Journal de l'année Édition 1996 1996Éd. 1996

Le Maroc, qui, en 1984, a posé sa candidature à l'adhésion à la Communauté économique européenne (CEE), s'engage dans de laborieuses négociations avec l'Union européenne (UE). Celles-ci aboutissent en novembre à un important accord d'association, signé à peu près en même temps qu'un accord sur la pêche qui met fin au différend sur la question avec l'Espagne. Cependant, la sécheresse catastrophique qui frappe le pays (la Tunisie en est aussi victime) et menace la récolte céréalière de cette année d'une baisse de 70 % rappelle au Maroc que son agriculture est encore loin des performances de ses partenaires européens.

Le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali choisit la manière forte pour lutter contre les islamistes. Pourtant dès sa prise de pouvoir en novembre 1987, après la destitution de Habib Bourguiba, il s'était déclaré prêt à ouvrir le dialogue avec « tous les opposants sans exclusive », à condition qu'ils se plient aux lois en vigueur. Lors de l'élection présidentielle du 20 mars 1994, il avait remporté 99,91 % des suffrages exprimés. Le 21 mai 1995, le parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) sort vainqueur des élections municipales. Ce résultat est contesté par le principal parti de l'opposition légale, le Mouvement des démocrates socialistes (MDS), qui annonce quelques jours après qu'il déposera des recours en annulation. Les quatre partis de l'opposition légale et une liste indépendante n'ont en effet obtenu que 6 sièges sur 4 090. Le pouvoir en Tunisie, malgré les chiffres records obtenus par son président aux élections, reste en quête de légitimité populaire et politique. Jacques Chirac accomplit d'importants voyages politiques au Maroc (juillet) et en Tunisie (octobre). Mais la France sait que le sort du Maghreb, la stabilité en Méditerranée et la disparition du terrorisme sur son sol se jouent dans le développement de la situation algérienne.

Benjamin Stora