Les biographies et les essais littéraires se sont signalés par le nombre des ouvrages de qualité, et quelques géants ont dominé la scène : Montaigne, dont on a fêté le quatrième centenaire avec éclat ; Michel Leiris, dont le passionnant Journal a été encensé par la critique ; Simenon, auquel Pierre Assouline a consacré une biographie décapante ; Péguy, le « Mécontemporain » qu'Alain Finkielkraut a lavé du soupçon infamant d'avoir inspiré Vichy ; Léon Daudet, ressuscité par une biographie de François Broche et par la publication de ses souvenirs littéraires et politiques dans la collection « Bouquins ».

Classiques

Enfin, face à la crise de la fiction contemporaine qui ne sait qu'osciller, observait Olivier Mongin dans un article du Monde, entre l'exaltation narcissique de l'individu et la fascination de l'histoire, face, aussi, à l'inflation de livres médiocres, on constate que le public se tourne volontiers vers la redécouverte des classiques, célèbres, méconnus ou oubliés. En l'occurrence, l'éventail est large, qui va des Œuvres complètes de Crébillon fils à celles d'André Hardellet, des romans introuvables du philosophe André Boutang (réédités aux éditions de La Différence) au Journal inédit de Drieu La Rochelle, en passant par Charles Nodier (Souvenirs de jeunesse), le marquis de Custine (Souvenirs et voyages) et Isabelle de Charrière (les admirables Lettres à Constant d'Hermenches). Consciente de ce phénomène, l'édition a multiplié, cette année, les collections permettant à un prix réduit les plaisirs de l'exploration du « fonds ancien ». Le lecteur a eu le choix entre la très médiatique « Bibliothèque » de Bernard Fixot, qui veut offrir à un public peu habitué à lire « la littérature en baskets », autrement dit les grands classiques raccourcis à la manière de Procuste, et les très raffinés « École des Lettres » au Seuil et « Cabinet des Lettrés » aux éditions Le Promeneur.

Bruno de Cessole