Chrono. : 17/11.

Cambodge

La guérilla des Khmers rouges, à l'ouest du pays, est affaiblie, en août, par le ralliement au gouvernement de Phnom Penh de plusieurs divisions rebelles, puis de l'un de leurs chefs, Ieng Sary, ancien ministre des Affaires étrangères et second de Pol Pot, dont on a annoncé la mort en mai, sans que celle-ci puisse être confirmée. Niant sa responsabilité dans le génocide, le transfuge est amnistié par le roi Norodom Sihanouk, après bien des hésitations, pour que soit signé un accord de paix le 7 septembre. D'autres défections khmères suivent en septembre et en novembre.

Le gouvernement connaît de graves tensions qui mettent en danger la cohabitation des deux Premiers ministres, Hun Sen et le prince Ranahridd. Soupçonné d'être responsable du meurtre d'un journaliste d'opposition en mai, Hun Sen s'affirme comme l'homme fort du régime et menace d'utiliser la force contre la faction royale, qu'il accuse de complot. En 1995, le taux de croissance atteint 7,5 % et l'inflation semble maîtrisée (4 à 5 %). Le pays reste dépendant de l'aide étrangère (à Tokyo, en juillet, on lui promet un demi-milliard de dollars) et les investissements étrangers, bien qu'en augmentation, sont encore limités.

Chrono. : 5/08.

Laos

Victime de graves inondations, le Laos a pourtant une croissance de 7 % en 1995. En mars, le 6e congrès du parti révolutionnaire du Peuple lao (PRPL) maintient au pouvoir les conservateurs, qui, sous la direction du Premier ministre, le général Khamtay Siphandone, entendent garder le contrôle de l'ouverture économique du pays. Deux projets importants sont évoqués : un deuxième pont sur le Mékong pour relier le Laos à la Thaïlande, ainsi qu'un barrage qui fournira de l'électricité à la Thaïlande.

Viêt Nam

Précédé d'intenses débats, le 8e congrès du Parti communiste vietnamien se réunit en juin. La troïka au pouvoir depuis 1991 – Do Muoi (soixante-dix-neuf ans), secrétaire général du parti, Lê Duc Anh (soixante-quinze ans), président, Vo Van Kiet (soixante-treize ans), Premier ministre – est maintenue. Tout en souhaitant poursuivre l'ouverture et la modernisation économiques lancées depuis 1986, le régime communiste conserve son idéal socialiste et souhaite contrôler les investissements étrangers. Malgré les conseils des donneurs d'aide, la privatisation du secteur d'État reste limitée ; pourtant, sa mauvaise gestion est reconnue par tous. Le congrès appelle à combattre les effets néfastes de la libéralisation économique : corruption, crime, prostitution, drogue, jeu et pollution.

La croissance économique reste forte (9,5 % prévus pour 1996), avec une inflation ramenée à moins de 5 %, mais le déficit de la balance commerciale se gonfle dangereusement (15 % du PIB). Après les records atteints en 1995, les investissements étrangers diminuent de 38 %. Le Viêt Nam obtient une restructuration de sa dette. Avec un revenu moyen annuel par tête de 240 dollars, il reste un pays pauvre par rapport à ses voisins de l'ASEAN.

Malaisie

Le gouvernement de Kuala Lumpur poursuit son effort de développement à marche forcée qui devrait faire de la Malaisie un pays industrialisé d'ici à vingt-cinq ans, selon le programme « Vision 2020 ». Une série de grands travaux, frisant parfois la démesure, est mise en place pour moderniser les infrastructures : autoroutes, ponts, télécommunications, nouvel aéroport international, nouveau port, nouvelle capitale entièrement informatisée (Putrajaya), mais aussi construction des deux tours les plus hautes du monde (452 m) à Kuala Lumpur et du plus grand bâtiment du monde, réalisation d'un « super corridor multimédia » branché sur le reste de l'Asie, sur l'Europe et les États-Unis ; tous ces projets doivent donner confiance et fierté aux Malais. Le 7e plan quinquennal, annoncé en mai (216 milliards de dollars) par une sélection des investissements, orientera l'industrialisation vers la haute technologie et les produits à forte valeur ajoutée. Cet optimisme industriel fait de la panne d'électricité qui paralysa le pays pendant quinze heures, début août, un choc d'autant plus embarrassant.