Un deuxième domaine technologique où la révolution amorcée ces dernières années est appelée à s'amplifier et à entraîner de profondes répercussions sur notre société est celui de l'image. Pour le grand public, la course aux images est marquée par la prédominance de la télévision. Avec le développement attendu des chaînes privées et la mise en service de satellites de télédiffusion directe, retransmettant des programmes que l'on peut capter avec une antenne individuelle, l'image est appelée à accroître son emprise. Mais, plus encore, l'art, la science, le travail, les loisirs, les communications vont connaître demain une profonde mutation sous la poussée des images électroniques. Dès à présent, on sait, grâce à l'ordinateur, créer ou reproduire très fidèlement un objet en trois dimensions. Le film Tron, sorti des studios Disney en 1981, a montré les possibilités remarquables de la synthèse d'images appliquée au cinéma. Mais le traitement et la synthèse d'images ouvrent également de nombreuses perspectives dans des secteurs autres que l'audiovisuel : la médecine (radiographie, scanner, échographie, résonance magnétique nucléaire), l'astronomie (caméra à comptage de photons), la robotique (reconnaissance des formes), la cartographie. Le traitement d'images est appelé à devenir un puissant outil d'investigation de la nature, de l'infiniment petit à l'infiniment grand.

Les défis à relever

Parce que la science et la technique ne cessent d'étendre leurs conquêtes, nous admettons de plus en plus difficilement qu'elles puissent être mises en échec. Chaque année, pourtant, elles doivent affronter de nouveaux défis. Les catastrophes naturelles viennent périodiquement nous rappeler les limites de nos connaissances et la fragilité de notre emprise sur la Terre. Dans la nuit du 6 août, à une heure d'intervalle, deux vagues de 2,50 m de haut déferlent sur le littoral camarguais, entre les Saintes-Maries-de-la-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône, balayant tout sur leur passage et pénétrant à 500 m à l'intérieur des terres. Des campings sont dévastés. Les dégâts matériels sont très importants, mais on ne déplore qu'une seule victime. Raz de marée ? Phénomène météorologique ou océanographique ? Les spécialistes chargés d'expliquer la catastrophe avancent des hypothèses contradictoires et rappellent que de tels phénomènes sont totalement imprévisibles... Le 19 septembre, un très violent séisme (de magnitude 7,8 sur l'échelle de Richter) secoue l'ouest et le centre du Mexique, anéantissant plusieurs quartiers de Mexico et faisant des milliers de victimes. Fléau sans parade, bien expliqué a posteriori par la théorie de la tectonique des plaques, mais qui souligne l'impuissance de la science actuelle à prévoir l'amplitude et la localisation d'un séisme... Le 13 novembre, en Colombie, le volcan Nevado del Ruiz, qui culmine à plus de 5 400 m d'altitude, entre brusquement en éruption après 140 ans de sommeil. La chaleur dégagée par cette reprise d'activité fait fondre la glace et la neige de son sommet. En quelques minutes, des flots de boue dévalent ses pentes. Dans la vallée, la ville d'Armero est ensevelie sous une coulée de boue atteignant jusqu'à 7 m d'épaisseur. On compte au total près de 23 000 victimes. Dans les mois précédents, des signes avant-coureurs du réveil du volcan avaient bien été décelés par les spécialistes. Mais nul n'avait prévu l'imminence et l'importance du sinistre...

Encore trop souvent désarmé face aux caprices de la nature, l'homme échoue parfois à maîtriser ses propres réalisations. Ainsi, en matière de transports, l'année 1985 aura-t-elle été une année noire. Coup sur coup, durant l'été, deux catastrophes ferroviaires, à Flaujac et à Argenton-sur-Creuse, viennent mettre à mal la réputation de sécurité de la SNCF. Mais le matériel n'est pas en cause. Il s'agit, dans les deux cas, d'une défaillance humaine qui a pris en défaut les procédures de sécurité en vigueur. En revanche, l'erreur humaine ne peut suffire à expliquer la série de catastrophes aériennes qui a endeuillé l'année, faisant de celle-ci l'une des plus meurtrières pour l'aviation civile depuis vingt ans. Malgré les chiffres qui démontrent que le transport aérien n'a jamais été plus sûr, ni les appareils plus fiables qu'aujourd'hui, il reste nécessaire d'accorder une attention toute particulière à l'usure et à la « fatigue » des avions, pour relever le défi toujours plus complexe de la sécurité. Tel paraît être le principal enseignement à tirer de cette année noire de l'aviation commerciale.

Médecine : les rayons et les ombres

La médecine, pour sa part, se trouve sans cesse confrontée à de nouveaux défis. Sa lutte contre les maladies est une aventure jamais achevée, aux multiples rebondissements. En chirurgie cardiaque, l'expérimentation du cœur artificiel s'est poursuivie, en 1985, avec des fortunes diverses : plusieurs des patients ayant subi une implantation de cette prothèse ont succombé, tandis que les autres étaient victimes d'une série de complications (anémie, congestions cérébrales, insuffisances rénales). Si les recherches se poursuivent en vue de mettre au point le plus rapidement possible un cœur électrique totalement implantable, débarrassé du lourd compresseur des modèles actuels fonctionnant à l'air comprimé, l'implantation d'un cœur artificiel ne peut prétendre dans l'immédiat concurrencer la greffe cardiaque. Elle en apparaît plutôt comme le complément, une telle implantation pouvant s'avérer utile à titre temporaire sur des malades dans l'attente d'une transplantation cardiaque.