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Honduras

L'année est marquée par une partie de bras de fer entre le pouvoir civil et l'armée, qui tente, sinon de se maintenir au pouvoir, du moins de conserver ses prébendes (telles que l'administration des télécommunications) et d'obtenir l'assurance de ne pas être inquiétée pour les violations aux droits de l'homme commises dans les années 80. Contre le dernier commandant militaire des forces armées, le général Mario Hung Pacheco, qui veut imposer le choix du ministre de la Défense, le président Carlos Roberto Reina fait connaître son propre choix, le 15 février. Le général doit s'incliner.

Par ailleurs, un scandale révèle les liens qui se sont tissés entre les cercles politiques et les milieux des trafiquants de drogue, le Honduras étant devenu un lieu de transit de la cocaïne et de la marijuana en provenance de Colombie et en direction du marché nord-américain. L'industrie d'assemblage à destination du marché nord-américain connaît un développement rapide, mais les conditions de travail des 75 000 personnes employées par les 156 entreprises du secteur sont dénoncées par la confédération internationale des syndicats libres.

Les relations avec le Nicaragua sont très tendues. Objet du litige, la question de la limite des eaux territoriales et des territoires de pêche provoque au moins un affrontement armé (mai), faisant craindre l'imminence d'un conflit.

Panamá

Les incursions de guérilleros colombiens servent de prétexte au parti gouvernemental (PRD, Parti révolutionnaire démocratique) pour proposer la constitution d'un corps militaire d'élite chargé de veiller au respect des frontières. Ce projet suscite des protestations au sein de la classe politique, qui craint le retour au pouvoir des hommes qui le détenaient pendant les vingt et un ans de la dictature militaire.

Au Panamá, l'essentiel de la vie politique reste commandé par la question du maintien de la présence américaine après le 31 décembre 1999. En juillet, un scandale éclabousse la campagne électorale du président Ernesto Pérez Balladares (1994), accusé d'avoir été financé par l'argent des narcotrafiquants, dont les activités se sont développées dans le pays au cours des deux dernières années.

Cuba

La récupération économique se poursuit (au premier semestre, le taux de croissance est de 9,6 %), mais ne s'accompagne pas d'une amélioration sensible des conditions de vie de la majorité des Cubains. Alors que l'embargo nord-américain suscite des critiques internationales bénéficiant au régime castriste, les forces aériennes cubaines abattent, le 24 février, deux avions civils affrétés par une organisation d'exilés cubains, Hermanos al Rescate (« frères à la rescousse »). Peu après cet événement, Bill Clinton finit par signer, en mars, la loi Helms-Burton, qui renforce l'embargo contre Cuba. De nombreux pays, l'Union européenne, le Canada et même le Vatican (Jean-Paul II reçoit Fidel Castro à Rome en novembre) s'élèvent alors contre l'attitude américaine vis-à-vis de La Havane.

Haïti

La présidence de René Préval, élu en 1995, s'annonce difficile, alors que la retraite politique de Jean-Bertrand Aristide est interprétée comme la défaite des plus pauvres. Dans une société où la violence n'a pas été jugulée par le retour aux normes constitutionnelles, l'impréparation des nouvelles forces de police souligne le chaos social. Le 19 août, une attaque contre des bâtiments publics de Port-au-Prince, suivie quelques jours plus tard par des assassinats politiques, permet aux États-Unis de renforcer leur présence militaire. Leur tutelle s'alourdit dans un pays ruiné dont le gouvernement ne semble disposer d'aucune marge de manœuvre.

République dominicaine

À la suite d'accusations de fraudes électorales, qui avaient mis le pays au bord de la guerre civile en 1994, le président Joaquín Balaguer est contraint d'écourter son septième mandat et de ne pas se représenter. Mais, à la veille de son 89e anniversaire, le dictateur ne cède pas la place aisément ; dans les derniers mois de sa présidence, il place à la tête de la police le général Enrique Pérez y Pérez, responsable de la répression qui fit des milliers de morts dans les années 70, et confie la direction de l'armée à un de ses inconditionnels, le général Yvan Hernández Oleaga. Il peut, en outre, compter sur l'appui du second personnage d'influence dans le pays, le cardinal archevêque de Santo Domingo, Mgr Nicolás López Rodríguez, qui s'en prend au « Réseau citadin d'observateurs électoraux », créé afin d'éviter les fraudes qui se produisirent lors des élections de 1994.