Inde et Pakistan

Inde

Désigné le 21 juin 1991 pour succéder à Rajiv Gandhi assassiné, Narasimha Rao engage une redéfinition de la diplomatie et de la politique économique indiennes, quasiment figées depuis le temps de Nehru.

Pour ce faire, le nouveau Premier ministre bénéficie d'atouts importants : il ne s'identifie à aucune des différentes factions du parti du Congrès et peut donc se placer au-dessus de la mêlée, et il sait profiter de l'essoufflement de l'opposition (notamment du Janata Dal), comme de sa popularité auprès de l'opinion (grâce à sa réputation d'hindou traditionnel). Ce fragile septuagénaire a surpris en se dégageant vite de la tutelle du clan Nehru-Gandhi, dont il fut toujours très proche, et en affermissant progressivement son autorité. Il a réussi à restructurer l'appareil du Congrès et à résister à la surenchère religieuse du Parti du peuple hindou (BJP). Ainsi, il oblige celui-ci à renoncer, en juillet, à la construction d'un temple au nord-est du pays, à la place d'une très ancienne mosquée.

Inde

Amnesty International dénonce dans son dernier rapport l'usage répété de la torture, responsable de la mort de centaines, voire de milliers de personnes, dans un pays qui se targue d'être « la plus grande démocratie du monde ».

Problèmes de castes

La Cour suprême indienne décide le 16 novembre de réserver 27 % des postes à pourvoir dans la fonction publique aux « basses castes » (qui représentent près de 45 % de la population), ce qui multiplie les inquiétudes des élites. À terme, c'est près de la moitié des fonctionnaires de l'État qui devraient être recrutés parmi les couches les moins favorisées de la population.

Le revirement diplomatique

Après le désarroi causé par la désagrégation de l'URSS, son principal allié et second partenaire économique après la CEE, l'Inde choisit une nouvelle voie, et en particulier, de se rapprocher des États-Unis. Même si les sujets de friction restent nombreux entre Washington et New Dehli (refus indien de signer le traité de non-prolifération nucléaire), l'Inde se rapproche incontestablement de son ancien adversaire : « Nous sommes décidés à prendre le monde tel qu'il est. Les théologies du passé, c'est fini », déclare le ministre des Affaires étrangères. Des manœuvres navales communes ont donc lieu dans l'océan Indien, l'Inde normalise ses relations avec Israël (ce qui traduit aussi son désintérêt croissant envers le non-alignement dont elle était pourtant le pilier le plus solide).

Le libéralisme économique

Narasimha Rao adopte à son arrivée un vaste programme de dérégulation et de libéralisation : convertibilité partielle de la roupie, réduction des droits de douane, privatisations... Il déclare ainsi que le rôle de l'État doit « diminuer progressivement dans les domaines économique et commercial ». Ce credo libéral lui attire les faveurs de la Banque mondiale qui lui accorde en juin 1992, avec sept pays donateurs, une aide de 7,2 milliards de dollars afin de soutenir les « réformes économiques et les efforts de libéralisation » engagés par le pays. Depuis le printemps 1992, les progrès sont sensibles : l'inflation tombe à 7,5 % (contre 16,8 % en 1991), la production redémarre (+ 4 % à la mi-1992), les exportations remontent à 9 % après une baisse en 1991-1992. Toutefois, les décisions tardent à s'appliquer concrètement et les scandales financiers (tel celui de la banque de Bombay) ne contribuent pas à asseoir l'autorité fragile du gouvernement.

La faim en Inde : selon les estimations de la Banque mondiale et de l'UNICEF, et même si l'Inde, grâce à la révolution verte, a franchi le cap de l'autosuffisance alimentaire, près d'un tiers de la population souffre de la faim en 1992 (soit de 250 à 300 millions de personnes).

Népal

Girja Koirala, Premier ministre depuis avril 1992 : « Il n'y a rien de plus horrible que d'être Premier ministre d'un pays misérable où les gens attendaient tant de choses de l'ère postrévolutionnaire. Mais que pouvons-nous faire ? Notre économie est en ruine. »

Sur le plan intérieur

Sur le plan intérieur, les évolutions sont moins nettes : l'Inde reste confrontée à la persistance des séparatismes. Les relations entre le centre et les marges (Pendjab, Assam et Cachemire) demeurent conflictuelles, d'autant plus qu'au problème politique s'ajoutent les disparités économiques et sociales régionales.