En attendant l'assaut, l'Europe engrange les bénéfices, revient en Amérique latine, via VW et Ford dans Autolatina ; Peugeot a de nouveau des projets africains et, si Fiat a perdu son P-DG, Vittorio Ghidella, qui a claqué la porte des frères Agnelli pour incompatibilité d'opinion sur la stratégie mondiale, les bénéfices recueillis sont considérables. Voiture de l'année, la Fiat Tipo va concurrencer la Golf et exacerber la concurrence. Finalement, c'est celle-ci qui protège le mieux l'Europe automobile en l'obligeant à concevoir des produits toujours plus performants. En passe de rattraper, grâce au flux tendu (ou absence de stock), les bas prix de revient japonais, elle peut mieux se défendre. Il reste qu'elle demeure le marché le plus accueillant, le plus stable, le plus riche, le plus facile à développer compte tenu du boom économique de l'Europe du Sud ! Tant de qualités font que Japonais et Américains (ces derniers déjà très présents) ne lâcheront pas facilement le marché. Renault et VW ayant été évincés des États-Unis, la guerre se déroulera chez nous... Nous avons une chance de réussir, sans doute, comme les Américains, au prix d'une perte de pénétration dans notre propre marché. Se posera alors le problème de la survie du (trop) nombreux constructeur. Nous n'en sommes pas encore là, mais 1988 aura vraiment été l'année charnière de la bataille.

Jean-Pierre Gosselin
Rédacteur en chef adjoint et chargé du produit à Auto Hebdo, Jean-Pierre Gosselin est aussi rédacteur en chef de la revue le Pneumatique et chroniqueur à France Infos. Il est l'auteur de nombreux livres sur la technique et le sport automobiles (Hachette, Solar).