Manifestation gigogne, le « Mois de la photo », pour sa cinquième édition, réunit 96 expositions. La plus importante s'intitule « Splendeurs et misères du corps » ; mais il y a aussi les coups de chapeau donnés à des créateurs aussi divers que Brassai, Izis, Georges Rousse et Helmut Newton.

Patrick Roegiers

Architecture

L'intérêt grandissant du public pour l'architecture et l'urbanisme a trouvé, cette année, diverses occasions originales de se manifester.

Après la célébration de la ville en tant que star du 7e art qu'a proposée, avec succès, l'exposition Cités-ciné, il faut retenir la vente aux enchères par Sotheby's d'une maison de Le Corbusier ; à cette occasion, l'œuvre architecturale a été présentée comme un objet d'art autonome doté en tant que tel d'une valeur marchande. On peut également saluer la grande première constituée par l'inauguration du Salon international d'architecture qui s'est tenu à La Villette et au cours duquel les véritables exposants n'auront pas tant été les créateurs que les maîtres d'ouvrage. Cette nouvelle présentation est à rapprocher de la formule inédite (et controversée) du concours pour le parc de Passy, à Paris, qui a opposé des couples maîtres d'œuvres-maîtres d'ouvrage. Toutes ces manifestations accompagnent et illustrent le renouveau amorcé au début des années 1980 par l'architecture française, qui, à l'horizon du marché unique européen, opère un heureux repositionnement sur l'échelon international.

En 1988, Oscar Niemeyer a partagé le Pritzker Price avec Gordon Bunshaft : gloire aux bons vieux modernes ! Année Nouvel en France : l'architecte de l'Institut du monde arabe, déjà couronné par le Grand Prix national d'architecture, a été élu « créateur de l'année 1988 » par le jury international du Salon du meuble. De son côté, François Mitterrand a été nommé membre d'honneur du Royal Institute of British Architects pour son action en faveur de l'architecture (grands travaux). En revanche, les professionnels d'outre-Manche ont moins bien apprécié les prises de position du prince de Galles, parti en guerre contre l'urbanisme moderne. Les stars britanniques de l'architecture « high tech », si sollicitées de par le monde, ne seraient-elles plus prophètes en leur pays ?

Jacques Florent

Archéologie

Bonne année pour l'égyptologie !

L'exploration de la pyramide de Kheops a porté ses fruits. Les chambres secrètes dont l'existence avait été seulement décelée en 1987 ont révélé leurs particularités. Contre toute attente, l'air y avait circulé et des insectes y vivaient. Cependant, les pollens récoltés sont bien d'époque pharaonique et leur étude promet des révélations sur la flore, le climat, les saisons et les inondations du IIe millénaire.

Non loin de la première, deux autres pyramides ont apparu, détectées par les prospections magnétiques et électriques et dégagées des sables désertiques. Construites au temps du pharaon Pépi Ier (IIIe millénaire), consacrées à deux reines, de dimensions modestes et en médiocre état, elles ont de fortes chances de receler des chambres secrètes dotées d'un mobilier archéologique.

C'est presque une affaire d'État qui est née de la chute d'un morceau d'épaule du grand sphinx de Gizeh, le 7 février. À cette occasion, les querelles entre autorités ont fait renaître les inquiétudes relatives à la montée de la nappe phréatique, susceptible de provoquer inopinément l'effondrement du colosse. Les sites archéologiques ainsi menacés par les infiltrations sont nombreux dans le monde : l'exhumation des monuments perturbe les conditions jusque-là favorables de leur conservation et des travaux s'imposent de plus en plus.

L'aboutissement de la guerre d'Afghanistan donne un exemple assez classique des vicissitudes des butins archéologiques : les camions de l'Armée rouge en retraite emportent une partie du trésor de Telatapa (Tilya Tepe), des milliers de pièces d'orfèvrerie mises au jour en 1978-79 et quasiment inconnues.

Les travaux de fouilles ont donné des résultats remarquables en Europe et en Amérique. À Sipàn, au nord du Pérou, on a découvert une nécropole de la civilisation mochica, qui précéda celle des Incas. Des huaqueros, pilleurs de tombes, avaient détecté la présence du site et procédé à leurs fouilles. L'arrivée sur le marché d'un nombre inhabituel d'antiquités de valeur attira l'attention des autorités. La plus remarquable des tombes avait échappé aux clandestins. Les archéologues trouvèrent les restes d'un chef enterré avec son chien, sa femme et ses serviteurs, entourés par un ensemble exceptionnel d'objets d'or massif : couronne, poignard, colliers, bracelets, clochettes, et un bijou, minuscule statuette de chef de guerre flanqué de deux soldats, en or et turquoises. À cela s'ajoutent un millier de poteries typiques. À l'autre extrémité du Pérou, près de Cuzco, dans le secteur de la forteresse de Sacsayhuaman, la momie d'un autre chef, un Inca, a été déterrée. Elle était environnée des tombes des guerriers de ce chef et pourvue d'un pectoral d'or et de bronze décoré d'un soleil, d'une grande oreille, de félins et d'une vipère à deux têtes.