Dans le domaine politique, en revanche, l'immobilisme est de rigueur. Le congrès du Parti communiste, début février, a insisté sur la libéralisation du marché, proche du modèle chinois, mais a rejeté toute idée de pluralisme politique.

Ouverture

Progressivement, cependant, le Viêt Nam multiplie ses ouvertures sur l'étranger et ses intégrations dans les tribunes internationales. Hanoi a participé à la réunion des pays de l'ASEAN (Association des pays d'Asie du Sud-Est) au mois de juillet et vise maintenant l'intégration à l'organisation mondiale du commerce (WTO, qui doit succéder au GATT). Les échanges de visites se sont multipliés. Le Viêt Nam a cherché cette année a consolider ses relations avec ses voisins, notamment la Chine, avec laquelle subsistent de nombreux sujets de tension, Hanoi redoutant l'hégémonie chinoise dans la région et rivalisant avec Pékin pour l'exploitation et l'occupation des îles Spratly. Les États-Unis ont fait savoir au mois d'octobre que des « progrès tangibles » ont été enregistrés cette année à propos du dossier des MIA (soldats américains disparus pendant la guerre du Viêt Nam), dont Washington exige la solution avant la normalisation des relations diplomatiques avec Hanoi. Restent les domaines des droits de l'homme et des libertés d'expression, qui, pour l'instant, ne connaissent guère d'amélioration.

Cambodge

Un an après le départ des troupes de l'ONU, qui avaient tenté d'imposer pendant plus de dix-huit mois un plan de retour à la paix au Cambodge, le pays sombre de nouveau. Un gouvernement divisé, une administration inefficace, une armée corrompue et démoralisée n'ont pu faire face aux nouvelles offensives des Khmers rouges.

Le gouvernement à deux têtes issu des élections de mai 1993, réunissant le prince Norodom Ranariddh, du parti sihanoukiste, et l'ancien Premier ministre communiste provietnamien Hun Sen, n'a pas acquis de véritable popularité ni réussi à faire adopter des réformes essentielles. L'instabilité continuelle du Cambodge a commencé à lasser les pourvoyeurs d'aide internationale et les investisseurs privés. Profitant de cette absence de développement économique et de la faiblesse de l'armée gouvernementale, le mouvement de guérilla communiste des Khmers rouges, qui avait semé la terreur lors de son passage au pouvoir de 1975 à 1979, opérant un génocide sur plus du tiers de la population, a reconquis un territoire plus important qu'avant le plan de paix.

L'année avait pourtant démarré sur une victoire de l'armée gouvernementale, au mois de février, contre Anlong Veng, l'un des quartiers généraux des Khmers rouges. Mais la guérilla a reconquis sa base en quelques jours et s'est saisie le 19 avril de la ville de Pailin, capitale de l'extraction diamantaire, près de la frontière thaïlandaise, après une débâcle des troupes gouvernementales. Les Khmers rouges n'ont été stoppés qu'aux abords de la ville de Battambang, menaçant pour la première fois aussi sérieusement, depuis 1979, l'une des grandes villes du pays. Plus que la force des Khmers rouges, qui réunissent moins de 10 000 combattants, c'est l'inorganisation et le manque de professionnalisme de l'armée gouvernementale qui semblent à l'origine de ces résultats. L'attaque sur Battambang aurait été lancée par moins de 500 guérilleros affirment les services de renseignements occidentaux. Mais les officiers de l'armée gouvernementale, au lieu de faire face, ont fui leurs postes de commandement pour se réfugier à Phnom Penh. Voyant la panique de leurs officiers, plusieurs milliers de soldats des troupes régulières ont à leur tour abandonné leurs positions. L'un des problèmes de l'armée régulière cambodgienne, estiment les experts militaires étrangers, vient de sa pléthore d'officiers. L'armée réunit les différentes factions politiques (Khmers rouges exceptés), et chacune veut surpasser les autres en nommant une grosse quantité d'officiers, qui sont loin d'avoir les qualifications pour occuper de tels postes. Avec 2 000 généraux et 10 000 colonels pour 140 000 soldats, dont plus de la moitié de « fantômes », l'armée cambodgienne est probablement la plus gradée du monde.