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Église catholique

On a parfois surnommé Jean-Paul II « l'Africain » ; il semble, en tout cas, que le pape soit davantage « chez lui » en Afrique, où les Églises locales vivent une espèce de Pentecôte, que dans l'Europe sécularisée ou dans l'Amérique déchirée par la théologie de la libération.

Au cours de l'année 1990, Jean-Paul II a en effet visité certaines Églises africaines pour la cinquième et sixième fois : du 25 janvier au 1er février, il parcourt le Sahel : Guinée-Bissau, Mali, Burkina-Faso (où il s'était déjà rendu en 1980) et Tchad. Il y appelle à un dialogue fort entre chrétiens et musulmans, et pose les jalons d'un synode africain qui devra étudier les problèmes et les perspectives de l'évangélisation et du renouveau ecclésial en Afrique. Dans ses discours, le pape invite constamment les « peuples du Nord » à un « examen de conscience » devant la misère du tiers-monde.

Ce thème est encore repris en septembre (du 1er au 10), lorsque le souverain pontife se rend en Afrique orientale (Tanzanie) et dans l'Afrique des grands lacs (Ruanda, Burundi). À cette occasion, il insiste sur les deux défis majeurs du continent : l'afflux des réfugiés chassés par les guerres internes ; le sida, véritable plaie d'un continent qui connaissait déjà maintes formes de misère. Le voyage africain du pape se termine le 10 septembre à Yamoussoukro (Côte-d'Ivoire), où Jean-Paul II, malgré les objections de ceux qui soulignent le contraste existant entre la pauvreté de la population et la somptuosité du monument, consacre l'église Notre-Dame-de-la-Paix, réplique africaine de Saint-Pierre de Rome.

Du 6 au 12 mai, le pape est au Mexique, où il trouve un épiscopat divisé sur l'application que l'Église doit faire de « l'option préférentielle pour les pauvres », tellement nombreux dans ce pays. Et puis, le pape espère que son voyage va accentuer la détente dans les relations ; depuis longtemps difficiles, entre l'Église et l'État mexicain, résolument laïque. Comme il le fait chaque fois qu'il est en Amérique latine, le souverain pontife stigmatise les idéologies, notamment le marxisme qui, selon lui, altère la pureté de la théologie de la libération.

À Malte, qu'il visite les 26 et 27 mai, le pape présente l'île comme un bon exemple de symbiose entre les cultures européennes et méditerranéennes.

Le pape polonais, dont l'influence et la popularité avaient tant contribué à fortifier, dans son pays natal, la résistance au communisme, ne pouvait pas rester indifférent aux bouleversements de l'Europe de l'Est. On va jusqu'à dire que Jean-Paul II n'est pas seulement un spectateur ou un observateur privilégié de ces bouleversements ; il en serait implicitement l'un des acteurs. Il est certain, en tout cas, que l'effondrement des régimes communistes, en Pologne, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, en Bulgarie, en Allemagne, et la perestroïka en URSS permettent à l'Église catholique romaine de réoccuper des positions perdues et de se présenter comme un élément moteur de la rénovation spirituelle des nations libérées du joug communiste. Mieux : elle semble viser à faire de l'Europe réunifiée le bastion d'une foi chrétienne capable d'affronter la modernité d'une société laïcisée. La visite de Jean-Paul II en Tchécoslovaquie, les 21 et 22 avril, s'inscrit dans ce grand dessein ; de même que la restauration de la hiérarchie catholique dans les pays de l'Est européen et le rétablissement des relations diplomatiques entre ces pays et le Vatican.

Un point noir : le problème des uniates de l'Église ukrainienne-catholique, qui est sortie de la clandestinité où Staline l'avait reléguée. En janvier, les représentants de l'Église catholique romaine et ceux de l'Église orthodoxe russe se rencontrent à Moscou, mais les orthodoxes se méfient de la résurrection d'une Église autocéphale ukrainienne qui épouserait au plus près la renaissance nationaliste en Ukraine. Ils réclament donc l'arbitrage − en tout état de cause délicat − du Vatican. En attendant une solution définitive, Jean-Paul II, le 25 octobre, rend public le premier droit canon promulgué par Rome pour les Églises catholiques de rite oriental.