Après les distributeurs bancaires qui consignent les transactions, les tickets des péages, les terminaux points de vente, les caméras de surveillance qui filment rues et couloirs... ces nouveaux systèmes de suivi des faits et gestes du citoyen préoccupent la Commission nationale informatique et libertés (CNIL). L'été dernier, « l'affaire » des horaires de déplacement d'un ancien ministre, dans le cadre de l'enquête sur l'affaire « OM-Valenciennes », a mis en relief ces problèmes, notamment à travers des relevés de tickets de péage d'autoroutes. « Big Brother » est partout !

De l'ordinateur personnel au PDA

Le micro-ordinateur évolue vers un objet portable. Appelé PDA (Personal Digital Assistant), ce « communicateur de poche » est à la fois terminal d'écriture, téléphone, fax, micro... Les constructeurs touchés par la crise s'associent pour développer en commun les technologies « communiquantes » de leurs nouveaux produits. Le premier Macintosh d'Apple Computer entièrement compatible avec les PC d'IBM a été lancé en novembre. L'Italien Olivetti s'est associé à la société EO Computer, créée par ATT pour développer des ordinateurs sans clavier. Siemens commercialise en Europe un nouveau terminal téléphonique fondé sur le micro sans clavier Newton d'Apple. Autre exemple, General Magic, née à l'initiative d'un autre transfuge d'Apple, avec l'appui financier de six grands acteurs de l'électronique mondiale : Apple, ATT, Matsushita, Motorola, Philips et Sony. Elle a mis au point Telescript, un langage commun de communication pour les appareils numériques de ces constructeurs. Les premiers appareils, fabriqués en série par Sony et Motorola, seront commercialisés au début de l'année 1994. Ils utiliseront ce langage basé sur des « agents intelligents », messages informatiques qui accompagnent les données envoyées sur le réseau pour les activer au moment choisi. Parmi les possibilités de ce « communicateur » de poche : contact et confirmation téléphonique des rendez-vous, recherche d'horaires ou de documents, réservation de billets de voyage ou de spectacles...

Téléphone : la fin du monopole

N'importe quel opérateur privé pourra ouvrir une ligne téléphonique, par exemple entre deux grandes villes. C'est une décision des douze ministres des Télécommunications, qui ont entériné en juin l'ouverture de leurs marchés. Cette remise en cause de l'un des plus anciens dogmes français – le monopole des PTT – portera seulement sur les services et non sur les infrastructures, qui resteront sous monopole. Pour la mise en application, il faudra attendre le 1er janvier 1998. Seule la Grande-Bretagne connaît actuellement cette situation libérale avec ses deux opérateurs : British Telecoms et Mercury. L'abandon des souverainetés nationales est un grand pas vers l'internationalisation des réseaux et des banques de données.

La télévision sur les lignes PTT

Bell Atlantic, une « Baby Bell » (nom des huit compagnies américaines régionales de télécommunications issues du démantèlement d'ATT), a mis au point un nouveau procédé de compression des données pour transmettre les images sur les lignes téléphoniques. Elle entend concurrencer les réseaux câblés de télévision. Le Bell Core, centre commun de R&D en télécommunications des « Babies », expérimente le procédé dans des foyers pilotes américains.

Une norme pour le magnétoscope numérique

Les dix plus grands constructeurs d'électronique mondiaux (Hitachi, Matsushita, Mitsubishi, Philips, Sanyo, Sharp, Sony, Thomson, Toshiba, Victor) se sont alliés pour définir d'ici à deux ans une norme commune mondiale proposée à la Commission d'électronique internationale. Il s'agit d'éviter la situation des années 1970, qui avaient vu l'affrontement de trois procédés : Betamax, V2000 et le VHS, le seul à s'être imposé bien que de moins bonne qualité. Prochaine étape, l'interface du magnétoscope numérique avec les normes de diffusion haute définition actuellement à l'étude.

Impasse pour la TVHD européenne

Les Douze ont adopté en juin un « plan d'action » pour développer la diffusion de programmes de télévision au format « panoramique » (16/9 contre l'écran 3/4 actuel), quel que soit le mode de diffusion : hertzien, satellite, câble... Les chaînes de télévision bénéficieront d'aides publiques (représentant au total 1,5 milliard de francs) à condition de diffuser plus de 50 heures de programmes en 16/9 par an. En fait, avec l'abandon de la norme analogique D2 Mac, les Européens ont perdu cette année la bataille de la TVHD. Malgré les téléviseurs D2Mac commercialisés par Philips et Thomson (50 000 appareils en Europe, dont 15 000 en France), les chaînes, notamment Canal Plus, n'ont pas suivi... Des investissements qui ont représenté 11 milliards de francs ! L'Europe s'est fait coiffer au poteau par les Américains, qui, sous la pression des groupes industriels, ont réussi à imposer le système numérique, qui privilégie le nombre de canaux reçus au détriment de la qualité technique de l'image. Un GATT audiovisuel...

Claude Gelé
Journaliste scientifique