F. H. Cardoso réussit par ailleurs à faire passer d'importantes réformes. Il met fin au monopole de l'État sur les télécommunications et ouvre le secteur pétrolier au capital privé, ce qui l'oblige à réformer la Constitution.

Cependant, les réformes sur la désindexation des salaires et la simplification de la fiscalité ont les plus grandes difficultés à aboutir.

Le nouveau président est confronté à une forte mobilisation sociale. Tout en refusant d'augmenter le salaire minimum pour ne pas alimenter l'inflation, Cardoso montre qu'il veut réduire les inégalités du pays le plus inégalitaire du monde : il lance le programme « Communauté solidaire » et donne le coup d'envoi à une réforme agraire qui doit bénéficier à 280 000 familles en quatre ans. Ces programmes semblent timides face à l'urgence de la situation sociale. La violence urbaine frappe les villes, tandis que dans les campagnes le gouvernement assiste, impuissant, à une dangereuse escalade militaire qui oppose les grands propriétaires aux familles sans terres.

Chrono. : 7/08.

Chili

À nouveau, le Chili se distingue du reste des pays d'Amérique latine par son dynamisme économique. L'« effet Tequila » s'est juste traduit au Chili par un léger tassement de la croissance et une hausse de l'inflation. Les exportations du pays affichent tout au long de l'année une insolente bonne santé.

Ce sont les réformes institutionnelles qui occupent le devant de l'actualité. Les sénateurs désignés sont supprimés, et les élections municipales se font désormais au suffrage direct, ce qui met fin à certaines pratiques héritées de la dictature. Autre héritage de la dictature, le procès de deux généraux accusés d'avoir été les auteurs « intellectuels » de l'assassinat, en 1976, d'Orlando Letelier, membre du gouvernement du président socialiste Salvador Allende. Le procès s'achève le 30 mai par la confirmation d'une double condamnation par la Cour suprême.

Colombie

L'année est dominée par des interrogations sur la survie politique du président Ernesto Samper, accusé d'avoir financé sa campagne électorale avec de l'argent du narcotrafic (scandale des « narcochèques »). Plusieurs personnalités politiques sont affectées par le scandale, et le ministre de la Défense Fernando Botero doit démissionner le 8 août. Mais l'opinion publique, indulgente, continue d'accorder sa confiance au président.

Le pays est toujours l'objet de critiques acerbes de la part des États-Unis, qui estiment que les efforts de lutte contre le trafic de drogue sont encore insuffisants. En réaction, le gouvernement annonce qu'en quelques mois 7 000 policiers ont été renvoyés dans le cadre de la lutte contre la corruption. Mais c'est surtout l'arrestation des frères Rodriguez Orejuela (Gilberto le 9 juin et Miguel le 6 août) qui donne l'occasion à E. Samper de faire valoir sa politique. Elle lui permet en effet d'annoncer la mort du cartel de Cali.

La drogue ne constitue pas seulement un problème social et diplomatique. Le trafic dont elle fait l'objet se confond de plus en plus avec les activités de la guérilla, ce qui complique l'application du « plan de paix » du président. Celui-ci cherche en mai à renouer le dialogue avec l'Armée de libération nationale (ELN), l'Armée populaire de libération (EPL) et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Mais la violence se déchaîne, frappant notamment les guérilleros repentis. Le 16 août, l'état d'urgence est proclamé. La paix civile n'est pas encore au rendez-vous.

Chrono. : 8/06, 6/08, 16/08, 2/11.

La guerre entre l'Équateur et le Pérou

Le différend frontalier qui oppose les deux pays depuis 1941 a dégénéré en guerre ouverte au mois de février.

Le 13 janvier, les Équatoriens protestent contre ce qu'ils appellent une « invasion » péruvienne dans la région amazonienne de la cordillère du Condor. L'objet du différend est une zone frontalière de 78 km qui a déjà fait l'objet d'affrontements entre le Pérou et l'Équateur en 1941 et en 1981. Le président équatorien Sixto Duran Ballen est immédiatement accusé de mollesse par l'opposition. Le ministre de la Défense, le général Gallardo, prend alors l'initiative de l'affrontement.