Journal de l'année Édition 1993 1993Éd. 1993

La station orbitale Mir, dont l'exploitation se poursuit, est ravitaillée, durant l'année, par quatre vaisseaux automatiques Progress, et accueille, en hôtes payants, deux cosmonautes étrangers : l'Allemand Klaus Dietrich Flade, cinquième Allemand envoyé dans l'espace, et le Français Michel Tognini, troisième spationaute français à voler, qui effectue, du 27 juillet au 10 août, un vol spatial de 14 jours (dont 12 à bord de la station Mir) dans le cadre de la mission Antarès permettant l'exécution de 10 expériences concernant la médecine, la physique et la technologie. Pour économiser le coût d'une relève d'équipage, le cosmonaute russe Sergueï Krikalev aura finalement séjourné plus de 10 mois dans l'espace alors que sa mission était initialement prévue pour 4 mois. Lancé le 18 mai 1991 du cosmodrome de Baïkonour, alors en URSS, il revient le 25 mars 1992 (en compagnie de son compatriote Alexandre Volkov) dans la steppe kazakhe, devenue entre-temps propriété de la république indépendante du Kazakhstan. Avec un séjour de près de 322 jours dans l'espace, il ne bat pas le record établi en 1988 par V. Titov et M. Manarov (366 jours), mais établit néanmoins un nouveau record du monde de travail dans l'espace avec sept sorties extravéhiculaires d'une durée totale de 36 h 25 min.

Alors que la seule mission de collaboration avec les États-Unis, dans le domaine des vols habités, avait été, en 1975, le vol Apollo-Soyouz, resté sans lendemain, les présidents G. Bush et B. Eltsine signent, en juin, à Washington, plusieurs documents qui relancent cette coopération sur de nouvelles bases. Des études sont à présent engagées concernant l'utilisation éventuelle de la capsule récupérable russe Soyouz TM comme vaisseau de sauvetage des astronautes de la future station spatiale Freedom de la NASA ; d'autres études ont pour objet d'évaluer les possibilités de compatibilité des systèmes de rendez-vous et d'amarrage spatial russes et américains, ainsi que l'utilisation de la station Mir pour des expériences médicales de longue durée. Le vol d'astronautes américains à bord de la station Mir et de cosmonautes russes dans la navette américaine, ainsi qu'un rendez-vous entre Mir et un orbiteur américain sont également prévus.

À la baisse

En Europe, on affiche une grande satisfaction après le succès des 7 lancements de fusées Ariane effectués au cours de l'année, grâce auxquels ont été placés sur orbite 9 satellites géostationnaires de télécommunications, 2 microsatellites de 50 kg (l'un coréen, l'autre français) et, le 11 août, le satellite franco-américain d'océanographie spatiale Topex-Poséidon destiné, depuis une altitude de 1 330 km, à mesurer le niveau des océans et ses variations avec une précision de 2 cm seulement, afin d'étudier la circulation océanique mondiale pour améliorer la compréhension de l'évolution du climat. Au total, 54 fusées Ariane ont été lancées depuis le tir inaugural du 24 décembre 1979, et l'année 1992 s'achève après dix-neuf vols réussis consécutifs, tandis que 31 commandes de lancement restent à honorer d'ici à la fin de 1995, pour un montant de l'ordre de 14 milliards de francs.

Très attendu, le 5e Conseil de l'Agence spatiale européenne (ESA), au niveau des ministres chargés de l'Espace, se tient à Grenade, en Espagne, les 9 et 10 novembre, pour définir le nouveau plan spatial européen à long terme. Un an auparavant, à Munich, les ministres européens avaient décidé, au vu des bouleversements politiques intervenus dans les pays de l'Est et des difficultés budgétaires de certains États membres (notamment l'Allemagne, confrontée aux problèmes liés à sa réunification), de revoir le plan spatial élaboré en 1987 à La Haye, afin d'en diminuer le coût et d'élargir la coopération internationale. Ces orientations sont confirmées à Grenade : si la poursuite du développement du lanceur lourd Ariane 5 est confirmée (le premier vol de ce nouveau lanceur restant prévu pour 1996), ainsi que la participation à la station Freedom par la fourniture d'un laboratoire attaché (vers la fin du siècle), le projet de laboratoire autonome Columbus est, en revanche, abandonné, et le programme d'avion spatial Hermes subit une phase de réorientation de trois ans, destinée à étudier plus avant la possibilité de réaliser un véhicule de ce type en coopération avec la CEI (en vue de la desserte d'une future station orbitale russe Mir 2). La priorité étant désormais accordée à l'observation de la Terre plutôt qu'aux vols habités, la réalisation d'un grand programme de satellites d'observation de la Terre en orbite polaire est décidée, pour succéder au programme actuel ERS : une première mission, Envisat 1, consacrée à l'étude de la physico-chimie de l'atmosphère, sera lancée vers 1998 ; elle sera suivie d'une mission d'observation météorologique opérationnelle, Metop 1. En appui de ces plates-formes d'observation de la Terre en orbite polaire sera développé un système de satellites géostationnaires de transmission de données (DRS).