Le fruit de ces recherches est exposé et discuté dans le cadre d'un vaste colloque organisé du 22 juin au 12 septembre par le CNRS sur le thème général Hugues Capet (987-1987)la France de l'An mil. Son originalité est double. D'une part, les organisateurs mettent à la disposition des participants des instruments de travail collectifs publiés respectivement sous la direction de Michel Parisse (Atlas de la France de l'An mil, CNRS) et de Xavier Barral i Altet (Paysage monumental de la France, Picard, 1987), qui précisent le cadre géographique et artistique de la Francia occidentalis à l'avènement de la nouvelle dynastie. D'autre part, l'itinérance des débats permet de traiter chacun des thèmes particuliers dans le cadre le mieux adapté pour l'aborder : grandes villes de la France royale ou de ses marges, lotharingienne ou hispanique. Ouverte dans la capitale de l'ancien royaume, à Paris, au siège même du CNRS du 22 au 24 juin par une étude de la famille capétienne et du pouvoir royal, la discussion se poursuit le 25 juin à Senlis sur le thème du « paysage monumental », se prolonge le 26 et le 27 à Auxerre sur celui des idéaux et du souvenir capétiens. Elle rebondit du 3 au 5 juillet à Barcelone sur les questions posées par l'unité ou la diversité linguistiques et culturelles des Midis. Enfin, elle s'achève les 11 et 12 septembre à Metz, où est discutée la situation de la Lotharingie, écartelée entre les Capétiens et les Ottoniens.

Des tables rondes ont suivi les conférences, où les différents aspects du pouvoir royal, ses rapports avec les régions et les hommes firent l'objet de discussions dont les actes seront bientôt publiés.

Des colloques régionaux prolongent les initiatives du CNRS sur des thèmes aussi divers et particuliers que Pouvoirs et Libertés (université de Picardie), les Robertiens-Capétiens et la Picardie de l'an mil au xxe siècle (Compiègne, 30 et 31 mai), la Royauté capétienne et la Normandie (Rouen, 16 et 17 octobre), le Mécénat capétien (Nice, 4 et 5 décembre).

À ceux qui n'ont pu assister à ces réunions scientifiques, historiens spécialistes ou non, offrent leur vision du roi et de son temps, à moins qu'ils ne nous livrent leur méditation sur le rôle de la dynastie et les sources de son pouvoir. Au grand public, Georges Bordonove a présenté un Hugues Capet, le fondateur (Pygmalion, 1986), qui embrasse deux siècles d'histoire à l'échelle eurasiatique, ce qui souligne la difficulté qu'a éprouvée l'auteur à surmonter l'obstacle majeur auquel est confronté tout historien de ce monarque : l'insuffisance du matériel documentaire. Pour contourner cette difficulté, Edmond Pognon tente de saisir de l'intérieur l'évolution psychologique du souverain, auquel il consacre un Hugues Capet, qui t'a fait roi ? (Stock, 1987), fort subtil à défaut de pouvoir être concret. En effet, l'auteur attribue l'avènement de ce monarque à son désintérêt pour la Lorraine et à son amitié pour Otton II, qui auraient eu pour corollaire l'appui que lui prêtèrent Adalbéron et Gerbert de Reims. Accordant moins d'importance à l'intuition qu'au document, Yves Sassier publie un Hugues Capet, naissance d'une dynastie (Fayard, 1987), qui précise les titres et les biens personnels du souverain ainsi que la conception de la royauté que se font Abbon de Fleury et Adalbéron de Laon. Malheureusement, il en résulte une meilleure connaissance des intrigues de l'entourage royal que de la personne même du monarque. Enfin, disposant de l'abondante correspondance de Gerbert d'Aurillac, le pape de l'an mil (Fayard, 1987), Pierre Riché approfondit la connaissance du monde culturel au xe siècle finissant, dominé par la personne de l'ancien écolâtre, puis archevêque de Reims.

Si les fêtes sont inspirées par l'ensemble de la dynastie, un seul ouvrage fait le point sur le Miracle capétien : celui dont Stéphane Rials a dirigé la publication à la Librairie académique Perrin en 1987, mais qui est également collectif. C'est dire qu'aucun auteur n'a repris, seul, la vaste réflexion, déjà ancienne, de Robert Fawtier sur les Capétiens et la France (PUF, 1942). C'est là pourtant le premier point d'interrogation du millénaire capétien, auquel le recueil des études de Robert Fawtier et de Jeanne Fawtier-Stone, Autour de la France capétienne : personnages et institutions, paraît devoir donner une première réponse (Londres, Variorum Reprints, 1987).

Les origines des Capétiens

Mille ans se sont donc écoulés depuis le jour où Hugues, duc des Francs, est devenu roi de France. Son règne devait durer neuf ans. Ce prince n'était pas le premier de sa famille à recevoir la couronne : son grand-oncle Eudes (888-898), son grand-père Robert (922-923) et un oncle par alliance, Raoul (923-936), avaient déjà été investis de ce ministère, tandis que la dynastie carolingienne conservait jusqu'en 987 sa qualité et ses fonctions royales.