Après de longues tractations, Cyrus Vance et David Owen, coprésidents de la Conférence internationale de Genève ayant pour objet l'ex-Yougoslavie, présentent le 27 octobre un projet de Constitution pour la Bosnie-Herzégovine qui, tout en excluant un découpage ethnique, propose que cet État soit doté d'un pouvoir central et soit composé de sept à dix provinces autonomes, souveraines en matière d'économie, de police, d'éducation, de culture et d'impôt. La délégation des Serbes bosniaques s'y oppose, préférant un partage en trois États ethniques. Pour les porte-parole serbes, « les Serbes et les Croates devraient décider entre eux quels territoires ils acceptent de rendre aux Musulmans, une fois les hostilités terminées. » Mais, entre-temps, les Serbes progressent sur le terrain et des centaines de milliers de Musulmans sont forcés de s'exiler.

En octobre, les Églises catholique (croate) et orthodoxe (serbe) lancent un appel urgent aux populations pour qu'elles mettent fin aux actes de violence et qu'elles s'opposent à l'effusion de sang. Sans succès.

La situation en Bosnie-Herzégovine n'est cependant pas la seule question importante liée à la décomposition de l'ancienne Yougoslavie.

Le Kosovo

Le Kosovo, région autonome de la République serbe, peuplé à 90 % d'Albanais, se trouve soumis à une pression insoutenable des autorités serbes. Ce territoire est en effet le berceau de l'ancienne Serbie et la terre sainte de la religion orthodoxe serbe. Actuellement, le pouvoir serbe est intraitable, allant jusqu'à la suppression de la presse et de la radiotélévision albanaises, dont le niveau d'information et de liberté était jusqu'alors élevé.

Les Albanais de souche au Kosovo votent aux élections organisées dans une semi-clandestinité, malgré l'opposition des autorités de Belgrade. Ibrahim Rugova, âgé de 46 ans et leader de la Ligue démocratique du Kosovo, est élu président. Il lutte pour la reconnaissance de la province autonome du Kosovo comme État indépendant.

La Voïvodine

Autre situation porteuse de menace : celle des 600 000 Hongrois vivant dans la région autonome de Voïvodine, où les Serbes, y compris ceux qui se sont enfuis de Croatie et de Bosnie, considèrent cette minorité hongroise comme un danger pour l'État.

La Macédoine

Se pose, enfin, le problème de la Macédoine, habitée en partie par des Albanais, mais où la question du caractère national des Macédoniens – sont-ils yougoslaves ou sont-ils bulgares ? – se dispute toujours, et dont le nom hellénique attire les critiques de la Grèce. À cause de cela, la Macédoine indépendante n'est toujours pas reconnue par la Communauté internationale, en dépit des recommandations de la commission de la CE présidée par Robert Badinter, en janvier 1992.

La Serbie

À Belgrade, le rôle dominant appartient à Slobodan Milosevic, malgré l'opposition de nombreux mouvements non communistes mais nationalistes, et les critiques du président Cosic et de son Premier ministre Milan Panic. Finalement, tout au long de cette année, c'est lui qui détient le pouvoir à l'intérieur et à l'extérieur du pays.

Cette domination s'explique notamment par la maîtrise du système des communications par M. Milosevic et son parti. Ils contrôlent la télévision publique, l'agence Tanjug et plusieurs journaux serbes, tout en éliminant ou en limitant les médias de l'opposition (la chaîne de TV Yutel, le journal Oslobodjenie de Sarajevo) ainsi que certains journaux de Belgrade qui tentaient de donner une information plus rigoureuse (Borba, Politika). Les médias se transforment ainsi en instruments de désinformation et de propagande ultranationaliste.

Les élections législatives et présidentielles décidées par le président Dobrica Cosic pour le 20 décembre ont apporté une victoire, nette mais contestée, à Slobodan Milosevic.

La Slovénie

Quant à la Slovénie, reconnue par Belgrade le 13 août, elle est présidée par Milan Kucan et bénéficie du soutien économique de l'Allemagne et de l'Autriche. La Slovénie essaie de se tenir à l'écart des luttes sanglantes en cours dans les autres républiques de l'ex-Yougoslavie.