Par ailleurs, les médias tchèques sont presque totalement transformés selon les standards occidentaux : pluralisme d'opinions, entrée en force des capitaux étrangers, notamment allemands, français (Hersant), suisses. L'audiovisuel a gardé, pour partie, ses chaînes publiques, gérées par des établissements dotés de la personnalité juridique, sous le contrôle du Parlement par l'intermédiaire des conseils (inspirés du CSA français). En outre, plusieurs chaînes privées sont entrées en fonctionnement, lancées aussi pour partie par des capitaux étrangers. Un débat s'est alors développé, concernant la limite à instaurer à la participation étrangère dans les médias et la présence de certains « anciens » du régime communiste à la radio et à la télévision.

Les rapports avec la Slovaquie

Les relations difficiles avec la Slovaquie dominent la diplomatie tchèque. Deux points de désaccord sont apparus cette année : la revendication par la Slovaquie du remboursement de sa part de l'« héritage » tchécoslovaque, soit quatre tonnes d'or, et le problème de l'établissement de contrôles au passage de la frontière entre les deux nouveaux États. Après la signature avec l'Allemagne de l'accord sur le renvoi des personnes ayant illégalement émigré, la République tchèque voulait fixer des points de passage et de contrôle standards à sa frontière avec la Slovaquie, franchie l'année dernière par 250 000 candidats à l'émigration vers l'Allemagne. Une solution de compromis est trouvée en juillet par le président Havel : le traité bilatéral permettant aux citoyens des deux pays de traverser la frontière à n'importe quel endroit a été complété par une clause stipulant que les ressortissants étrangers devront passer par un nombre déterminé de points de contrôle, munis d'un visa d'entrée en bonne et due forme.

Le second axe de la politique étrangère de la République tchèque est l'entrée dans la Communauté européenne. Les présidents slovaque et tchèque se promettent de « s'entraider dans le cadre du groupe de Vysehrad pour l'intégration de leurs pays dans les structures européennes ». Il n'y a, en réalité, pas de traitement identique des deux pays : il est en effet communément admis que les plus grandes chances d'intégration sont accordées à la Pologne et à la Hongrie. Par ailleurs, le gouvernement de droite libérale de Vaclav Klaus tendrait davantage à faire entrer seule la République tchèque au « paradis européen », tandis que la Hongrie et la Pologne tiennent plutôt à raisonner dans le cadre tripartite (ou désormais quadrangulaire ?). Les rapports tchéco-slovaques restent donc non éclaircis.

République slovaque

Ce nouvel État compte, sur 43 039 km2, 5,3 millions d'habitants, dont 85,6 % sont slovaques, 10,8 % hongrois, 1 % tchèques, et de 1 à 7 % selon les estimations, tsiganes.

Le président de la République, Michal Kovac, élu en février, n'a qu'un rôle mineur aux côtés du Premier ministre Vladimir Meciar, leader du Mouvement pour une Slovaquie démocratique (HZDS), qui avait obtenu 35 % des voix aux élections de juin 1992. Vladimir Meciar est un ancien dirigeant des jeunesses communistes, qui a passé un an à Moscou en 1967. Sa nomination ne fait pas l'unanimité, surtout après sa déclaration du 3 septembre, « les Tsiganes constituent une population socialement inadaptée et mentalement arriérée », qui provoque de nombreuses protestations : Simon Wiesenthal, à Vienne, demande alors au Conseil de l'Europe de refuser d'admettre la Slovaquie tant que Vladimir Meciar serait Premier ministre. Or, comme les autres pays de la région, la Slovaquie est extrêmement favorable à une intégration dans la Communauté européenne, même si une tendance « néoslavophile » se développe, cherchant l'avenir du pays dans une entente avec les États slaves de l'Est, l'Ukraine et la Russie.

Les difficultés de la transition économique

L'économie du pays reste encore liée à la République tchèque par l'union douanière, même si l'union monétaire a pris fin le 8 février 1993. Le discours du Premier ministre sur l'abandon du modèle « klausien » (tchèque) et sa vision d'une Slovaquie ni capitaliste ni socialiste ne font que masquer l'acheminement vers une économie de marché : la Slovaquie est l'un des pays les plus avancés, avec la Hongrie, dans le processus de transition.