques graves » sont beaucoup plus exceptionnelles que les médias ne l'affirment.

Un constat brutal

Ce constat brutal et ces chiffres « apocalyptiques » doivent être tempérés et expliqués par l'apparition d'un nouveau comportement des différents acteurs du système éducatif (chefs d'établissement, enseignants et élèves), qui n'hésitent plus à rompre la loi du silence, cette « omerta » qui, pendant des années, a occulté la réalité de la violence dans les établissements scolaires.

Cette « libération de la parole » provient en très grande partie de l'institution elle-même, qui, progressivement, a reconnu l'existence de ces comportements agressifs et a mis en place des politiques de plus en plus précises et adaptées. Cinq textes peuvent être considérés comme marquant cette évolution avant le récent plan gouvernemental.

– La circulaire « opération Éducation nationale-Justice » (1991), qui sensibilise les personnels enseignants et les élèves au fonctionnement des juridictions dans un but de prévention.

– La circulaire Éducation nationale-Police « Amélioration de la sécurité des établissements scolaires » (1992), qui établit pour la première fois en France une coopération entre ces deux départements ministériels et met en place des dispositifs locaux et départementaux de prévention et de répression.

– Le rapport de l'Inspection générale de l'éducation nationale « La violence à l'école : état de la situation en 1994, analyse et recommandations », qui met en évidence une grande carence des différents services centraux et déconcentrés et fait ressortir un certain nombre d'actions exemplaires tant dans le domaine de la formation qu'au niveau des collèges.

– Les 19 mesures gouvernementales de 1996 prenant appui sur le rapport de l'Inspection générale qui poursuivent trois objectifs : renforcer et améliorer l'encadrement des élèves, aider les élèves et les parents, protéger les établissements et améliorer leur environnement.

– Les 14 recherches universitaires sur les violences à l'école réalisées en 1997 à l'initiative conjointe du ministère de l'Intérieur (Institut des hautes études de sécurité intérieure) et du ministère de l'Éducation nationale (Direction de l'évaluation et de la prospective). Ces travaux pluridisciplinaires marquent un progrès très important dans la compréhension de ce phénomène et pointent des types d'action susceptibles d'être instrumentalisés.

Le « plan Allègre-Royal »

Ce plan, contrairement aux politiques déjà expérimentées, est pluriannuel et fondé en priorité sur la nécessité de concentrer des moyens supplémentaires en personnels qualifiés sur des zones scolaires recensées par les autorités académiques, aidées par les services de justice et de police, comme « zones violentes ».

Dix sites d'intervention situés sur six académies (Aix, Marseille, Lyon, Versailles, Créteil, Amiens, Lille) ont été retenus. Plus de 270 000 élèves de l'enseignement du secondaire et 640 000 de l'enseignement primaire sont concernés par cette opération.