Mais cette fois-ci l'enjeu est de loin plus important. La montée dans les sondages du Parti libéral (FPÖ) de Jörg Haider, connu pour ses thèses racistes et xénophobes, permet d'envisager une coalition gouvernementale tout à fait nouvelle. Les sociaux-démocrates pourraient perdre le pouvoir au profit d'une dangereuse alliance entre les deux formations de droite, l'ÖVP et les libéraux de Jörg Haider. Les élections de décembre, marquées par une légère progression des sociaux-démocrates, ne modifient pas les rapports de force entre les trois principaux partis.

Chrono. : 12/10, 17/12.

République tchèque

La situation politique continue d'être stable et le pays enregistre cette année de nouveaux succès économiques. L'inflation et le chômage restent limités. Malgré plusieurs scandales politiques et financiers (un des responsables de la privatisation par coupons a été condamné à sept ans de prison fermes pour corruption), les investisseurs étrangers continuent d'affluer.

Le gouvernement dirigé par Vaclav Klaus prend plusieurs mesures qui confirment l'orientation libérale de sa politique : baisse des taux d'imposition pour les sociétés et les particuliers, annulation du contrôle administratif des salaires, réforme du système des retraites et de la protection sociale. Intervenue le 1er octobre, la convertibilité de la monnaie nationale, la couronne, illustre les succès de la transition tchèque et permet l'adhésion du pays à l'OCDE au mois de novembre.

La bonne image dont jouit le pays est légèrement ternie par un regain des tensions avec l'Allemagne. Le Tribunal constitutionnel tchèque a confirmé au mois de mars la légalité des « décrets Benes » de 1945, qui avaient permis à l'époque la confiscation des biens des Allemands des Sudètes. Cette décision témoigne d'une certaine crainte quant à la future position du pays par rapport au « grand voisin » allemand.

Malgré les succès économiques du gouvernement, le pays, pour la première fois depuis 1989, est secoué par d'importants mouvements sociaux. Le gouvernement doit faire face à la colère des enseignants, des cheminots et des personnels médicaux, tous opposés à son projet de loi sur la protection sociale qui prévoit notamment le recul progressif de l'âge de la retraite. En mars, une manifestation syndicale à Prague, précédée de plusieurs manifestations dans les villes de province, réunit plus de 100 000 personnes. C'est la plus importante manifestation depuis 1989.

Cette montée des problèmes sociaux ne peut que réjouir l'opposition, en particulier le Parti social-démocrate (CSSD) de Milos Zeman. Aux élections de 1992, il avait à peine réussi à dépasser la barre des 5 %. C'est actuellement le deuxième parti en termes de popularité derrière le parti de Vaclav Klaus. À la différence des autres partis sociaux-démocrates qui triomphent dans les anciens pays communistes, le CSSD n'est pas un ancien parti communiste « reconverti » mais se réclame de la tradition du Parti social-démocrate tchèque du début du siècle (branche du Parti social-démocrate autrichien).

La montée dans les sondages de la popularité des sociaux-démocrates a pour conséquence de remettre en question la stabilité de l'actuelle coalition, constituée en 1992 autour du Parti démocratique civique (ODS) de Vaclav Klaus. Ses partenaires politiques n'excluent pas en effet une future alliance avec les sociaux-démocrates dans le prochain Parlement issu des élections parlementaires de 1996.

Chrono. : 20/05.

Pologne

La vie politique en Pologne est dominée par la perspective des élections présidentielles du mois de novembre. Après l'échec de la plupart des formations issues du mouvement Solidarité aux élections législatives de septembre 1993, le pays est gouverné par une étrange coalition formée par les anciens communistes de l'Union de la gauche démocratique (SLD) et le Parti paysan (PSL). Disposant d'une large majorité dans les deux chambres du Parlement, la coalition gouverne sans tenir compte de l'opposition, divisée sur la plupart des questions. La transition polonaise est ainsi conduite depuis deux ans par des formations politiques étrangères à la tradition du mouvement Solidarité. Malgré les succès indiscutables de leur politique économique (production en hausse de 6 %, baisse du chômage, progression significative des investissements étrangers), les partis d'opposition et l'Église catholique dénoncent une politique de retour aux pratiques de l'ancien système.