Ce nouveau scandale, qui a suscité dans l'opinion publique un mécontentement certain et qui a, certes, entamé l'image du parti conservateur, n'a pas pour autant conduit à un rejet de celui-ci : en juillet, le parti libéral démocrate remportait les élections sénatoriales, sans toutefois parvenir à regagner la majorité qu'il avait perdue en 1989. Une victoire par défaut, en quelque sorte, due en grande partie à la division des forces d'opposition.

Scandale Sagawa Kyubin

Cette entreprise de transports rapides, dont le siège est à Kyoto et qui emploie 20 000 personnes, est au centre de malversations s'élevant à 528 milliards de yens (soit 21,2 milliards de francs). Rétribuant grassement des passe-droits que lui obtenaient des politiciens de la majorité comme de l'opposition, le président de la succursale à Tokyo de Sagawa Kyubin, M. Watanabe (arrêté) entretenait aussi des liens avec la pègre. Il servit notamment d'intermédiaire à M. Kanemaru pour entrer en contact avec le chef du second syndicat du crime du Japon, Inagawa-kai, afin de faire cesser le chantage qu'exerçait un groupuscule d'extrême droite lié à la pègre sur M. Takeshita, à la veille de l'accession de celui-ci au poste de Premier ministre.

Les Japonais et la politique

Selon un sondage de l'Asahi Shimbun (novembre 1992), près de 81 % des Japonais ne font pas confiance à la classe politique. Dans les sujets que le Parlement devrait aborder prioritairement, 46 % citent la réforme politique. Enfin, 62 % réclament la dissolution de la Chambre des députés et la tenue d'élections générales anticipées.

Chrono. : 9/01, 15/06, 10/08, 9/09, 23/10, 11/12.

Endymion Wilkinson, le Japon face à l'Occident, éditions Complexes, 1991.
Benjamin Coriat, Penser à l'envers, travail et organisation dans l'entreprise japonaise, Christian Bourgois éditeur, 1991.

Philippe Pons
Journaliste, correspondant du Monde au Japon