L'intelligence artificielle

Les concepteurs de machines intelligentes ont aujourd'hui comme objectif principal l'imitation des comportements humains pour mieux aider l'homme. Mais son cerveau est en même temps le modèle qui sert à ces brillants fabricants d'avenir.

À partir de 12 000 blocs de pierre et fragments de sculptures provenant de fouilles archéologiques effectuées autour de Karnak, une équipe d'égyptologues et d'informaticiens de la Fondation Électricité de France a pu reconstituer en images électroniques de synthèse l'architecture de l'un des temples du célèbre site de la haute vallée du Nil. Pour mener à bien ce « puzzle » géant, identifier et ordonnancer ces éléments, ses membres ont utilisé un outil informatique issu des techniques de l'intelligence artificielle : un système-expert, logiciel capable de modéliser les connaissances actuelles des spécialistes en archéologie égyptienne.

L'intelligence artificielle (IA) est en effet une « discipline relative au traitement par l'informatique des connaissances et du raisonnement », selon la définition du Journal officiel du 16 septembre 1989. Plus concrètement, l'IA tente de reproduire les comportements humains : apprentissage, prise d'initiatives, faculté de raisonnement, connaissance et perception du monde... Ses grands domaines d'application sont la vision ou la reconnaissance des formes incluant celle de la parole, les interfaces en langue naturelle pour la communication avec les systèmes informatiques, enfin les systèmes-experts.

S'inspirer du cerveau humain

L'application de ces derniers à l'archéologie illustre bien l'étendue des possibilités actuelles de l'IA. Un exemple en a été présenté à l'exposition « Mémoires d'Égypte » qui marquait, cette année, le bicentenaire de la naissance de Jean-François Champollion, exemple significatif, puisque l'intelligence artificielle d'aujourd'hui rejoint l'antique écriture sacrée des pharaons : elle transcrit et formalise des concepts qui ne sont pas de simples données alphanumériques, mais des notations symboliques avec des représentations d'« objets ».

Deux siècles plus tard, dans ce domaine de la reconnaissance des formes, le pas vient d'être franchi et l'IA a trouvé sa première et révolutionnaire application grand public : l'ordinateur sans clavier ! Présenté au Sicob du printemps 1990 par Victor Technologies, ce microportable appelé Gridpad reconnaît l'écriture manuscrite. L'utilisateur écrit directement sur l'écran à cristaux liquides à l'aide d'un crayon électronique ; une seconde plus tard, le texte apparaît imprimé sur l'écran pour vérification et correction. La machine enregistre aussi croquis et plans.

Une telle prouesse technologique est due aussi à l'utilisation d'un système-expert de reconnaissance des formes intégré à ce micro-ordinateur. Il a été mis au point par Jeff Hawkins, chercheur américain spécialiste de l'IA et des architectures neuronales, c'est-à-dire des ordinateurs constitués de réseaux de processeurs très interconnectés. Le fonctionnement de telles machines qui effectuent des tâches en parallèle s'inspire de celui de notre cerveau. Il a fallu trois années de recherche à Jeff Hawkins au département des neurosciences de l'université de Berkeley pour écrire l'algorithme de reconnaissance d'écriture et concevoir le réseau neuronal du Gridpad qui, pour l'instant, ne sait lire que les caractères manuscrits en majuscules et les chiffres. Les progrès rapides de l'IA laissent toutefois présager que d'ici à quelques années non seulement les micros, mais aussi les terminaux bancaires ou de contrôle d'accès sauront reconnaître écriture, signature, voix et même empreintes digitales, techniques qui relèvent de la reconnaissance des formes.

La cueillette des pommes

Développée essentiellement pour la bureautique, la lecture optique concerne déjà de nombreux domaines : tri automatique du courrier et de documents administratifs, vérification des feuilles d'impôts, de la qualité d'impression des planches de billets de banque, de la numérotation de ceux de loterie..., mais aussi constitution de bases de données et assistance aux aveugles. En bureautique, on cherche à supprimer la ressaisie des données au clavier, source d'erreurs, par une lecture informatisée à l'aide d'un scanner analysant ligne par ligne des documents normalisés.